Passer au contenu
Publicité

Séisme en Turquie et en Syrie : ce que l'on sait de la catastrophe qui a fait au moins 4.300 morts

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Un séisme de magnitude 7,8 a frappé, ce lundi, le sud de la Turquie et la Syrie voisine. La secousse et ses répliques ont fait plus de 4.300 morts dans les deux pays et provoqué de très importants dégâts. Le bilan pourrait encore s'alourdir. France Bleu fait le point sur la catastrophe.

La Turquie a décrété sept jours de deuil national La Turquie a décrété sept jours de deuil national
La Turquie a décrété sept jours de deuil national © AFP - Volkan Kasik / ANADOLU AGENCY

La secousse s'est produite dans la nuit de dimanche à lundi, à 4h17 locales (2h17 heure de Paris). Un tremblement de terre de magnitude 7,8 a fait au moins 4.365 morts dans le sud de la Turquie et la Syrie. De nombreuses répliques ont été enregistrées, dont une de magnitude 7,5. Plusieurs pays ont déjà annoncé envoyer de l'aide aux sinistrés, des pompiers de toute la France vont également s'envoler pour la Turquie. Où se situe l'épicentre ? Quels sont les dégâts ? Comment s'organise la solidarité internationale ? France Bleu fait le point.

Publicité

L'épicentre du côté turc

L'épicentre du premier séisme se situe côté turc, dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras, à 60 kilomètres environ à vol d'oiseau de la frontière syrienne et à une profondeur d'environ 17,9 kilomètres. Les dégâts les plus importants ont été enregistrés entre Kahramanmaras et Gaziantep. Les secousses ont été ressenties jusqu'au Groenland, a annoncé lundi l'institut géologique danois.

loading

Plus de 4.365 morts

Le séisme a fait au moins 2.921 morts et 15.834 blessés côté turc, selon un provisoire communiqué par l'Afad, l'organisme officiel de secours turc dans la nuit de lundi à mardi. Le président turc Erdogan a décrété un deuil national de sept jours ce lundi soir. Selon le décret publié, les drapeaux seront mis en berne jusqu'au coucher du soleil du dimanche 12 février.

Le bilan provisoire en Syrie est 1.440 morts et plus de 3.500 blessés, selon des données communiquées par le ministère syrien de la Santé et des secouristes en zones rebelles.

Un Casque blanc porte un enfant secouru dans les décombres à Zardana en Syrie.
Un Casque blanc porte un enfant secouru dans les décombres à Zardana en Syrie. © AFP - Abdulaziz KETAZ

La crainte d'un bilan plus lourd

Le bilan de la catastrophe naturelle pourrait continuer de s'alourdir, a prévenu lundi l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "Il y a un potentiel continu d'effondrements supplémentaires et nous voyons souvent des nombres huit fois plus élevés que les nombres initiaux", a dit à l'AFP une responsable des situations d'urgence du bureau européen de l'OMS, Catherine Smallwood.

Au moins 3.471 immeubles se sont effondrés en Turquie, ce qui laisse redouter un bilan final tragique : "Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres", a déclaré un secouriste dépêché devant un immeuble détruit de Diyarbakir, dans le sud de la Turquie.

Les Casques blancs, secouristes des zones rebelles de la Syrie, s'attendaient ce lundi à une "hausse importante" du nombre de victimes, "des centaines de familles se trouvant encore sous les décombres".

Un séisme "en pleine nuit" dans "une zone peuplée" est le "pire des scénarios", a fait savoir sur franceinfo Patrick Coulombel, cofondateur de la fondation Architectes de l'urgence. "Le séisme a eu lieu la nuit. Donc ce n'est pas une bonne heure puisque les gens sont à l'intérieur des immeubles qui s'effondrent" a expliqué Jean Virieux, sismologue et professeur émérite à l'université de Grenoble-Alpes et à l'institut des sciences de la Terre.

Scènes de chaos et dégâts matériels

Le séisme a provoqué des scènes de panique à Damas, la capitale de la Syrie, où des habitants ont fui à pied ou en voiture, malgré des pluies diluviennes, par crainte de l'effondrement de leur immeuble. Des scènes similaires se sont déroulées dans la capitale libanaise, Beyrouth.

Le gouverneur de la province de Gaziantep a appelé les habitants à se rassembler dehors malgré le froid, tandis que le chef du Diyanet, l'organisme public turc chargé d'encadrer le culte, a appelé les Turcs dans le besoin à trouver refuge dans les mosquées.

Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.

Les dégâts matériels sont très importants : outre les milliers d'immeubles effondrés, à Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l'effet du séisme. Selon la chaîne NTV, la citadelle byzantine de Gaziantep, érigée au VIe siècle, s'est partiellement effondrée. La citadelle d'Alep et plusieurs autres sites archéologiques ont été endommagés, selon la Direction générale des antiquités et des musées.

Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz, a affirmé l'organisme public Botas.

L'agence de presse turque Anadolu a tweeté des vidéos montrant l'ampleur des dégâts.

L'aide internationale s'organise

L'Union européenne a activé son "mécanisme de protection civile", et des équipes issues de dix États membres ont été "rapidement mobilisées", les équipes néerlandaise et roumaine étant déjà parties, selon un communiqué du commissaire européen à la Gestion des crises, Janez Lenarcic.

"À la demande du président de la République, la France envoie des secouristes en Turquie", a annoncé sur Twitter la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. "139 secouristes de la Sécurité civile s’envoleront ce soir pour la Turquie", a précisé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Par ailleurs, une trentaine de bénévoles de l'association Pompiers de l'urgence internationale, basée dans le centre de la France, y partira mardi. Des pompiers du Calvados, du Berry vont s'envoler pour la Turquie, tout comme l'association Pompiers Solidaires basée à Mérignac (Gironde) qui envoie quatre secouristes. Deux pompiers d'Indre-et-Loire vont également se rendre sur place, a indiqué France Bleu Touraine. À Amiens, les Architectes de l'urgence vont prochainement envoyer du matériel, notamment pour la reconstruction

"Des images terribles nous viennent de Turquie et de Syrie après un tremblement de terre d'une force inédite", a réagi Emmanuel Macron. "Nos pensées vont aux familles endeuillées."

"L'Allemagne va bien entendu envoyer de l'aide", a fait savoir le chancelier allemand Olaf Scholz 
sur Twitter. L'Italie compte "mettre à disposition (ses) personnels de la protection civile", a tweeté son chef de la diplomatie, Antonio Tajani. L'Espagne a "immédiatement mobilisé des effectifs et des drones" et 85 sauveteurs partiront dès lundi en Turquie, a ajouté Madrid.

Le ministre de l'Intérieur de la Pologne, Mariusz Kaminski, a annoncé par le même biais l'envoi de "76 pompiers et huit chiens secouristes". La Grèce a pour sa part promis de "mettre à dispositions toutes ses forces" pour aider la Turquie, selon son Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, malgré des relations tendues entre les deux pays. Autre pays européen en proie aux tensions diplomatiques avec Ankara, la Suède a assuré qu'elle était "prête à offrir (son) soutien".

La Belgique, la Hongrie et la Finlande ont également offert leur aide, tout comme le Royaume-Uni. L'Ukraine s'est dite prête à envoyer un "grand nombre de secouristes" en Turquie.

Le président russe Vladimir Poutine a présenté ses condoléances aux dirigeants turc et syrien et assuré que Moscou était prêt à apporter son aide. De l'autre côté de l'Atlantique, le président américain Joe Biden s'est dit  "profondément attristé" et prêt à "fournir toute l'aide nécessaire".

Deux pays régulièrement touchés par les séismes

En Turquie, un tremblement de terre de magnitude 6,1 avait frappé le nord-ouest du pays en novembre, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs. La Turquie est située sur l'une des zones sismiques les plus actives du monde.

L'effondrement de bâtiments résidentiels est assez fréquent à Alep, en Syrie, en raison de constructions illégales sans fondations solides, mais aussi de fissures dans les structures provoquées par les violents combats au cours de la guerre qui a éclaté en 2011.

Ce tremblement de terre est le plus puissant recensé depuis la création du centre national des séismes, en 1995, d'après le directeur de cet organisme étatique syrien. Il est le plus meurtrier en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.

"C'est un séisme qu'on attendait dans la région", a indiqué sur franceinfo Jean Virieux. Il est situé dans une région où "trois plaques tectoniques s'affrontent", souligne le sismologue. "Les différentes modélisations et les enregistrements grâce aux réseaux GPS qui avaient été installés en 2009-2010, 2011 et 2020 ont conduit à des modèles qui atteignaient ce genre de magnitude de 7,2 à 7,6 dans cette région." En revanche il n'y a pas eu selon lui de signes avant-coureurs ces derniers jours. "Ce que l'on constate, c'est effectivement que la région devait subir ce genre de séismes."

Les séismes les plus meurtriers depuis 30 ans en Turquie
Les séismes les plus meurtriers depuis 30 ans en Turquie © Visactu

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

L'info en continu

Publicité

undefined