Passer au contenu

Grève aux urgences à Toulouse : "les négociations continuent" assure la direction

Par

Une nouvelle grève aux urgences toulousaines en une semaine. La situation est-elle inquiétante ? Membre de la direction du CHU, le secrétaire général Christophe Mazin nous répond sur France Bleu Occitanie.

Une aide-soignante toulousaine déjà dans la rue le 7 juin dernier Une aide-soignante toulousaine déjà dans la rue le 7 juin dernier
Une aide-soignante toulousaine déjà dans la rue le 7 juin dernier © AFP - Alain PITTON

Une nouvelle nuit sans urgences adultes au CHU de Toulouse. Un geste fort pour alerter sur le manque de personnel et de moyens. C'est le message qu'ont voulu faire passer les soignants toulousains, en répondant massivement à l'appel des syndicats, en particulier la CGT, pour un deuxième mouvement de grève en une semaine

loading

La grève s'est achevée ce mardi 14 juin au matin à 7 heures. Mais faut-il s'inquiéter de la situation à l'hôpital, avant l'été et avec les grosses chaleurs actuelles ? Christophe Mazin, le secrétaire général du CHU de Toulouse, est notre invité ce matin. 

Christophe Mazin, bonjour. Vous faites donc face à une grève inédite à l'hôpital Purpan. D'abord vous avez dû refuser beaucoup de patients venus se faire soigner, cette nuit, en raison de la grève ? 

Je tiens à rassurer la population toulousaine. La nuit s'est bien passée, elle a été relativement calme. En effet, on a dû réduire notre offre sur les urgences, mais on rouvre intégralement ce matin. Depuis 7 heures, l'ensemble de nos urgences sur les deux sites, de Purpan et de Rangueil, ont rouvert en temps et en heure. Et on a maintenu évidemment l'ensemble des prises en charge, et particulièrement les urgences vitales.  

Donc même un patient, qui s'était par exemple cassé le bras cette nuit, a été pris en charge ?

Tout à fait, l'ensemble de la communauté hospitalière s'est organisée pour pouvoir justement maintenir l'ensemble de la prise en charge. On a réduit les admissions directes dans l'ensemble des services et cela a fluidifié la prise en charge aux urgences. 

L'affluence était relativement réduite, mais malgré tout, l'ensemble des patients ont été pris en charge. Aucun refus, aucun transfert de patient, aucune offre de soins au CHU n'a été refusée ou pas honorée. 

Mais comment avez-vous fait ? La direction parle de 41% de grévistes, les syndicats avancent même le chiffre de 80% de grévistes. Vous avez appelé des médecins à la retraite ? 

Exactement. Le taux de mobilisation était de 40 à 50 % selon les services. Il est vrai que c'est un taux de mobilisation assez fort, par rapport à la semaine dernière, où c'était plutôt autour de 15 à 20 %. 

Malgré tout, le CHU a pris ses responsabilités : le directeur général en lien avec le directeur général de l'Agence Régionale de Santé (ARS) a déclenché le Plan Blanc dès ce week-end pour anticiper. Anticiper nous a permis d'organiser les plans de rappels de personnels - volontaires évidemment. Ils ont permis d'assurer la continuité de nos organisations et des soins. 

C'était primordial et le déni a été relevé par l'ensemble des soignants. Et on a pu libérer de 60 à 80 lits dans l'ensemble de nos services pour que les urgences aient des lits d'aval. Ils permettent d'éviter que les patients patientent trop longtemps dans les couloirs.

On dirait à vous entendre qu'il n'y a pas de situation de crise aux urgences de Toulouse. Est-ce que vous reconnaissez, comme les syndicats, que la situation est grave ?

La situation est tendue, en effet. Il y a des fragilités. On est sur une conjonction de plusieurs faits à la fois : il y a une forte mobilisation et en même temps, des difficultés à assurer le service minimum. On a eu des difficultés à assigner les personnels, même si ça fait partie des obligations du service public d'être mobilisable. Or, certaines mobilisations n'ont pas pu être possibles et donc, malgré tout, on a dû aller jusqu'à des plans de rappels de personnels. 

Et il y a eu en plus des arrêts maladie inopinés, constatés, coordonnés, qu'on a découvert au fur et à mesure du week-end, qui ont encore plus fragilisé notre Plan Blanc, notre plan de bataille des ressources. 

La semaine dernière, la présidente de la commission médicale d'établissement du CHU a dénoncé une "prise d'otage des soignants". Est-ce que vous regrettez ces propos ? 

Il n'y a pas de prise d'otage des soignants. Il y a un dialogue qui doit s'établir avec l'ensemble des équipes, des soignants et avec les syndicats également. Et c'est bien tout l'enjeu de la plateforme de revendications qui est sur la table depuis jeudi dernier. 

On a mis en place un cycle de réunions pour analyser et traiter au cas par cas. On veut aussi vérifier avec les équipes qu'il y a une véritable adhésion à toutes ces revendications, pour qu'ensuite, on puisse les décliner dans les organisations.

Les syndicats demandent 22 postes d'infirmiers et 18 aides-soignants supplémentaires. Vous êtes prêts à répondre à leurs demandes ?

Les syndicats, en effet, ont mis sur la table une demande de l'ordre de 35 emplois supplémentaires. Alors que les services des urgences du CHU ont bénéficié depuis 2019 de 22 emplois supplémentaires et dès l'été, on a renforcé ces secteurs avec des infirmiers et des aides-soignants. À ce stade, les demandes doivent être traitées, analysées au cas par cas, parce que l'ensemble des revendications couvrent plusieurs secteurs des urgences.

Vous pouvez envisager quel nombre de recrutements ? 

Je ne peux pas m'avancer, par respect pour les négociations, pour les équipes, pour les agents. On n'écrit pas la fin de l'histoire au moment où on commence à discuter. Par contre, on pose le cadre de la négociation, à la fois dans le dialogue et la confiance dans les équipes. 

Donc les discussions se poursuivent dès aujourd'hui avec les syndicats ?

Elles ont commencé dès la semaine dernière. Il y a encore des échanges hier avec les équipes et il va y avoir d'autres réunions avec la DRH et les syndicats pour pouvoir regarder sujet par sujet, l'ensemble des revendications. 

Les heures de grève seront-elles payées aux grévistes ? 

Dans le cadre de la négociation et de l'organisation, oui à ce stade, on s'organise comme ça (NDLR : aux agents grévistes ayant honoré leur assignation).

Un dernier mot, Christophe Mazin, avec ces fortes chaleurs attendues cette semaine, on devrait être en alerte canicule. Vous vous attendez au CHU de Toulouse à un afflux de patients ?

Le Plan Blanc court toujours et de ce point de vue là, il sera peut-être utilisable pour la canicule. On est en mesure d'accueillir l'ensemble des patients et ça fait partie de nos obligations que d'assurer ces missions de service public dans un moment où, en effet, on s'attend à des pics de fréquentation. 

Même si on est à plus de 400 passages par jour aux urgences. Ce ne sont d'ailleurs plus des pics : c'est récurrent, c'est quotidien. Et c'est tout le sens de l'organisation qu'on a posé, que d'être capable d'assurer ces pics en lien aussi avec les partenaires de la Ville et les autres cliniques, avec lesquelles on est fortement impliqués. On travaille main dans la main pour pouvoir assurer la réponse sur l'ensemble du bassin toulousain.

Pour revenir à la grève, vous espérez une fin de conflit cette semaine ?

On espère avancer dans les discussions avec les représentants du personnel et on compte sur la responsabilité de chacun. Que chacun trouve le sens du consensus et du compromis pour sortir de la situation par le haut. 

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined