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Attentat de Nice : le procès en appel pour ne pas tomber dans l'oubli

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Le procès en appel de l'attentat du 14 juillet de Nice s'est ouvert ce lundi 22 avril à Paris. Dans le box, deux hommes vont répéter pendant deux mois n'être pour rien dans l'horrible attaque. Face à eux, des centaines de victimes luttent toujours pour se relever et pour qu'on ne les oublie pas.

sculpture l'Ange de la Baie" en hommage aux victimes de l'attentat sculpture l'Ange de la Baie" en hommage aux victimes de l'attentat
sculpture l'Ange de la Baie" en hommage aux victimes de l'attentat © Radio France - Violaine ILL

Huit ans après à Nice, l'Ange de la Baie rappelle à ceux qui s'en souviennent encore l'effroi d'un soir maudit. À part cette sculpture, la Promenade des Anglais est redevenue un immense trottoir à touristes insouciants qui défilent ou courent sous un ciel aussi bleu que la Méditerranée... La belle vie de la Côte d'Azur. Mais dans les recoins de la ville, il y a toujours des milliers de personnes marquées au fer rougedes enfants brisés, des mémoires traumatiques, des corps défigurés. Ceux qui appréhendent ce deuxième procès.

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230 parties civiles vont témoigner

Maître Nicolas Gemsa repart au combat avec des tonnes de dossiers sous le bras. "Oui, dit-il, il y a ceux qui l'ont vécu, ceux qui ont pris le chemin dit de la résilience, ceux qui ne veulent plus y penser, même fuir ce procès, cette machine à laver qu'ils considèrent comme infernale... Et il y a ceux qui veulent absolument témoigner à nouveau : déposer leurs souffrances à la barre et faire état de leurs difficultés encore présentes au quotidien. Mais ils seront moins nombreux : nous avions accompagné 47 parties civiles en 2022, ils seront 15 cette fois à témoigner."

Les chiffres donnés par la justice : 270 parties civiles avaient témoigné en dix semaines en première instance et cette année en dix jours, elles seront 230. "Ce sera une vingtaine de minutes en moyenne pour chacune. Un procès dense."

Des victimes inquiètes

Quatre associations de victimes se démènent pour accompagner les victimes et leurs proches pour ces prochaines semaines. Les représentants mobilisés. Pour Patrick Prigent de l'association Life for Nice, "ça va être compliqué, on va quand même retaper dans le négatif, il y aura de l'émotion... Et on restera inquiet tout au long des deux mois, car on ne saura qu'à la fin si la justice est destructrice ou réparatrice. On redoute la fin du procès : que restera-t-il après le 25 juin ? Mais je crois en la justice".

Patrick, rescapé de l'attentat, se rassure avec sa nouvelle famille de 70 personnes : la plus jeune adhérente a 8 ans et la plus âgée 80 ans. Ils ont tous préparé le procès. "On leur apprend même à gérer le stress en faisant de l'apnée avec des plongeurs professionnels munis d'un appareil pour évaluer le stress avec la salive."

"On se bat tout le temps"

Célia Viale, autre visage connu à Nice, a perdu sa mère dans l'attentat. Célia est une battante. Un combat perpétuel en mode survie. Elle aussi milite contre l'oubli au sein de l'une deux principales associations niçoises, Promenade des Anges. "Ici, la plupart des bénévoles sont aussi des victimes. Des victimes si nombreuses et de plusieurs nationalités, de plusieurs régions françaises, les endeuillés, blessures physiques, psychologiques... Et on se bat tout le temps pour obtenir des aides, pour du soutien scolaire ou pour des indemnités pour aller assister au procès à Paris."

"Cette fois, j'espère la manifestation de la vérité. J'espère qu'on en saura plus sur le contenu des 200 pages d'échanges sur Facebook entre l'un des accusés et l'auteur de l'attaque, le chauffeur du camion. Des pages qui n'ont jamais été traduites. Et j'espère qu'au moins les peines seront confortées en appel."

Peur d'un acquittement

Anne Murris, pilier de l'autre importante association, Mémorial des Angesredoute l'acquittement en appel pour Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb. Les deux hommes avaient fait appel du verdict en première instance après avoir été condamnés à 18 ans de réclusion criminelle et reconnus coupables "d’association de malfaiteurs terroriste" pour leur implication dans l’attentat.

"Dans ce procès, on va se répéter, ce sera un copier-coller et j'ai peur que cela entraine un manque d'intérêt. Mais c'est important de tout redire, de convaincre. Je suis toujours persuadée qu'ils étaient au courant d'un projet : ils avaient bien vu que Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l'auteur de l'attaque, s'était laissé pousser la barbe, l'un d'eux avait fait un tour en camion sur la Prom' avec lui... il y a ces maraudes à Vintimille : pour recruter ?"

"Je me souviens avoir entendu, lors du premier procès, le président de la cour parler de "convergences d'éléments" qui, pris isolément, ne signifient pas grand-chose, mais mis bout à bout laissent présager une connaissance précise du projet d'attentat. Je ne suis pas sereine."

Une petite salle de retransmission à Nice

Enfin, c'est juste un hasard, au bout du bout de cette célèbre Promenade des Anglais, sous le nez de l'aéroport, dans le quartier dit des affaires, une salle de 93 places a été spécialement aménagée pour permettre aux victimes de suivre le procès en appel. Loin de la capitale, les habitants ont à nouveau la possibilité de suivre à distance les audiences sur des écrans, mais ils redoutent déjà que certains jours, la salle soit trop petite.

"Je veux assister à mon procès"

Près de 90 places pour le personnel de justice, de police, des psychologues, les parties civiles, les avocats, les journalistes et le public. Le public sera-t-il accepté s'il n'y pas assez de places pour les victimes ? "J'espère que ce sera un peu organisé ! Je me vois très mal être refusée en tant que victime à la salle de retransmission" assure Kimberley, 22 ans. La jeune fille aux grands yeux noirs vit dans un corps fragile, gravement abimé. Pour elle, il faut s'assurer que les parties civiles seront prioritaires sur les visiteurs : "Je veux assister à mon procès, c'est mon cauchemar, pas celui du public. J'ai peur qu'on nous abandonne."

Des enfants vont témoigner pour la première fois

L'attaque au camion bélier a fait 86 morts, 458 blessés et touché des centaines d'enfants dont 700 ont reçu un suivi médical. Une dizaine de jeunes victimes parties civiles de moins de 15 ans devraient témoigner au procès en appel, selon Hager Ben Aouissi de l'association "Une voie des enfants".

Environ 30.000 personnes se promenaient ce soir de fête nationale du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais.

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