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"C'est Guantanamo ici !" : dialogue par-delà les barbelés du centre de rétention administrative d'Olivet

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Lors d'une manifestation ce samedi midi, les militants du collectif COLERE ont pu dialoguer, par-delà les barbelés, avec deux étrangers enfermés au centre de rétention administrative d'Olivet - deux hommes qui ont dénoncé leurs conditions d'internement.

Les manifestants du collectif COLERE accrochent une banderole sur les grilles du centre de rétention administrative d'Olivet Les manifestants du collectif COLERE accrochent une banderole sur les grilles du centre de rétention administrative d'Olivet
Les manifestants du collectif COLERE accrochent une banderole sur les grilles du centre de rétention administrative d'Olivet © Radio France - François Guéroult

Le dialogue au-dessus des fils barbelés n'a duré que quelques minutes.  Deux hommes, actuellement retenus au centre de rétention administrative d'Olivet, ont réussi à crier depuis une cour, et ainsi à échanger avec la cinquantaine de militants du collectif COLERE (COLLectif contre les Expulsions et la Rétention, et qui regroupe plusieurs organisations comme la Cimade, le Réseau Education sans frontière, le forum des droits humains, la CGT, Sud, etc.) qui manifestaient au même moment, ce samedi midi, devant le bâtiment.

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Des pancartes symboliquement rebaptisées

"Nous sommes des otages ! Nous sommes des otages ! C'est ça la France ? Liberté, égalité, fraternité ? Moi, je suis père, j'ai un enfant en France et on m'enferme ici !" proteste l'un des étrangers. Avec à son mégaphone, Delphine Dubuis, une des porte-parole du collectif, lui demande : "Avez-vous pu vous entretenir avec un avocat ?" La réponse fuse : "Non, rien du tout ! Rien du tout !" Puis un autre étranger assure : "On n'a rien mangé depuis hier, j'ai la maladie de Crohn, ils veulent rien savoir, c'est Guantanamo ici !" Le dialogue s'interrompt, les deux hommes sont visiblement reconduits à l'intérieur du bâtiment.

Le collectif a rebaptisé les pancartes du centre de rétention administrative en "prison pour migrants"
Le collectif a rebaptisé les pancartes du centre de rétention administrative en "prison pour migrants" © Radio France - François Guéroult

Le collectif COLERE avait déjà manifesté à plusieurs reprises sur place, mais c'était le premier rassemblement depuis la mise en service du centre le 5 février dernier. Symboliquement, les manifestants ont rebaptiser les pancartes "centre de rétention administrative" pour inscrire : "prison pour migrants". Car c'est bien de cela dont il s'agit : "Les personnes sont enfermées ici non pas parce qu'elles ont commis un délit ou crime, mais simplement parce qu'elles n'ont pas les bons papiers au bon moment, dénonce Delphine Dubuis. Tant que ce centre fonctionnera, on fera des opérations coups de poing pour informer les gens et pour montrer aux migrants notre soutien et notre solidarité."

A quelques pas du campus universitaire

Le centre de rétention administrative d'Olivet a été conçu pour 90 places, ils seraient 9 hommes actuellement retenus, étrangers en situation irrégulière dans l'attente de leur éventuelle expulsion. Une première tentative d'évasion a déjà eu lieu dimanche dernier. "C'est significatif car les conditions d'enfermement en centre de rétention sont pires que dans les prisons classiques, souligne Virginie Clavelier, militante à la Cimade. On nous dit qu'il n'y aura pas de femmes ni d'enfants au centre d'Olivet, mais cela reste à voir sur la durée." Les tracts distribués ce samedi suscitent l'indifférence des automobilistes ? "Il faut continuer à sensibiliser sur ce qu'il se passe à l'intérieur, un autre discours que celui qu'on nous rabâche sur l'immigration est possible", rétorque-t-elle.

C'était le premier rassemblement du collectif depuis l'ouverture du CRA d'Olivet
C'était le premier rassemblement du collectif depuis l'ouverture du CRA d'Olivet © Radio France - François Guéroult

Briser le mur de l'indifférence, ce n'est pas simple, y compris sur le campus universitaire situé juste à côté. "La plupart des étudiants passent devant le bâtiment sans même savoir ce que c'est", reconnaît Mathys Fourniau, de l'Union étudiante d'Orléans, présent au rassemblement de ce samedi. "Il faut dire que la préfecture a tout fait pour que cette ouverture se passe en catimini, complète Jean Karkach, de l'UNEF. Emprisonner des étrangers sur simple décision préfectorale, sans décision judiciaire, cela nous semble une violation du droit. Etant donné que c'est une politique nationale, il faudrait qu'elle soit assumée publiquement, or aujourd'hui, tout cela se fait sans un bruit, et sans débat." Le coût de la construction du centre de rétention administrative d'Olivet, estimé initialement à 13 millions d'euros, aurait finalement atteint les 18 millions d'euros.

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