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"Parfois on apprend sur le tas" : en Mayenne, l'enjeu de la formation des soignants face aux agressions des patients

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Au sein des hôpitaux mayennais, certaines semaines sont rythmées par des altercations, quelquefois violentes, avec des patients. Pour faire face à ces comportements, de plus en plus de personnels soignants se forment et apprennent différentes techniques pour désamorcer le conflit.

Dans certains services, des altercations avec les patients ont lieu chaque semaine. Dans certains services, des altercations avec les patients ont lieu chaque semaine.
Dans certains services, des altercations avec les patients ont lieu chaque semaine. © Radio France - Hélène Roussel

Six mois de prison avec sursis. En ce début du mois d'avril, un septuagénaire a été condamné par le tribunal de Laval pour avoir menacé de mort le personnel du service psychiatrique pour Adulte de l'hôpital. Une situation extrême, mais loin d'être anodine. Les soignants sont chaque jour exposé au risque d'une consultation qui se passe mal, d'une situation qui se tend.

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Estelle est aide-soignante aux urgences de nuit à Laval, en 2021 elle est agressée par un patient. "Il m'a bien regardée en face et il m'a dit : 'Je me souviendrai toujours de toi, je sais où tu bosses, je vais te défoncer la gueule, tu t'en rappelleras très longtemps'". Estelle n'avait pas été formée et pour cause : "Parfois, ils n'ont pas le personnel pour nous remplacer. Il y a des formations, ça fait plusieurs années que je les demande et je ne les aie toujours pas obtenues. C'est triste à dire, mais pour ce genre de situation là, on apprend un peu sur le tas", soupire la soignante.

Des formations proposées au sein des établissements

Un autre service de l'hôpital est aussi souvent concerné par des situations tendues. En psychiatrie pour adulte, il y a chaque semaine quelques altercations avec certains patients, alors depuis plusieurs années la direction propose au personnel une formation sur quatre jours qui s'appelle Omega. Cette soignante l'a suivie en 2019 : "C'est quand même quelque chose qui est important et qui nous apporte dans le quotidien je dirais, parce que l'on apprend comment gérer l'agressivité. Physique, mais aussi verbale, désamorcer, ou pacifier, toutes ces choses-là", explique la soignante.

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Elle va faire une journée de remise à niveau cette année "On l'utilise très souvent. Quand il y a de la montée en tension, de l'agressivité verbale. Il faudrait que tous les soignants soient formés". Pour cette soignante, l'enjeu est aussi et surtout d'être assez nombreux, car le manque de moyen favorise bien souvent les situations tendues.

La direction du Centre Hospitalier du Nord Mayenne précise également que la Formation Omega / Self sauvegarde est inscrite tous les ans au plan de formation pour les soignants, "principalement du pôle Santé Mentale et Urgences Médecines Soins de Suite et Réadaptation, surtout pour le service des urgences". Par ailleurs, une "formation refus de soins pour les soignants des EHPAD", dont une partie du programme aborde la prévention et la gestion de l’agressivité, ainsi qu'une "formation ANFH Savoir faire face à l’agressivité pour les AMA", les secrétaires médicales, sont aussi dispensées.

Des troupes de théâtre dans les instituts de formation

La formation des jeunes futurs soignants est essentielle. Jean Luc Hercé, le directeur des instituts de formation du centre hospitalier de Laval, en est bien conscient "Cela représente au total plusieurs heures chaque année, consacrées spécifiquement à ce thème. Mais c'est évidemment quelque chose qui vient au fil de l'année en fonction des thématiques". Les établissements de formation mettent en effet en place un dispositif de "simulation", pour mettre les étudiants au plus près de la situation réelle. "On travaille pour ça en partenariat avec une troupe de comédiens professionnels", précise le directeur.

Les étudiants peuvent également être confrontés, sur le terrain lors de stage, à des situations de conflit, d'agressivité, etc. "Quand ils reviennent dans les instituts, on fait une analyse avec eux, qui leur permet de mieux comprendre ce qu'il s'est passé, mieux comprendre les enjeux et comment se protéger et protéger les autres."

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Les établissements de santé prennent également la mesure du problème. Éric-Alban Giroux est le directeur du Centre Hospitalier du Haut-Anjou, à Château-Gontier sur Mayenne, il dénombre 46 déclarations pour agressions physiques ou verbales envers les professionnels l'année dernière, ainsi qu'un "événement indésirable grave qui était en cardiologie".

Le directeur insiste : "Ici nous avons 20 000 passages aux urgences, 150 000 consultations par an. Mais ce n'est pas parce que 46 déclarations c'est la portion congrue, qu'elle doit être tolérée". Il explique notamment que plusieurs procédures sont disponibles au sein de l'hôpital : "ça leur permet de connaître ce qui est de l'ordre du normal, de ce qui est de l'ordre de l'anormal. Donc ça permet de fixer la frontière". Éric-Alban Giroux conclut : "Je ne forme pas mes professionnels au kravmaga ou au karaté, on les forme à désamorcer le conflit."

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