Procès Zepeda : il dit avoir vu Narumi Kurosaki vivante, un témoin remis en cause par l'ensemble des parties
"Vous faites du mal à tout le monde !" Jeudi matin, au procès en appel à Vesoul de Nicolas Zepeda, accusé d'avoir assassiné Narumi Kurosaki en 2016, un témoin qui assurait avoir vu la victime vivante après le signalement de sa disparition a été vertement recadré par l'ensemble des parties.
Au quatrième jour du procès en appel de Nicolas Zepeda, ce Chilien de 33 ans qui comparaît pour l'assassinat en 2016 de son ex-petite amie, Narumi Kurosaki, une Japonaise qui étudiait à Besançon, un témoin a été complètement discrédité jeudi matin. Saïd Nemeri intervenait à la demande de Nicolas Zepeda, sans doute également en accord avec ses parents. La défense de l'accusé n'a pas hésité à qualifié de "grotesque" son témoignage. Lui qui a expliquait avoir vu Narumi Kurosaki vivante, le 11 décembre 2016, après le signalement de la disparition.
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- L'accusé reconnaît à demi-mot apparaître sur des images de vidéosurveillance
- Au procès Zepeda, un récit d'enquête précis, complet, accablant pour l'accusé
- Le cinquième jour d'audience reprend à Vesoul vendredi 8 décembre à 9 heures**
Une jeune asiatique qui pleurait dans un restaurant
Saïd Nemeri, maçon de 46 ans, est venu raconter ce qu'il pense avoir vu à la barre de la cour d'assises de la Haute-Saône. Blouson sombre, capuche avec fourrure, il entame son récit : selon lui Narumi était dans un snack le 11 décembre 2016 à Besançon, "en pleurs", en compagnie d'un militaire. Devant les jurés, l'homme à la barre parle très vite, il déroule le fil de son histoire avec un ton assuré.
Quelques jours plus tard, un appel à témoin est lancé pour retrouver Narumi Kurosaki, étudiante japonaise disparue depuis le 5 décembre. Il en est convaincu : la jeune asiatique qui pleurait dans le restaurant est l'étudiante que tout le monde cherche. Il prend rapidement contact avec les autorités pour dire ce qu'il a vu.
Les enquêteurs se penchent sur ses propos et retrouvent la jeune femme en question : il s'agit bien d'une jeune asiatique qui ressemble à Narumi Kurosaki, mais ce n'est pas l'étudiante disparue. À partir de là, Saïd Nemeri s'enfonce dans ses certitudes. Si son histoire trouve un écho limité en France, elle est fortement relayée par les médias chiliens, après différents contacts de journalistes dans le pays "Il avait déjà témoigné auprès de plusieurs chaînes de télé", raconte un journaliste chilien présent au procès. "Alors ma rédaction a demandé qu'on l'interviewe également. Et des gens au Chili ont commencé à se dire que Narumi était toujours en vie."
"Un témoignage consternant"
Mais à l'audience, les parties ont été unanimes à démonter ce contre-discours, malgré l'insistance du témoin. "Je vais essayer de garder mon calme, alors que le témoin a plusieurs fois remis en cause la sincérité et l'exhaustivité de l'enquête", déclare Étienne Manteaux, le procureur général, qui démonte la démonstration du témoin.
Sylvie Galley, avocate de la partie civile, évite de poser des questions pour ne pas faire durer la séquence. "Je n'entends pas rajouter à la souffrance et à l'incompréhension de la famille Kurosaki", indique-t-elle. Pour Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, le dernier petit-ami de Narumi Kurosaki, côté parties civiles, ce témoignage a été "consternant" relavant "des théories complotistes les plus aberrantes".
"Ce serait bien de vous taire, ici et dehors"
Sylvain Cormier, avocat de la défense, sermonne à son tour le témoin : "Vous vous rendez compte de ce que vous êtes en train de faire ?" -"On a fait des faux dans cette procédure", réplique Saïd Nemeri. -"Alors déposez plainte !" "Vous faites du mal à tout le monde", conclut Renaud Portejoie, second avocat de la défense. "Ce serait bien de vous taire, ici et dehors."
Renaud Portejoie renchérit. "Je crois que tout le monde a constaté qu'il se base sur des éléments concret : au départ, il y a véritablement une Asisatique qui est vue à un endroit. Ce n'est pas un délire qui sort de nulle part. Mais ensuite, il est incapable d'entendre que ce n'est pas Narumi qui se trouvait le 11 décembre à tel endroit, le 19 décembre à tel endroit. Il s'est maintenu dans une forme de délire et il a maintenu son délire à la barre de la cour d'assises. C'est catastrophique pour tout le monde, d'abord douloureux pour les victimes d'entretenir le vain espoir que Narumi est vivante, et puis pour monsieur Zepeda. C'est pour cela qu'avec Sylvain Cormier nous nous sommes parfaitement désolidarisés de cet homme. Nous ne cautionnons pas ce discours-là. Monsieur Zepeda n'avait pas pris la mesure, le caractère grotesque du témoignage de monsieur Nemeri. (...) Ce genre de procès, avec la couverture médiatique qu'il y a, malheureusement, attire souvent ce genre de personnage. Ce n'est pas la première fois, ça ne me surprend qu'à moitié."
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