Haute-Saône : surendettée, la commune d'Errevet sous le feu d'un rapport de la Chambre régionale des comptes

« Situation financière particulièrement dégradée et préoccupante », « pratiques irrégulières et opaques dans l'administration courante », « manque de rigueur et irrégularités majeures préjudiciables à la collectivité ». Un rapport de la Chambre régionale des comptes de Bourgogne Franche-Comté datant de décembre 2023 et rendu public cette semaine, épingle pour la deuxième fois en deux ans le village d'Errevet, 248 habitants. Certains administrés inquiets se heurtent au jusqu'auboutisme de la mairie.

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La folie des grandeurs

La santé financière d'Errevet est critique. À la fin du premier semestre 2023, la commune a engrangé 648.000 euros de dette, soit cinq fois la moyenne départementale, dit le rapport de la Chambre régionale des comptes. Il y a trop de dépenses de fonctionnement et de personnel. Les projets d'investissements « ne sont pas soutenables » dit la chambre régionale des comptes. Elle pointe du doigt les travaux entamés pour accueillir une zone de lotissements, un projet à 80.000 euros, sur des terrains que la commune ne possède pas et qui ne sont pas constructibles.

A contrario, la chambre relève des dépenses d'entretiens et d'investissement insuffisants pour entretenir la forêt communale. Elle pointe aussi plusieurs zones d'ombres dans l'exploitation forestière d'Errevet : cadre juridique non respecté pour la coupe de bois, abattage d'arbres non justifié, conditions de sécurité insuffisantes pour les employés communaux.

Pour redresser la barre, la CRC Bourgogne Franche-Comté propose de réduire, voire de supprimer les indemnités des élus. Ce qu'a déjà fait la mairie avec certains adjoints.

« Il décide tout, tout seul », le maire au cœur des critiques

Certains administrés reprochent à Jean Marconot, 63 ans, maire d'Errevet depuis 1995, de faire cavalier seul. C'est le cas d'Ali Lakmeche, membre du "collectif d'information et de dialogue" qui s'en prend directement à lui : « ces informations ne font que confirmer la pratique du maire depuis des années et des années. Il décide tout, tout seul, contre l'avis de son conseil municipal. La commune s'est retrouvée dans une situation économique catastrophique. C'est écrit noir sur blanc par la Chambre régionale des comptes, ce sont des magistrats, des gens sérieux qui n'écrivent pas n'importe quoi. »

De son côté, Jean Marconot n'a pas souhaité s'exprimer au micro, ni s'éterniser sur le sujet. 680.000 euros de dette ? Cinq fois plus que la moyenne départementale ? Il faut comparer ce qui est comparable, selon lui. « Quand une commune de même taille ne fait pas d'investissements, c'est normal » justifie-t-il. 
Quant aux critiques concernant ses prises de décisions solitaires et son manque d'écoute du conseil municipal : « personne ne vient ! s'exclame le maire. Je suis obligé de repousser et de repousser. Je ne fais que ce qui est inscrit au budget de fonctionnement, ce pour quoi j'ai les mains libres, comme l'église. » Le projet de réhabilitation d'une ferme qu'on lui reproche « est très bien monté » selon lui. Le maire se dit bien entouré, et campe sur sa position.