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"On travaille jour et nuit" : la course dans les champs de chicorée avant l'interdiction d'un herbicide

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Ce sont deux produits emblématiques du Nord et du Pas-de-Calais : l'endive et la chicorée. Les producteurs sont en plein rush pour semer ce week-end, dernier moment pour utiliser le Bonalan, un herbicide dont le principe actif, la benfluraline, sera interdit en France après le 12 mai.

Martin Lemaire est en train de préparer son terrain à Coulogne. Martin Lemaire est en train de préparer son terrain à Coulogne.
Martin Lemaire est en train de préparer son terrain à Coulogne. © Radio France - Alice Marot

C'est l'effervescence dans les champs du Nord et du Pas-de-Calais ce week-end : les agriculteurs profitent du beau temps pour semer avant le retour des averses la semaine prochaine. Le timing est particulièrement serré pour les producteurs d'endive et de chicorée, deux produits emblématiques de la région : dans quelques jours, ils n'auront plus le droit d'utiliser de Bonalan, produit phytosanitaire à base de benfluraline.

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L'herbicide, qui se pulvérise juste avant les semis, sera interdit en France après ce dimanche 12 mai, sur décision de l'agence européenne de santé qui estime que le produit comporte des risques d'empoisonnement sur les mammifères et les oiseaux qui se nourrissent de vers de terre.

Pour l'instant, il n'y a pas de produit alternatif pour remplacer le Bonalan, même si des recherches sont en cours. Les producteurs se précipitent donc pour pulvériser le produit avant son interdiction et sauver la récolte de cette saison.

Une fenêtre très serrée pour sauver la récolte

Car il faut faire vite. Comme beaucoup, Martin Lemaire, agriculteur à Coulogne, près de Calais, a pris du retard dans les semis à cause des terrains détrempés par la pluie incessante de ces derniers mois. "On a dû attendre que le terrain sèche, donc là on commence seulement à pouvoir faire un travail de qualité", décrit-il face à sa parcelle de 6 hectares.

Les semis, qui commencent normalement à la mi-avril, ne sont toujours pas faits. Une situation très stressante, alors que le Bonalan sera interdit à la fin du week-end, le 12 mai. "On est pris en étau, là c'est la course au travail, on est obligé de commencer plus tôt le matin et de finir plus tard le soir", raconte le jeune agriculteur.

"C'est la course, on travaille jour et nuit, il a beaucoup de stress en ce moment sur toutes nos fermes", renchérit Yannick Delourme, responsable du service agronomique de l'Interprofession de la chicorée de France. Mais la saison sera assurée pour les 250 producteurs de chicorée des Hauts-de-France, selon lui : tous devraient avoir réussi à semer avant dimanche soir, grâce à la météo clémente.

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Craintes pour 2025

Cela ne résout cependant pas le problème à long terme. Sur ses terres du Pas-de-Calais, Martin Lemaire ne peut pour l'instant pas se passer du Bonalan pour faire pousser sa chicorée : "On passe déjà du temps à essayer de nettoyer nos parcelles pour les avoir le plus propre possible. Si on n'a pas le Bonalan, on va avoir beaucoup plus de mauvaises herbes, ce sera un travail quasiment infaisable", explique-t-il.

Le jeune homme, qui travaille avec son père sur l'exploitation familiale, se pose donc des questions sur l'avenir : "Pour l'année prochaine, on n'est pas sûrs du tout de continuer. Personnellement, c'est une culture qui me tient à cœur, c'est une culture locale et emblématique de chez nous, ce serait dommage de la perdre", regrette-il.

À la recherche d'une alternative

Les représentants des filières de la chicorée et de l'endive, confrontée au même problème, en appellent donc au gouvernement pour assurer la récolte de l'année prochaine et pérenniser l'exploitation de ces produits dans la région. "Nous ne sommes pas pour l'utilisation de ces produits phytos, mais nous sommes dans une impasse technique : on ne nous laisse pas le temps de trouver des solutions alternatives", dénonçait sur France Bleu Nord en février Philippe Bréhon, producteur d'endives dans le Béthunois et président de l'Association des producteurs d'endives de France (APEF).

Des recherches sur des produits alternatifs sont en coursInterrogé sur le sujet au Sénat, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau s'était engagé à soutenir les deux filières dans ces recherches : "Des expérimentations seront mises en œuvre dès cette année afin de dégager de nouvelles pistes pour 2025. Par ailleurs, nous accompagnerons l'interprofession dans des programmes de recherche sur ce sujet", a-t-il défendu.

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