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Égalité hommes femmes : les collectivités de Poitiers mettent en place le congé menstruel

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Grand Poitiers, la Ville et le CCAS de Poitiers vont permettre aux agentes du territoire qui le souhaitent de prendre un congé menstruel de deux jours par mois. La mesure est encore très rare en France.

Selon un sondage IFOP, 35% des femmes estiment que les règles ont un impact négatif sur leur travail. Selon un sondage IFOP, 35% des femmes estiment que les règles ont un impact négatif sur leur travail.
Selon un sondage IFOP, 35% des femmes estiment que les règles ont un impact négatif sur leur travail. © Maxppp - Emma BUONCRISTIANI

Alors que l'Assemblée nationale examine ce jeudi 4 avril un projet de loi permettant aux femmes souffrant de règles douloureuses et invalidantes de prendre un congé menstruel, les collectivités de Poitiers annoncent le mettre en place dès cette année. Grand Poitiers, la Ville et le CCAS, qui emploient à elles trois 3.500 agents dont 55% de femmes, parlent d'une "question d'égalité et de santé publique".

Deux jours par mois si besoin

Les agentes qui le souhaitent pourront demander un ou deux jours par mois en fournissant à la médecine du travail un certificat médical. Le certificat devra être renouvelé tous les ans. À la différence d'un arrêt maladie, le congé menstruel ne comprend pas de jour de carence.

"Les femmes ne s'autorisent pas beaucoup cette démarche, elles ont peur que ce soit un énième frein dans leur carrière, elles craignent la réaction de leurs collègues etc., donc il faut qu'on simplifie et qu'on facilite ce congé le plus possible pour qu'elles puissent le prendre", explique Alexandra Duval, élue à la Ville de Poitiers à l'égalité des droits et vice-présidente de Grand Poitiers en charge des solidarités et de la politique de la ville.

Une femme sur dix a un diagnostic d'endométriose

"C'est un enjeu d'égalité. Il y a des moments où on ne peut pas travailler quand on a nos règles. On apprend à vivre avec cette douleur, à faire comme si elle n'existait pas mais elle existe, continue Alexandra Duval. Et il y a tout le reste : ça peut faire baisser la concentration, ça peut être très fatigant, on peut avoir mal à la tête, se sentir mal à l'aise... Moi, il y a un jour par mois où je ne peux pas travailler dans les bonnes conditions. Les règles ne doivent plus être un tabou."

Selon un récent sondage IFOP, 35% des femmes considèrent en effet que les règles ont un impact négatif sur leur travail. Les professionnels de santé estiment également qu'au moins une femme sur dix souffre d'endométriose. Le congé menstruel est déjà en place à la Région Nouvelle-Aquitaine ainsi que dans quelques mairies dont celles de Lyon, Saint-Ouen et Arras.

Un congé ménopause (ou andropause pour les hommes) va aussi être mis en place. La Ville, le CCAS et Grand Poitiers veulent également faire passer le congé paternité de quatre à huit semaines.

De la rénovation des vestiaires... à la réduction des inégalités salariales

L'annonce fait partie du plan "égalité hommes-femmes 2024-2026", qui s'inscrit dans la continuité du premier plan entamé en 2021. Parmi les mesures phares : sensibiliser les agents et agentes aux violences sexistes et sexuelles, faire de la prévention dans les collèges, communiquer sur les métiers genrés pour lutter contre les clichés, réduire les inégalités de salaire en alignant les régimes indemnitaires des différentes filières ou encore titulariser les employés précaires lorsqu'ils atteignent les six ans d'ancienneté.

Stéphane Allouch, adjoint à la mairie de Poitiers le rappelle : "ces emplois précaires sont surtout des emplois féminisés. On a remarqué par exemple dans l'animation périscolaire, où on emploie plus de 300 personnes chaque année, que c'était à 90% des femmes et que c'était donc 90% de femmes qui avaient des emplois précaires." Vingt postes vont être créés cette année pour les titulariser.

Sur les quelques 13 millions d'euros débloqués, une enveloppe de 400.000 euros doit aussi permettre la rénovation des vestiaires dans les dix prochaines années. "Il faut que le bâti soit adapté aux hommes et aux femmes. Par exemple, si une femme qui a ses règles utilise une CUP, une coupe menstruelle, on sait qu'il lui faut un endroit avec un robinet pour qu'elle puisse la laver, décrit Alexandra Duval. Même chose pour nos agentes qui doivent se changer et enfiler une tenue de travail, aujourd'hui il n'existe pas toujours des vestiaires pour elles. Il faut changer ça. Les citoyens et citoyennes progressent très vite sur ces questions d'égalité, il faut qu'on suive le même rythme."

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