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Crise de la psychiatrie : le secteur privé choqué par les propos du ministre Frédéric Valletoux à Toulouse

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Le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, en déplacement à Toulouse mardi, a clairement pointé du doigt le secteur privé qui, selon lui, ne prend pas sa part dans la prise en charge des urgences psychiatriques. Des déclarations inacceptables pour la Fédération de l’hospitalisation privée.

Hôpital psychiatrique (illustration) Hôpital psychiatrique (illustration)
Hôpital psychiatrique (illustration) © Maxppp - Dominique Touchart

Après les événements graves de la semaine dernière, deux agressions sexuelles présumées puis le suicide d'un patient en consultation psychiatrique à l'hôpital Purpan de Toulouse, le ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention, Frédéric Valletoux, était en déplacement au CHU de Toulouse mardi 20 février.

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Frédéric Valletoux a lancé un avertissement aux huit établissements de santé mentale du secteur privé de la Haute-Garonne : "L'hôpital ne peut pas être simplement le réceptacle de ce que les autres ne veulent pas faire." En d'autres termes, il estime que les cliniques privées ne prennent pas en charge les patients que le public ne peut pas accueillir.

De quoi faire bondir le secteur privé qui se sent injustement pris pour cible. Pascal Delubac est président de la FHP, la Fédération de l’hospitalisation privée) en Occitanie et directeur de territoire dans le groupe Elsan pour l'Aude et les Pyrénées-Orientales. Il supervise dix établissements privés. Interview.

France Bleu Occitanie : Frédéric Valletoux dénonce le manque de coopération du privé sur les urgences psychiatriques. Votre réaction?

Pascal Delubac : Nous avons une présomption de culpabilité de la part du ministère qui est inacceptable, voire dangereuse. Il était le président de la Fédération hospitalière de France juste avant d'être nommé ministre. Il ne connait que le secteur public, il ne veut pas nous connaître. Depuis que je le connais, je lui ai toujours reproché d'être très partisan.

C'est regrettable ?

Ce que je trouve regrettable c'est que l'on cherche à faire le buzz sans analyser le dossier au fond. Le rapport de la Cour des comptes de décembre 2023 confirme que l'hospitalisation privée prend en charge l'intégralité des patients qui lui reviennent, au regard de ses autorisations. Et que la coopération public/privé en psychiatrie, c'est le délégué interministériel qui l'a écrit, a très bien fonctionné sur la Haute-Garonne. Donc je pense que dans ce dossier on se contente de faire le buzz.

Que lui répondez-vous ?

Notre ministre délégué, récemment nommé, cherche un bouc émissaire pour régler des problèmes qui sont anciens. La problématique de la psyciatrie est nationale, elle a beaucoup de problèmes de moyens et donc il est beaucoup plus facile pour le ministre délégué, qui vient de l'hospitalisation publique, de désigner le secteur privé comme étant le responsable de tous les maux de la terre ce qui est une vieille habitude.

Le secteur privé souffre aussi ?

Le problème est clairement identifié au niveau national, il manque des psychiatres, de personnels non médical, et il manque des lits. Le problème date d'une maladie profonde de la prise en charge des patients en psychiatrie par manque de moyens. Vous pouvez interroger les médecins, public ou privé, ils sont tous dans les mêmes difficultés. Je trouve que la position du ministre vis à vis des médecins et des profesionnels du secteur privé n'est pas du tout respectueuse, nous ne pouvons pas accepter d'être les bouc émissaire de cette situation.

Frédéric Valletoux rappelle que l'Assemblée nationale a récemment voté, à son initiative, une obligation pour les cliniques privées de participer à la permanence des soins en établissements. Ce n'est pas déjà le cas ?

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a des établissements qui ont des agréments pour recevoir des patients en fonction de leur état. Par exemple, pour les hospitalisations d'office, il y a un seul établissement privé qui a l'autorisation et les financements pour recevoir un patient en hospitalisation d'office. Par contre, un établissement de postcure psychiatrie auquel on veut adresser un patient qui relève de l'urgence psychiatrique, il n'a ni les autorisations ni la structure pour accueillir donc c'est un problème de régulation. D'ailleurs, je suis très étonné que le ministre n'ait pas évoqué le rôle du service d'accès aux soins qui est implanté depuis un an au CHU de Toulouse et qui a l'obligation de rechercher des places pour les patients, quel que soit leur statut.

Dans quels cas  une clinique privée refuse un patient envoyé du public ?

Quand elle n'a pas les agréments. Comment voulez-vous accueillir un malade qui doit être hospitalisé d'office quand vous n'avez pas les autorisations et les locaux. Toutes nos activités sont soumises à autorisations et donc l'autorisation d'une hospitalisation d'office relève d'un arrêté à l'ARS et de locaux qui doivent être conformes.

Les cliniques privées reçoivent-t-elles des aides publiques et de quel ordre ?

Vous avez aujourd'hui une réforme de financement au sein d'un comité où le secteur public est majoritaire. Il restait pour la région Occitanie, un solde d'enveloppe pour la tarification des établissements de 6.5 millions d'euros et tout est allé au secteur public, rien au privé [...] Nous, secteur privé, nous faisons quasiment 40% de l'activité de prise en charge des patients au niveau national et nous représentons moins de 20% des dépenses de l'assurance maladie, il faut se poser les bonnes questions.

Les cliniques psychiatriques privées de Haute-Garonne
Les cliniques psychiatriques privées de Haute-Garonne - FHP Occitanie

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