Incendies en Gironde : la chaleur et le vent provoquent des reprises de feu à La Teste et à Landiras

C'est le soulagement depuis ce samedi soir dans le secteur du Bassin d'Arcachon. Le feu de La Teste-de-Buch, qui s'est déclaré le 12 juillet dernier, est "fixé". Il a ravagé 7.000 hectares de pinède. Ce n'est pas le cas de l'incendie de Landiras qui a brûlé 13.800 hectares. Dans les deux secteurs, les pompiers interviennent contre des reprises de feu provoquées par le vent, la baisse de l'hygrométrie (humidité) et la chaleur. Il a fait plus de 35 degrés ce dimanche en Gironde. "Ces phénomènes devraient diminuer demain (lundi, ndlr) avec la baisse annoncée des températures" expliquaient ce dimanche soir la préfecture.

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D'après les pompiers, un incendie est "fixé" quand ils pensent qu'il ne progressera plus. Il est ensuite "maîtrisé", puis "éteint" et doit ensuite être "surveillé". Tous les détails sur le vocabulaire des pompiers est à retrouver dans cet article. Selon la préfète de la Gironde Fabienne Buccio, qui s'exprimait vendredi soir, déclarer ces deux incendies "éteints, ça sera une autre affaire, ça va prendre un certain temps". 

Au total, ces "mégafeux" ont dévoré près de 21.000 hectares de forêt en Gironde depuis le 12 juillet et contraint plus de 36.000 habitants ou vacanciers à évacuer leur logement, dont 6.000 vacanciers évacués des campings de la très touristique dune du Pilat qui ont ensuite été détruits par les flammes.

L'essentiel

• Des reprises de feu ont été recensées ce dimanche à La Teste, mais le feu reste considéré comme "fixé" car la zone où se propagent les flammes n'évolue plus
• 20.800 hectares ont brûlé depuis mardi 12 juillet (13.800 dans le Sud-Gironde, 7.000 à La Teste)
• Une information judiciaire est ouverte sur le feu de Landiras, deux magistrats désignés
• Les habitants de certaines communes sont autorisés à rentrer chez eux. Au total, 36.750 personnes ont été évacuées depuis le début des incendies
• Ces incendies n'ont fait aucune victime
• La préfecture a ouvert une cellule d'information au public : 0 800 009 763 (de 8h à 20h) 
• Écoutez France Bleu Gironde pour vous tenir au courant de la situation sur le front des incendies
• Les routes fermées à la circulation sont recensées sur le site internet du département

Dans le Sud-Gironde, le feu est "loin d'être fixé"

Les pompiers avaient de bons espoirs samedi soir. Mais ce dimanche, le maire de Landiras, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux, indique sur franceinfo que "le feu est loin d'être maîtrisé, loin d'être fixé". L'incendie qui a brûlé 13.800 hectares est "contenu, mais il reste encore actif", affirme Jean-Marc Pelletant, et dans certains endroits, "le feu a repris". Les sapeurs-pompiers sur place traitent ces reprises "au fur et à mesure, appuyés par un hélicoptère bombardier d'eau de la sécurité civile" précisent les pompiers de Gironde ce dimanche soir. 

"Le feu couve sous la tourbe et ressort à certains endroits", explique Jean-Marc Pelletant. Samedi soir, les pompiers évoquaient "une trentaine de foyers restant actifs". Selon le maire de Landiras, il faudra surveiller le feu de cette façon "pendant deux mois".

Deux Canadair et deux hélicoptères d'attaque feux de forêt étaient mobilisés aux dernières nouvelles. Alors que 1.200 pompiers étaient mobilisés en début de semaine, "actuellement il y en 350" indique le maire de Landiras sur franceinfo_. "Les colonnes de sapeurs-pompiers extra-zonales regagnent progressivement leur département",_  écrivait aussi la préfète Fabienne Buccio samedi soir dans un communiqué. Ce dimanche soir, elle précisait que "la surveillance du massif, le traitement des lisières et des reprises de feu ainsi que les travaux de génie civil" se poursuivaient. 

Des habitants toujours évacués

Un peu moins d'un tiers des 16.000 personnes évacuées de communes du secteur de Landiras n'ont pas encore reçu le feu vert du retour. Ce dimanche_, "aucune nouvelle autorisation n'a pu être accordée [...] pour permettre aux personnes évacuées de réintégrer leur logement"_ indique la préfecture. 

Ce samedi, 2.900 personnes ont pu rentrer chez elles dans quatre communes : Le Tuzan, Balizac Saint-Léger-de-Balson et de Saint-Symphorien (les hameaux de Mouréou, Les Crabeys, Gardit, Capdet et Ruisseau Blanc ne sont pas concernés). Vendredi, 6.500 habitants de Villandraut, Noaillan, Léogeats, Budos et Landiras (sauf le hameau de Manine) avaient pu réintégrer leur logement.

Des conséquences économiques dévastatrices

Jean-Marc Pelletant, le maire de Landiras, évoque notamment le sort des sylviculteurs de cette commune forestière : "J’ai des gens qui ont les larmes aux yeux, ils ont tout perdu. Cette forêt de 5.300 hectares était l'une des principales ressources du village, l'économie est aussi basée sur le bois." Selon lui, les propriétaires devront attendre "15 à 25 ans pour retrouver des revenus, si toutefois il n'y a pas" d'autres "incendies".

A La Teste-de-Buch, des reprises de feu

À La Teste, le feu est "désormais fixé". Cela signifie que la zone où les flammes se propagent n’évolue plus. Les hommes et les femmes mobilisés sur le terrain luttent toujours contre des reprises de feu annoncent les pompiers ce dimanche soir. Dans l'après-midi, les Canadair on travaillé sur le secteur  pour traiter une zone difficilement accessible. 26 largages ont été effectués.

Sur le terrain, le travail éreintant des pompiers continue. Le relief est accidenté, dunaire, il donc faut grimper pour atteindre les fumerolles, ces feux qui couvent sous une souche et émettent une petite fumée. Pour ça, "il faut tirer de la lance", souligne auprès de l'AFP Kelly Sylvestre, femme sapeur-pompier volontaire de 30 ans. "Ce n'est plus l'urgence des grandes flammes. On fait un travail de fond, de fourmi, pour éviter toute reprise, surtout qu'il fait encore chaud", dit-elle.

Les pompiers traitent les lisières, en noyant des zones non brûlées autour de zones brûlées, étouffent les fumerolles et tronçonnent des arbres couchés. Ils éteignent aussi des flammes en cas de reprises ponctuelles. "Il y en a encore beaucoup partout", assurent-ils. "Il va se passer un sacré bout de temps avant que ce feu cesse, ce sera un travail de plusieurs semaines", prévient la capitaine Pauline Aso.

Pour le sous-préfet d'Arcachon Ronan Léaustic, "il faut marteler que le feu n'est pas éteint, il peut reprendre. Aller dans la forêt reste très dangereux et c'est interdit. Des arbres calcinés peuvent tomber à tout moment".

Les habitants rentrent chez eux

Tous les évacués de la Teste ont pu regagner leur domicile. "Tous les habitants évacués" de manière préventive de La Teste-de-Buch sont maintenant "autorisés à regagner leur domicile, avec l'appui de la police nationale", a annoncé la préfecture dans un communiqué samedi. 

Josiane, une habitante de Mérignac a constaté les dégâts ce samedi à Cazaux. Sa cabane, dans laquelle elle venait tous les week-ends, a été totalement détruite par les flammes. "On a tout perdu, il n'y a plus rien" sanglote-t-elle alors qu'il n'y a plus que des débris autour d'elle. Son témoignage est à lire dans cet article. 

Dans la forêt de résineux, dense et difficile d'accès, le spectacle est inouï : des troncs explosés, des arbres couchés, des poteaux électriques à terre, des pins roussis, du sable noirci par les cendres. Pauline Aso l'avoue : "Pour un pompier de Gironde comme moi, humainement, c'est difficile de voir ça. C'est notre forêt qui brûle."

La préfecture a par ailleurs autorisé de nouveau la navigation de plaisance sur la partie ouest du lac de Cazaux-Sanguinet et dans la passe sud de l'entrée du bassin d'Arcachon. La préfète doit réunir lundi les élus et les acteurs économiques des deux secteurs sinistrés pour "préparer la sortie de crise sur le plan économique".

Des routes toujours inaccessibles 

La D259 reste fermée entre les ronds-points des Miquelots et de la dune, tout comme la route D218 entre le rond-point de la dune du Pilat et Biscarosse, et la piste 214. La Dune du Pilat reste également inaccessible.

Les infos pratiques

• Près de 37.000 personnes ont été évacuées depuis le début des incendies à La Teste et dans le Sud-Gironde. Quelques précautions s'imposent quand vous rentrez chez vous a expliqué l'Agence régionale de santé. On vous récapitule les conseils de l'ARS dans cet article complet.
• La préfecture de la Gironde a ouvert une cellule d'information au public : 0 800 009 763 (de 8h à 20h). 
• Vous voulez participer au bel élan de solidarité et donner de votre temps pour aider les personnes évacuées ? France Bleu Gironde a listé pour vous toutes les opérations de solidarité dans cet article.