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Guerre en Ukraine : après deux ans de combats, quelle est la situation ?

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Alors que la guerre lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine contre l'Ukraine s'apprête à entrer dans sa troisième année, France Bleu fait le point sur la situation sur le front. Soldats épuisés et démoralisés, artillerie manquante, succès en mer Noire : voici ce qu'il faut savoir.

Un artilleur ukrainien observe le ciel en direct de Bakhmout, le 20 février Un artilleur ukrainien observe le ciel en direct de Bakhmout, le 20 février
Un artilleur ukrainien observe le ciel en direct de Bakhmout, le 20 février © AFP - Anatolii STEPANOV

Le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine entamait l'invasion de l'Ukraine. Deux ans plus tard, l'armée ukrainienne, s'avère éreintée par une contre-offensive ratée et se retrouve arc-boutée en défense. Les soldats sont confrontés à un front figé et à des Russes plus nombreux et mieux armés. Le pays, par la voix de son président Volodymyr Zelensky, supplie les Occidentaux de leur fournir l'artillerie indispensable pour répondre à Moscou et presse les États-Unis de débloquer une aide conséquente de 60 milliards de dollars. Voici ce qu'il faut savoir sur la situation en Ukraine, deux ans après le déclenchement de la guerre.

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Des soldats épuisés

Après deux ans de conflit sans interruption, les soldats ukrainiens sont épuisés. "Les gars sont très fatigués. Moralement, physiquement, ils n'en peuvent plus. Parce que depuis deux ans, nous n'avons pas vu le bout du tunnel", lâchait à l'AFP en janvier un soldat en position près de Koupiansk (nord-est), une des zones où les Russes lancent des attaques sans relâche depuis des mois. Selon lui, ils ont tenu la première année avec "l'adrénaline", "nous n'avions peur de rien".

Un militaire ukrainien blessé pris en charge par du personnel médical à Avdiivka, le 31 décembre 2023
Un militaire ukrainien blessé pris en charge par du personnel médical à Avdiivka, le 31 décembre 2023 © AFP - Ozge Elif Kizil / ANADOLU

Fin 2022, le moral des troupes avait pourtant été dopé par le succès des offensives de Kharkiv (nord-est) et Kherson (sud). En revanche, 2023 et les débuts de cette année auront été une succession de déceptions sur le terrain. La ville de Bakhmout est tombée en mai après des mois de combats sanglants, puis la contre-offensive estivale de Kiev a échoué, ne permettant la reprise que de quelques villages au prix de pertes très importantes.

Les unités ukrainiennes se sont fracassées sur de solides défenses russes. Désormais confronté aux assauts du Kremlin, Kiev tente de bâtir ses propres défenses sur tout le front. Une tâche titanesque, la ligne de front étant longue d'environ 1.000 km et en permanence sous le feu russe, en particulier dans l'Est.

Soldats ukrainiens dans une tranchée
Soldats ukrainiens dans une tranchée © AFP - Diego Herrera Carcedo / ANADOLU

Manque de volontaires, vif débat sur la mobilisation

L'armée ukrainienne a subi des pertes dont l'ampleur est gardée secrète, mais qui sont évaluées par les Américains à quelque 70.000 morts et jusqu'à 120.000 blessés. Aujourd'hui, elle peine à trouver des volontaires pour le front. Pourtant, il est urgent de remplacer les soldats tués au combat. En outre, des vétérans commencent à revendiquer un droit à la démobilisation.

La Russie, pays plus peuplé, plus riche et autoritaire, semble, elle, regarnir ses rangs par un savant mélange de propagande patriotique, de coercition et d'incitations financières. En Ukraine, le débat sur la mobilisation fait rage. " Nos unités manquent de personnel. Nous avons besoin de jeunes, de moins de 40 ans. Et le plus important, c'est d'être motivé" , déclarait à l'AFP fin décembre un commandant de bataillon près de Bakhmout. L'armée voulait 500.000 mobilisés supplémentaires, mais le président Zelensky n'a pas validé.

Soldat ukrainien quittant un abri, le 18 février
Soldat ukrainien quittant un abri, le 18 février © AFP - Diego Herrera Carcedo / ANADOLU

Un projet de loi visant à élargir la mobilisation, sujet de nombreuses critiques, est actuellement examiné au Parlement. Il prévoit d'abaisser l'âge de la mobilisation de 27 à 25 ans et d'introduire des ordres d'enrôlement virtuels, mais aussi de limiter à 36 mois le service militaire en temps de guerre. Le chef de l'État insiste lui sur un "système de rotation efficace"  des troupes disponibles, assurant que sur "près d'un million d'hommes"  déjà enrôlés, seule "une minorité" est actuellement déployée sur le front.  "Nous voulons être remplacés, nous voulons nous reposer au moins un peu", plaidait un soldat auprès de l'AFP.

Bombardements massifs sur Avdiïvka et victoire russe

Sur la ligne de front, Avdiïvka, cité ouvrière, est devenue le nouveau symbole de la résistance ukrainienne. Dès octobre dernier, les forces russes ont attaqué et bombardé massivement pour conquérir cette ville, aujourd'hui fortement détruite, où vivent encore quelque 900 civils - contre 30.000 avant la guerre.

Vue de la ville bombardée de Avdiïvka dans l'Est de l'Ukraine
Vue de la ville bombardée de Avdiïvka dans l'Est de l'Ukraine © AFP - STRINGER

Alors que l'étau se resserrait sur les forces ukrainiennes, elles se sont retirées le 17 février. Volodymyr Zelensky a salué une "décision juste" pour "sauver le plus de vies possibles". Depuis, Kiev assure que les Russes poursuivent leur offensive au-delà de Avdiïvka.

Les forces ukrainiennes se retirent d'Avdiïvka
Les forces ukrainiennes se retirent d'Avdiïvka © Visactu

Les forces de Moscou continuent aussi leurs bombardements quasi quotidiens sur des zones éloignées des combats. Cinq civils ont ainsi été tués par une frappe russe sur un village de la région de Soumy, située dans le nord-est de l'Ukraine et frontalière de la Russie, a annoncé l'armée ukrainienne, le 20 février.

La flotte de Moscou battue

Seule bonne nouvelle des derniers mois : la mer Noire. L'Ukraine peut se targuer d'avoir fait battre en retraite la puissante flotte russe à l'aide de missiles et de drones maritimes notamment, repoussant l'armada du Kremlin et ouvrant un couloir crucial pour l'exportation des céréales ukrainiennes. Insuffisants pour changer le cours de la guerre, ces succès n'en restent pas moins précieux.

Des milliards d'euros d'aide bloqués aux États-Unis

Côté armements, la situation est incertaine en raison des tergiversations américaines, sur fond de campagne électorale, quant à la poursuite de l'aide à l'Ukraine. Depuis des mois, 60 milliards de dollars d'assistance sont bloqués par le chef républicain de la Chambre des représentants.

Les Européens ont accordé récemment, non sans difficulté, une nouvelle enveloppe de 50 milliards d'euros. Vendredi dernier, le président Zelensky a signé deux accords de sécurité, d'abord avec Berlin, puis avec Paris, destinés à garantir à son pays un soutien durable dans sa lutte contre les forces russes. Concrètement, la France s'engage à fournir "jusqu'à trois milliards d'euros" d'aides supplémentaires à l'Ukraine pour 2024. Cet accord "conclu pour une durée de dix ans" évoque, entre autres, un renforcement de la "coopération dans le domaine de l'artillerie".

L'aide occidentale à l'Ukraine (entre février 2022 et le 15 janvier 2024)
L'aide occidentale à l'Ukraine (entre février 2022 et le 15 janvier 2024) © Visactu

Sur les livraisons d'obus d'artillerie, les Vingt-Sept sont d'ailleurs très en retard. Or sans aide, avec une industrie militaire balbutiante et bombardée, l'Ukraine ne pourra pas répliquer au potentiel d'une Russie dont toute l'économie est tournée vers l'effort de guerre. Kiev manque aussi d'armes de longue portée.

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Vers le contrôle du ciel ?

Face au manque cruel d'artillerie, Kiev pourra en revanche compter cette année sur les avions de combat F-16, réclamés pendant des mois et que les Occidentaux ont fini par donner. Cette nouvelle arme doit permettre de freiner les assauts russes et mener des offensives. L'Ukraine doit aussi démultiplier sa production de drones, une arme devenue indispensable.

Un avion F-16 sur une base aérienne roumaine
Un avion F-16 sur une base aérienne roumaine © AFP - Keigo Sakai / Yomiuri

Enfin, pour tenir, Kiev réclame aussi à ses alliés des moyens de défense aérienne. En novembre, Volodymyr Zelensky notait que si les Russes "contrôlent tout le ciel, nous ne pouvons pas avancer". "En 2024, la priorité est de chasser la Russie du ciel car celui qui contrôle le ciel déterminera quand et comment la guerre va se finir", a martelé en janvier le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.

Le patrimoine à l'agonie

La guerre en Ukraine a causé pour 3,5 milliards de dollars de destruction au patrimoine et au secteur culturel de ce pays et engendré 19 milliards de dollars de pertes de revenus dans le divertissement, l'art et le tourisme, a estimé mardi l'Unesco. Pour parvenir à ces montants, l'Unesco a identifié quelque 5.000 sites détruits depuis l'invasion russe de février 2022, dont 341 sites culturels endommagés - contre 248 en avril 2023.

Les dégâts sur la cathédrale d'Odessa
Les dégâts sur la cathédrale d'Odessa © AFP - Oleksandr GIMANOV

Deux sites appartenant au patrimoine mondial de l'Unesco, le centre historique de Lviv (Ouest) et celui d'Odessa (Sud) ont notamment été touchés par des bombardements russes. Chiara Dezzi Bardeschi, représentante de l'Unesco en Ukraine, a notamment cité la cathédrale de la Transfiguration d'Odessa, un "symbole pour toute la communauté", qui a été fortement endommagée par une frappe russe en juillet dernier. Fondée il y a plus de 200 ans et détruite par les Soviétiques en 1936, la cathédrale de la Transfiguration a été reconstruite au début des années 2000 grâce à des dons. La cathédrale a "une valeur religieuse et spirituelle pour la ville et pour la communauté" mais n'est plus utilisable par la communauté, a regretté Chiara Dezzi Bardeschi.

Les dégâts après une frappe russe sur Lviv, en juillet 2023
Les dégâts après une frappe russe sur Lviv, en juillet 2023 © AFP - YURIY DYACHYSHYN

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