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TEMOIGNAGE : "Faire face coûte que coûte" pour Annie Maurin, anesthésiste au CHU de Besançon

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Le Dr Maurin est médecin anesthésiste au CHU de Besançon. Elle témoigne de ce que vivent les soignants, leur réalité et leur courage, mais aussi leurs difficultés alors que quatre patients Covid ont encore été transférés dans d'autres hôpitaux jeudi 19 novembre 2020, pour désengorger Besançon.

Le service de réanimation médicale de l'hôpital La Cavale Blanche à Brest, dédié aux patients Covid (photo d'illustration) Le service de réanimation médicale de l'hôpital La Cavale Blanche à Brest, dédié aux patients Covid (photo d'illustration)
Le service de réanimation médicale de l'hôpital La Cavale Blanche à Brest, dédié aux patients Covid (photo d'illustration) © Radio France - Nicolas Olivier

Annie Maurin, médecin anesthésiste à la retraite depuis 2018, a repris un contrat de praticien hospitalier en janvier 2020 au CHU de Besançon où elle a fait toute sa carrière. "Par convenance personnelle et parce qu'il est très difficile de s'arrêter d'un coup" confie-t-elle. A 65 ans, elle a donc repris du service en chirurgie cardiaque. A ce moment-là les prémices de la Covid sont connus, mais le médecin est loin de se douter qu'elle sera plongée dans une pandémie mondiale. "Je suis revenue pour travailler normalement" dit-elle. Pour être finalement confrontée à la première vague

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Une première vague très violente

"Une grande partie du vécu et du mal-être des soignants provient de cette première vague, selon elle. Car même si on avait les alertes de droite et gauche, tout le monde s'est trouvé devant un mur. Un mur auquel il a fallu faire face, coûte que coûte, sans parodier Emmanuel Macron. Les patients arrivaient, ils étaient là. Et il a fallu faire face".

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Comme ses collègues, le Dr Maurin a donc vécu cette première vague, puis le reflux. Et dans la foulée, le déconfinement, "le relâchement de tout le monde, il faut le dire..." précise-t-elle, les départs en vacances, y compris à l'hôpital qui à ce moment-là a maintenu les congés. Mais dès juillet se souvient la praticienne, les indices sur une deuxième vague sont arrivés. 

Les gens n'ont pas compris l'enjeu

Le sud de la France a été touché en premier, puis l'ensemble du pays. Mais Annie Maurin se souvient de la réaction des Français au lendemain de l'été. "Il y a un couvre-feu, on est puni. C'est ce qu'on a entendu, raconte l'anesthésiste. Ça veut dire que les gens ne réalisent pas ce qui se passe". 

En septembre, alors qu'elle est à proximité d'une terrasse de café à Besançon, "avec des jeunes alignés les uns à côté des autres, sans masque et buvant à la même bouteille", la soignante se fait interpeller. "On a sacrifié notre printemps pour les vieux comme vous, on va pas sacrifier notre automne et notre rentrée universitaire quand même. Vous avez fait votre temps !" lui lance-t'on. La soignante, de nouveau en activité donc, préfère passer son chemin. Mais s'interroge sur le manque de civisme des Français.

Une extrême adaptabilité

Mais les signes de la reprise épidémique sont là. Puis le plan blanc est déclenché. La Direction de l'hôpital communique raconte la praticienne. "Notre chef de service nous tient au courant. Il nous explique qu'à tant d'hospitalisations, tel service sera ouvert etc. Ça veut dire quoi pour le personnel? Un planning à la semaine, pas de congés ou peu. Mais ça veut dire une attente car personne ne sait comment ça va évoluer" affirme Annie Maurin.

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Et c'est ce qui rend difficile le métier de soignant. Les interventions ont été déprogrammées et les personnels basculés, pour certains, dans un autre service. "Il n'y a pas de perspective. On ne sait pas, martèle le médecin. On a des algorithmes mathématiques mais la médecine n'est pas une science exacte." Devoir s'adapter en permanence est bien sûr source de fatigue. Pour autant, Annie Maurin estime qu'à son niveau, les soignants présents au printemps sont de nouveau là,"et n'ont pas du tout envie de prendre la tangente. On ne fait pas ce métier par hasard" conclut-elle.

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