Passer au contenu

"C'est l'histoire d'une descente aux enfers" : un homme condamné dans une affaire de chemsex à Bordeaux

Par

Ce lundi, le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné un homme à dix mois de prison, dont neuf avec sursis, dans une affaire de chemsex. Le parcours brisé du prévenu, qui vendait des substances, a été pris en compte. La procureure, elle, a alerté sur un risque pour la santé publique à Bordeaux.

L'augmentation de la consommation non-contrôlée de drogues de synthèse lors de rapports sexuels inquiète à Bordeaux. L'augmentation de la consommation non-contrôlée de drogues de synthèse lors de rapports sexuels inquiète à Bordeaux.
L'augmentation de la consommation non-contrôlée de drogues de synthèse lors de rapports sexuels inquiète à Bordeaux. © Maxppp - Ketty Beyondas

"Cette histoire, c'est celle d'une descente aux enfers". Au tribunal correctionnel de Bordeaux ce lundi, c'est par ces mots qu'Anaïs Karapetian, l'avocate du prévenu, entame sa plaidoirie. Dans le box, un homme d'une quarantaine d'années. Il comparait pour l'importation, la détention et la cession non autorisée de plusieurs types de stupéfiants. En mars dernier, il est retrouvé seul et inconscient par un personnel de ménage dans un Airbnb à Bordeaux.

Les services de police découvrent sur place plusieurs substances illicites : GHB, 3MMC, MDMA, ainsi que de la poudre et des cristaux non identifiés. Mais aussi du matériel : une pipe à crack, des seringues utilisées et surtout une mallette avec des balances et des sachets. Dès sa sortie de l'hôpital le lendemain, il est placé en garde à vue et reconnaît consommer et vendre ces stupéfiants, depuis 2021. Adepte de "chemsex" — des relations sexuelles avec prises de drogues, pour intensifier les sensations — il avoue également organiser des soirées à cette fin. En décembre dernier, il avait d'ailleurs déjà été intercepté en possession de ces drogues.

Parcours brisé

Ce qui intéresse pourtant le tribunal cet après-midi, c'est la trajectoire singulière du prévenu. Ancien handballeur professionnel de haut-niveau, l'homme reconnaît être tombé dans l'addiction à la 3MMC depuis à peine trois ans. Ses pratiques de chemsex, elles, sont encore plus récentes. La présidente le questionne sur son parcours : à 24 ans, une blessure sévère au genou l'empêche de poursuivre sa carrière sportive. En dépression, il trouve du réconfort en devenant aide-soignant à Bordeaux, pendant 16 ans, avant que sa blessure ne le contraigne à démissionner. Il se sépare de sa compagne et se retrouve alors sans domicile fixe, avant de plonger dans l'addiction.

Pudique, il est troublé lorsqu'on le questionne sur un possible lien entre son histoire et sa conduite autodestructrice. Car selon des témoins, il avait déjà perdu connaissance plusieurs fois lors de ces soirées. Lors de sa défense, son avocate insiste : "Cette spirale addictive, elle pourrait arriver à n'importe qui."

"Risque pour la santé publique"

Sensible à ce parcours, la procureure ne lâche toutefois pas l'affaire : plusieurs centaines de virements ont été retrouvés sur les comptes du prévenu, représentatifs d'un réseau actif concernant la cession de drogues. Mais plus généralement, elle veut alerter sur la gravité du trafic de ces "nouveaux produits de synthèse", qui prend de l'ampleur à Bordeaux.

Ces soirées chemsex, à l'écho actuel particulier, elle les décrit comme "un facteur d'augmentation de l'addiction", en s'appuyant sur de récentes études de professionnels de santé. Trois personnes ont déjà trouvé la mort en ville depuis le début d'année, suite à des soirées de ce type, ce qui devient "un vrai problème de santé publique". Le cas du prévenu, qui a ingéré par erreur une trop grande quantité de GHB, avec lequel il a mélangé d'autres substances, est inquiétant pour la procureure. "Les prises ne sont ni contrôlées ni gérées, on joue aux apprentis chimistes !" Elle requiert trois ans, dont 18 mois de sursis probatoire, avec maintien en détention et obligation de soins.

À l'issue du délibéré, l'homme est finalement reconnu coupable, mais s'en sort avec dix mois de prison, dont neuf avec sursis. "Vous savez ce que ça veut dire ?" demande le tribunal. "Je vais me soigner", conclut-il, avec l'espoir d'entamer une formation en informatique en septembre.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined