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Des psychologues au chevet des sauveteurs engagés en mer pour secourir les migrants

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Une nuit avec les sauteveurs auprès des migrants : une série de reportage en immersion avec ceux qui veillent sur les réfugiés qui tentent la traversée de la Manche. Nous avons passé une nuit à bord de l’Abeille Normandie, un des navires de secours, et au CROSS, le Centre opérationnel de sauvetage.

Les nuits de sauvetage de migrants sont intenses à bord de l'Abeille Normandie. L'équipage a besoin de décompresser avec du soutien psychologique après des opérations difficiles. Les nuits de sauvetage de migrants sont intenses à bord de l'Abeille Normandie. L'équipage a besoin de décompresser avec du soutien psychologique après des opérations difficiles.
Les nuits de sauvetage de migrants sont intenses à bord de l'Abeille Normandie. L'équipage a besoin de décompresser avec du soutien psychologique après des opérations difficiles. © Radio France - Matthieu Darriet

8.000 personnes ont été secourues l'année dernière dans le détroit du Pas de Calais. Une mission qui mobilise fortement tous les acteurs du sauvetage en mer, explique Véronique Magnin, la porte-parole de la Préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord : "Quand on parle de sauvetage en mer, c'est une prise en charge globale. Ça veut dire sortir des gens du milieu maritime qui peut être très dangereux. Mais ensuite, comme ce sont des personnes qui vont être affaiblies, très souvent en hypothermie, la mission sera de prendre soin d'elles. À bord, elles seront abritées du vent, abritées du froid ; on va changer les vêtements, notamment des plus jeunes et des plus fragiles ; on va les protéger dans des couvertures de survie et leur donner des boissons chaudes."

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Des missions lourdes, émotionnellement

Une mission qui n'est pas sans laisser des traces sur ceux qui l'exercent, souvent dans des conditions de mer difficiles, raconte pudiquement David, un des équipiers de l'Abeille Normandie, qui pense avant tout aux migrants naufragés : "On fait notre travail. Après, on peut ressentir des émotions surtout quand ça se passe mal pour eux, quand la mer se lève, quand la visibilité baisse, qu'il fait le froid et que ça devient très chaotique."

Confontés à des heures de veille active et à des situations de secours parfois dramatiques, les sauveteurs, qui sont des marins discrêts, doivent pouvoir parler de cette charge mentale..
Confontés à des heures de veille active et à des situations de secours parfois dramatiques, les sauveteurs, qui sont des marins discrêts, doivent pouvoir parler de cette charge mentale.. © Radio France - Matthieu Darriet

À bord de l'Abeille Normandie, après chaque grosse intervention, les équipes se retrouvent pour débriefer, pour améliorer leurs pratiques, mais aussi pour parler et vider leur sac. "Les marins qui vont intervenir en mer savent qu'ils peuvent être confrontés à tous types de situations, explique la Capitaine de corvette Véronique Magnin. Quand ils s'engagent sur ce type de bateau de secours, ils savent qu'ils vont faire face à des situations dramatiques. Mais là, on a un nombre important de personnes à secourir et ça peut être vraiment lourd pour les sauveteurs. Donc on va préserver et prendre soin de nos équipages, avec tout type de soutien, notamment psychologique. On parle d'humain, donc chacun va avoir un vécu différent. C'est vraiment important de le partager."

Débriefer après chaque mission

Pas facile d'évoquer cette charge mentale avec ces marins discrets qui sont confrontés au désœuvrement des migrants naufragés. David poursuit : "On va récupérer des gens qui sont complètement terrorisés, glacés, en début d'hypothermie ou en hypothermie sévère. Je pense que pour tout le monde à bord, c'est ça qui nous touche le plus. Surtout quand ce sont des enfants en bas âge. Quand on a des petits qui ont 3 ou 5 ans, en pleurs, c'est vrai que ça touche ! Mais après, il faut faire la part des choses, il faut rester professionnels, il faut mettre nos émotions de côté et faire notre travail."

Et puis, à côté de cela, il y a aussi le soulagement et la fierté d'avoir sauvé des vies, complète Mickaël, le Commandant de l'Abeille Normandie : "On ne peut pas rester insensible à la situation délicate dans laquelle ils se trouvent, particulièrement à ce moment-là, quand ils sont en difficulté en mer. On imagine toutes les difficultés qu'ils ont connu avant et qu'ils vont vivre après. Mais je pense que, pour tout l'équipage de l'Abeille Normandie, c'est une satisfaction de pouvoir faire cette mission, surtout quand ça se traduit par des événements positifs, c'est-à-dire de ramener saines et sauves toutes les personnes qui étaient en difficulté."

Les psychologues de la Marine nationale et ceux de la Médecine du travail sont régulièrement mobilisés en soutien des équipes embarquées et aussi des opérateurs du CROSS, le Centre opérationnel de surveillace et de sauvetage.

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A lire et à écouter : notre série de reportage en immersion à bord de l’abeille Normandie avec les secours en mer

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