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Assises de la Somme : un couple reconnaît avoir planifié l'assassinat de la nouvelle compagne du mari

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Un homme et son épouse ont admis ce mercredi devant la cour d'Assises de la Somme avoir planifié la mort de Léa, 23 ans, la nouvelle compagne du mari. L'accusé affirme qu'il était tiraillé entre ses deux relations, son épouse qu'elle était prête à tout pour récupérer son mari.

Illustration du tribunal d'Amiens. Illustration du tribunal d'Amiens.
Illustration du tribunal d'Amiens. © Radio France - Pierre-antoine Lefort

Ils reconnaissent avoir prémédité la mort de Léa en septembre 2021 : un homme et son ex-épouse sont jugés depuis ce mercredi matin devant les Assises de la Somme à Amiens. Bernard et Laura, tous deux âgés de 32 ans, sont jugés pour assassinat. L'épouse avait volontairement percuté en voiture Léa, la nouvelle compagne de son mari, le 14 septembre 2021 au soir ; ce dernier avait élaboré ce projet, car il se sentait tiraillé entre ses deux relations et ne parvenait pas à se séparer de sa nouvelle conjointe.

Un accusé "tiraillé" entre ses deux relations amoureuses

Le couple avait renoué environ un an avant le drame. La double vie de Bernard, son épouse la vivait très mal ; lui dit qu'il n'arrivait pas à choisir. "Avec Laura, il y avait la stabilité, avec Léa c'était de la passion : il n'arrivait pas à faire un choix entre ces deux situations", relate l'enquêtrice de personnalité, qui a dressé le portrait de Bernard. Au fil de ses auditions, Bernard relate que sa relation avec Léa battait de l'aile, qu'elle l'avait trompé et qu'elle menaçait en cas de rupture de révéler certaines choses - notamment qu'il avait frappé un homme - s'il la quittait.

Devant la Cour, Bernard explique que c'était faux mais qu'il a insisté pour convaincre sa femme d'éliminer Léa : pour le mari et son épouse, explique le président en lisant les faits, c'était la seule manière de reprendre leur vie commune, avec leur fils. Bernard affirme également que sa femme lui "mettait la pression" pour rompre avec Léa. Laura et Bernard, tous deux 32 ans, sont divorcés depuis juin 2023 : " J'ai demandé le divorce quand j'ai compris qu'il m'avait menti sur les menaces de Léa ", détaille la jeune femme.

Deux à trois mois avant la mort de Léa, plusieurs pistes sont évoquées : empoisonnement, droguer la victime, la tuer lors d'une promenade en forêt... Finalement, au lendemain d'une énième dispute avec Léa, Bernard décide que son épouse devra renverser la jeune femme avec sa voiture, alors que lui et Léa seront sur le bord de la départementale 916. Laura explique qu'elle était "prête à tout pour récupérer son mari". "Vous avez perdu votre sœur dans un accident de la route, vous n'avez pas imaginé la douleur de la famille de la victime ?" "Non, ça ne m'est pas venu à l'esprit", répond la trentenaire.

"On ne se disputait pas avec Laura quand on parlait de ce projet"

"Après avoir tué Léa, vous imaginiez vraiment reprendre votre vie normalement, avec votre enfant, une maison… les cadeaux au pied du sapin à Noël ? " demande le président. Laura explique avoir essayé de dissuader son mari dans un premier temps sur ce scénario mortel, avant de changer d’avis. L'enquêtrice de personnalité présente Laura comme une jeune femme qui a beaucoup été harcelée dans son enfance, pour son physique et son poids : "Bernard est la première personne qui l'a acceptée comme elle est : et pour ça, elle avait pour lui un amour inconditionnel, voire irrationnel", analyse l'enquêtrice. "Est-ce que renverser mortellement Léa était la preuve ultime de votre amour pour Bernard ?" interroge l'avocate de Laura, Maître Marie Fouquart. "Oui, c'est exact. Je m'en veux beaucoup", répond l'accusée.

"À aucun moment, les trois mois où vous préparez ce projet, il n'y a de prise de conscience ?" demande l'avocate des parties civiles, Mathilde Cormier, à l'accusé. "Non Madame", répond Bernard. Lui indique qu'il ne se voyait pas mettre ce projet à exécution seul : "Le seul moment où on ne disputait pas avec Laura, c'était quand on parlait de ce projet : moi, j'étais tranquille pendant ce temps, elle ne me faisait pas de reproches. Mais je ne voulais pas que ça se termine comme ça, je ne pensais pas qu'on irait au bout".

Place aux auditions des témoins ce mercredi après-midi

Ce mercredi après-midi, quatre témoins ont été appelés à la barre. Le premier, un ancien collègue de Bernard, est l'une des premières personnes arrivées sur place après l'accident : "Bernard m'a dit "On a renversé ma copine, elle est morte". Il avait l'air sous le choc : il était au téléphone avec les pompiers mais n'arrivait pas à leur expliquer où il se trouvait. J'ai pris le téléphone, j'ai pris le pouls de Léa, elle n'en avait plus. Je lui ai ensuite fait un massage cardiaque jusqu'à l'arrivée des secours", relate ce jeune homme, qui se dit toujours très choqué deux ans et demi après les faits.

Ensuite, une amie d'enfance de Léa : "Au début, la relation entre Léa et Bernard était très bien, puis au fil du temps il y a eu beaucoup de jalousie, détaille la jeune femme. Léa avait coupé les ponts avec pas mal d'amis, elle ne pouvait rien faire : elle qui était très coquette a arrêté de prendre soin d'elle alors qu'elle était avec Bernard. Elle m'avait dit trois mois avant son décès avoir l'intention de quitter Bernard parce que n'allait plus". Ce témoin rapporte ne pas avoir vu de violence dans le couple, mais "des sautes d'humeur de Bernard, qui pouvait quitter la pièce ou casser des choses de colère."

À noter aussi le témoignage d'un des frères de Bernard, et de sa compagne, qui n'arrivent pas à croire en la culpabilité de celui-ci : "Je n'arrive pas à croire que Bernard est impliqué dans tout ça : il était très malheureux après la mort de Léa, détaille la belle-sœur de l'accusé. Pour moi, Laura est la seule responsable, c'est elle qui était derrière le volant". Le frère de Bernard abonde : "Mon frère est un bosseur, très gentil : je suis très étonné à l'idée qu'il ait pu faire ça. Pourtant, il nous le répète à chaque fois qu'on le voit en prison, mais je n'arrive pas à y croire".

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