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Prison de Brest : surpopulation, tensions, épuisement des surveillants, la situation devient intenable

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La surpopulation carcérale dépasse les 200% dans le quartier hommes de la maison d'arrêt de Brest. Une situation qui accroît les tensions entre détenus et qui rend le travail des surveillants et agents de plus en plus compliqué.

La maison d'arrêt de Brest (illustration) La maison d'arrêt de Brest (illustration)
La maison d'arrêt de Brest (illustration) © Radio France - Valérie Le Nigen

Le constat est unanimement partagé : la prison de Brest est en surchauffe. Les députés finistériens Didier Le Gac et Jean-Charles Larsonneur se sont rendus sur place récemment et le sénateur Michel Canevet a alerté le gouvernement sur la situation de surpopulation carcérale qui atteint aujourd'hui 190% dans l'établissement et plus de 200% dans le quartier hommes, avec 452 détenus pour 224 places en fin de semaine dernière.

"C'est une cocotte minute, reconnaît Didier Le Gac (Renaissance), qui a visité les lieux à deux reprises ces deux derniers mois. À tout moment, ça peut exploser, il suffit d'un incident ou d'une agression. Mais comme me l'a dit la directrice, on a de la chance : si la maison d'arrêt tient, c'est grâce aux personnels."

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Davantage de tensions entre détenus

Aujourd'hui, toutes les cellules du quartier principal sont triplées, alors que la norme en France est censée être d'une cellule pour un détenu. Environ 80 détenus dorment donc au sol, sur un matelas. Une situation qui empêche de les regrouper par affinité, ce qui accroît les tensions et qui stresse les nouveaux arrivants qui s'entassent dès les premières heures d'emprisonnement. "Le constat est dramatique. La prison est censée punir, mais aussi réduire la récidive, or aujourd'hui, je pense qu'on augmente la récidive", lance Charlotte Cloarec du Snepap-FSU.

Certains craignent de revivre l'affaire Jouan, jugée cette semaine aux assises de Quimper. Et cela empêche de travailler en amont avec les détenus : "La semaine dernière, 27 personnes ont été écrouées sur la période, ce qui complique nos tâches d'accompagnement, de suivi et d'analyse", explique Ronan Guéguéniat de la CGT du SPIP, les services pénitentiaires d'insertion et de probation.

Il n'y a pas que le nombre global de détenus qui augmente, mais aussi les flux à l'intérieur de la prison. Comment, dans ce contexte, analyser finement les profils des prisonniers pour donner les éléments nécessaires au juge d'application des peines ou mettre en place des programmes de réinsertion adaptés ? "Je pense que la baisse constatée du nombre d'aménagements de peine est liée à cette situation", explique Chalotte Cloarec.

Tir au mortier sur le mirador

Dans ce contexte, les gardiens ont du mal à assurer leur propre sécurité. En l'espace d'une dizaine de jours, on a tiré au mortier sur le mirador de la prison, une agression a eu lieu dans la cour de promenade et une bagarre a éclaté entre détenus, ce qui était rare jusqu'à présent à Brest.

Il y a aussi la problématique du trafic de drogue, extrêmement juteux en prison, avec des colis lancés régulièrement par-dessus les murs : "On retrouve en moyenne deux à trois kilos par semaine, les tarifs en prison sont plus chers donc l'enjeu financier pour les trafiquants est grand", explique Reynald Cochennec, surveillant et secrétaire local adjoint de FO Justice. Du cannabis, de la cocaïne, du crack, de l'héroïne et récemment une lame de 18 cm. "Il faudrait des filins de sécurité, mais apparemment ça ne se fera pasEt quand ce sera une arme à feu ?", lance le syndicaliste qui décrit "une équipe fatiguée, mais heureusement solidaire". Ils sont une centaine d'agents à se relayer dans les murs. Les arrêts maladie sont de plus en plus fréquents.

Des surveillants qui craignent que la situation ne se tende encore avec la montée des températures dans quelques semaines. De quoi faire monter encore la tension dans les coursives surchauffées de la prison.

La direction n'a pas souhaité répondre à nos questions.

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