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Coronavirus - Journal d'un médecin : "Grosse fatigue et tension dans l’équipe, les comportements changent"

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Le professeur Louis Bernard est infectiologue, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Tours, ancien chef de clinique à Paris. Il livre tous les matins à France Bleu ses pensées sur la crise sanitaire due au coronavirus, à laquelle il est confronté dans son hôpital.

Une infirmière réconforte un collègue dans un couloir d'hôpital. Une infirmière réconforte un collègue dans un couloir d'hôpital.
Une infirmière réconforte un collègue dans un couloir d'hôpital. © AFP - Paolo MIRANDA

Louis Bernard est en première ligne dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus. Infectiologue, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Tours, ancien chef de clinique à Paris, il livre tous les matins au réveil son témoignage sur la crise sanitaire à laquelle il est confronté. Il revient sur des histoires individuelles*, réfléchit à la gestion de la crise, confie ses questionnements intimes. C'est son journal de bord, à retrouver tous les jours sur francebleu.fr.

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Le manque de matériel a fait augmenter la pression d'un cran

"Grosse fatigue dans l’équipe. Une fatigue très présente. De la tension. Des échanges vifs qui conduisent à des paroles parfois inappropriées. Pourtant ce sont des femmes et des hommes, de grands professionnels, formidables. Mais dans le confinement quasi absolu, la charge de travail, le stress et la pression dans cette ambiance de survie ont augmenté d’un cran encore lorsque s’est dessinée hier la perspective d’un manque de matériel. Les comportements changent. Je n’en veux à personne. Moi-même j’ai des agacements. 

Moi-même j'ai des agacements, je n'en veux à personne

Difficile, encore plus actuellement, de supporter cette fameuse hiérarchie des soins. Notre système de santé était déjà à genoux bien avant cette crise. Une restriction, drastique, quotidienne, depuis dix ans. Du pain sec et de l’eau. Une tarification à l’activité. Inadaptée, spéculative, qui s’alourdit encore face à un système pyramidal, amorphe ou peu réactif. Des formulaires à remplir pour tout et pour rien avec pour réponse l’attente. Attendre sans cesse des réponses qui ne viennent pas.

Comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi n’y a-t-il pas assez de matériel à l’hôpital ? Jeter à la figure du personnel hospitalier, héroïque en ce moment plus encore que d’habitude, que l’on maintient des projets de fermeture de lits en pleine épidémie est vraiment incroyable.

Maintenir des projets de fermeture de lits est vraiment incroyable

Que dire à l’équipe lorsqu’il faut porter des masques chirurgicaux pour soigner un patient très contaminé ? Nous savons parfaitement que c’est un rempart insuffisant, très moyennement efficace. Il nous faut des FFP2, beaucoup plus sûrs.

Mon hôpital et sa direction se battent pour recevoir des quantités suffisantes de protections, là aussi à cause de ces fameuses directives inadaptées et toujours en retard d’une guerre dans un système pyramidal de gestion.

Espérons un avant et un après épidémie. Les soignants devront retrouver de l’autonomie, dans les petits comme dans les grands hôpitaux. Enfin faire confiance enfin aux soignants livrant bataille sur le terrain. Bas les masques."

* Les prénoms sont systématiquement modifiés.

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