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"Ils m'ont mise à genoux les mains en l'air et ils m'ont menottée" témoigne Géraldine, interpellée par erreur par la BRI

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La BRI est intervenue par erreur lundi matin chez un couple près de Rouen, dans le cadre du dossier Lafarge qui a conduit à l'interpellation de 17 personnes. La famille traumatisée dénonce la violence de l'intervention et l'absence d'excuses de la part des services de police.

La BRI est intervenue chez le couple par erreur lundi matin. La BRI est intervenue chez le couple par erreur lundi matin.
La BRI est intervenue chez le couple par erreur lundi matin. © Maxppp - Rémi Wafflart

Ils ont eu la peur de leur vie. Lundi matin, dans une commune résidentielle près de Rouen, un couple et leur fils ont été tirés du lit par les hommes de la BRI, dans le cadre du coup de filet qui a conduit à l'interpellation de 17 personnes soupçonnées d'avoir commis des dégradations sur le site du cimentier Lafarge en décembre dernier à Val-de-Reuil dans l'Eure. Une intervention très brutale qui a duré une bonne demi-heure avant que les policiers ne se rendent compte qu'ils s'étaient trompés de cible.

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"Un peu plus d'humanité n'empêche pas l'action"

Un peu avant 6h du matin, Marc* ouvre la porte de chez lui pour partir au travail, il est chauffeur routier, et il découvre devant sa porte une vingtaine de policiers, cagoulés, casqués, armés, prêts à défoncer sa porte. Le quinquagénaire est stupéfait, demande des explications, explique qu'il habite la maison depuis seulement trois mois et qu'il doit y avoir une erreur, mais les hommes de la BRI s'engouffrent dans la maison et montent au premier étage où se trouve sa compagne.

Géraldine*, 54 ans, vient de sortir de son lit. "J'étais à demi nue, ils ont tout de suite été très violents et très agressifs. Je leur ai demandé si au moins je pouvais m'habiller et là ça les a rendus dingues, ils m'ont mise à genoux les mains en l'air et ils m'ont menottée. Je leur ai demandé ce qu'il se passait, je tremblais, je pleurais et rien, aucun mot", raconte Géraldine, encore traumatisée par ce qu'elle a vécu. Les policiers l'autorisent quand même à s'habiller avant de lui remettre les menottes.

Le réveil est brutal aussi pour Paul*, le fils de Marc, qui dort au deuxième étage. "Ils déboulent dans ma chambre, ils tirent ma couette, je suis menotté, je ne comprends pas ce qui se passe en fait", témoigne le jeune homme de 18 ans, étudiant en psycho et qui n'aura même pas la force de se rendre à la fac pour un examen qu'il doit passer le jour-même.

"On n'a rien fait qui mérite d’avoir des 'playmobils' dans le jardin"

On leur demande à plusieurs reprises leurs noms et leurs prénoms, leurs dates de naissance. Une grosse demi-heure plus tard, après avoir vérifié leur identité, la BRI quitte leur domicile sans explications et surtout sans s'excuser. "Ils sont partis et ils nous ont dit 'bon courage, ça ne va pas être facile'", raconte Géraldine. "Ah, ils nous ont dit 'excusez-nous du dérangement', ce que j'ai trouvé très chic", raille cette professeure de danse, qui a bien du mal à se remettre de cette mésaventure. "C'était comme dans un mauvais film ou un jeu vidéo", confie Géraldine.

"L'erreur est humaine", a apparemment dit un policier qui a rappelé Marc dans la journée pour une ultime vérification. Marc a repris le travail mardi matin, mais la première chose qu'il a faite avant de sortir de chez lui, c'est de regarder dehors s'il n'y avait personne. "On n'a rien fait qui mérite d'avoir des 'playmobils' dans le jardin", ironise ce chauffeur routier de 50 ans.

"Les enquêteurs en sont, tout comme moi, désolés"

Le procureur de la république d'Évreux, Rémi Coutin, confirme qu'il y a bien eu une erreur de la part des forces de l'ordre dans le cadre du dossier Lafarge, "en raison d'un changement d'adresse de la personne que les policiers cherchaient à interpeller dans cette commune". "C'est bien entendu regrettable, et les enquêteurs en sont, tout comme moi, désolés", nous indique Rémi Coutin. Le couple a contacté un avocat et envisage d'engager une procédure en indemnisation.

Les prénoms* ont été modifiés.

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