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Lycéen éborgné à Béziers : la décision rendue par la justice est méprisante, déplore son avocat

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Jean-Philippe, un ancien élève sans histoire du lycée Jean-Moulin à Béziers a été reconnu comme victime d'un tir de LBD survenu devant son établissement il y a bientôt cinq ans. Le policier suspecté de cette agression a été relaxé le 20 octobre en raison du doute.

Des policiers devant le lycée Jean Moulin ce 6 décembre 2018 Des policiers devant le lycée Jean Moulin ce 6 décembre 2018
Des policiers devant le lycée Jean Moulin ce 6 décembre 2018 © Radio France - Stéfane Pocher

"Je suis reconnu comme victime d'un tir de policier, mais la justice ne condamne pas le responsable au bénéfice du doute." Jean-Philippe, 21 ans aujourd'hui, est dépité. Son agresseur présumé, poursuivi pour blessures involontaires a été relaxé le 20 octobre par le tribunal judiciaire de Béziers.

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À l'époque, cet élève en classe de première n'avait que 16 ans lorsqu'il a été gravement blessé à l'œil par un tir de LBD (lanceur de balles de défense). C'était le 6 décembre 2018 devant le lycée Jean-Moulin à Béziers, dans l'Hérault. Ce lycéen sans histoire sortait de classe. Devant son établissement, des jeunes qui se considéraient comme des gilets jaunes affrontent des policiers du commissariat de Béziers. Des dizaines de pierres sont lancées d'un côté. De l'autre, les policiers répliquent par des tirs de LBD. L'un d'entre eux atteint Jean-Philippe. Il perd son œil gauche. Depuis, il a été opéré à neuf reprises, sans retrouver la vue et tente aujourd'hui de tourner une page pour mieux se reconstruire.

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"La décision rendue est trés méprisante pour la victime qu'il est "-Luc Abratkiewicz

Le policier suspecté de l'avoir gravement blessé comparaissait devant le tribunal correctionnel le 20 octobre. L'enquête le désignera comme l'auteur des faits, ce qu'il a toujours nié, assurant avoir touché quelqu'un au thorax, et pas à la tête. Dans son réquisitoire, le parquet a réclamé six mois de prison avec sursis. Après quatre heures d'audience et un délibéré de 30 minutes, le fonctionnaire de police a été relaxé au bénéfice du doute.

"La décision rendue est méprisante" déplore Luc Abratkiewicz, l'avocat de Jean-Philippe. "Le dossier a été instruit pendant plusieurs années. Une enquête de l'IGPN. Le tir n'était pas réglementaire. Trop haut et qui avait atteint la tête de Jean-Philippe. Je pensais que l'audience allait permettre que chacun puisse s'exprimer et que la justice soit rendue, sans violence, sans vengeance et de façon effective pour ce jeune et ce policier qui avait commis une erreur de service. Jean-Philippe est une victime qui n'a rien à se reprocher. Le policier lui dit à la fin qu'il regrette. Cette décision est très méprisante pour la victime qu'il est. Son avocat plaide la relaxe, vient dire que ce n'est pas lui, mais son collègue qui se trouvait à côté. Moi je vois ça dans les dossiers de voyous. Je vais demander au parquet général de faire citer à l'audience de la cour d'appel le policier qui a été accusé par son collègue pour qu'il vienne s'expliquer et peut-être dire sa vérité. Les langues vont peut-être se délier."

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'J'aurais apprécié des excuses de la police nationale "- Le père de Jean-Philippe

Le responsable de la souffrance de Jean-Philippe n'a donc toujours pas été condamné. Son père, Serge, est dépité lui aussi. Au-delà de la sanction, il attendait simplement des excuses de la police "Au moins qu'elle admette que c'était un accident. Ce qui n'a jamais été fait", déplore-t-il.

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Le ministère public a fait appel du jugement. L'affaire ne sera pas rejugée avant plusieurs années. Quant au fonctionnaire de police du commissariat de Béziers, il a été muté en Gironde.

Jean-Philippe, blessé par un tir de LBD à Béziers en décembre 2018
Jean-Philippe, blessé par un tir de LBD à Béziers en décembre 2018 © Radio France - Stéfane Pocher

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