Accident du TGV à Eckwersheim: "Une catastrophe humaine sans précédent" dit l'ex PDG de la SNCF Guillaume Pépy
L'ancien PDG de la SNCF Guillaume Pépy est venu témoigner à la barre du tribunal correctionnel de Paris ce lundi au premier jour du procès de l'accident du TGV d'Eckwersheim. Il a reconnu que la SNCF avait une responsabilité morale dans la catastrophe.
Au premier jour du procès de l'accident du TGV d'Eckwersheim, l'ancien PDG de la SNCF, Guillaume Pépy a témoigné du traumatisme de la catastrophe ferroviaire survenue le 14 novembre 2015. L'accident a fait 11 morts et 42 blessés. Le drame a touché, l'ensemble du monde des cheminots, qui "n'imaginait pas qu'un TGV pouvait dérailler". Il a reconnu que la responsabilité morale de la SNCF était entière, mais que la réponse judiciaire était justement l'objet de ce procès.
La SNCF, ses filiales Systra et SNCF Réseau ainsi que trois employés sont sur le banc des prévenus. Ils sont poursuivis pour "homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité". En début d'audience, tous ont expliqué qu'ils plaideraient la relaxe.
La famille des cheminots en état de choc
D’une voix forte et posé, l’ancien PDG de la SNCF, vient raconter, ce que lui considère encore aujourd’hui, près de 9 ans après l’accident du TGV à Eckwersheim, comme une "catastrophe humaine sans précédent".
Guillaume Pépy raconte la sidération au moment où on lui apprend l’accident. On est au lendemain des attentats, du 13 novembre. Au départ, il pense même à la piste terroriste. Jamais, explique-t-il, il n’aurait pu imaginer le déraillement d’un train à grande vitesse : "ce n’était jamais arrivé".
Il dit aussi le drame de ce procès. Tout un monde de cheminots touchés. "L’un des drames dans le drame, c’est qu’il y a des grands pros qui sont les victimes, des grands pros parmi les parties civiles et des grands pros parmi les prévenus".
D’ailleurs, la présidente du tribunal l’a souligné en début d’audience : victimes, prévenus et témoins s’entremèlent dans ce procès. "On a peu l'habitude d'avoir des catégories - témoins, parties civiles, prévenus - qui se confondent à ce point. Certains témoins sont parties civiles, des prévenus sont parties civiles, mais tous font partie d'une catégorie polymorphe, celle de victime".
Une responsabilité morale de la SNCF
" Il y a une responsabilité morale entière de la SNCF et ses filiales. Une responsabilité civile à 100%. Quant à la responsabilité judiciaire, ce n'est pas à moi de l'établir ", explique l'ex PDG.
A la barre, Guillaume Pépy explique les procédures, avec une sécurité ferroviaire au cœur des préoccupations des cheminots. Il note qu’au moment du drame, personne n’évoque des défaillances techniques. Le limitateur de vitesse était désactivé, "mais c’était pour l’occasion, afin de permettre les tests de survitesse". Il reconnait aussi que des mesures ont été prises suite à l’accident, notamment l’interdiction des invités lors des essais.
Des erreurs ont forcément été commises
Pour l’ancien PDG, les institutions ne sont pas la cause élémentaire de l’accident. C’est le facteur organisation, fonctionnement humain qui a joué.
Quand l’avocat des parties civiles, Gérard Chemla le malmène un peu, il finit par reconnaitre "Des choses ont été ratées, notamment l’analyse du risque". En creux, il semble désigner Systra, qui est le commanditaire des essais.
Le discours de l'ancien PDG n'est pas forcément du goût de toutes les parties civiles. Ceux qui ont perdu un fils, une fille, un mari, avaient, en début d'audience expliqué, qu'ils voulaient que les responsabilités soient assumées.
Nos articles incontournables sur le sujet :
- Les enjeux : Que faut-il attendre du procès ?
- AUDIO : "Le TGV, c'est comme le Titanic, il ne pouvait pas dérailler"
- Procès : au premier jour d'audience, victimes et prévenus marqués par le drame
- Le conducteur de la rame d'essai "ne veut pas être l'unique responsable"
- Témoignage – Nicolas a perdu son père dans l'accident : "J’attends que les responsables assument"
- Témoignage - Jacques et Christine ont perdu leur fils
- Archives – Le jour de l’accident, un TGV déraille près de Strasbourg
- Récit – les témoins racontent le jour de l’accident
- L’enquête – Le rapport du BEA-TT pointe le freinage tardif et des erreurs d'appréciation
Ma France : Améliorer le logement des Français
Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.
Alsace : l'info en continu
Alsace : les plus consultés
Inondations dans le Bas-Rhin : les pics de crues sont passés mais la vigilance orange est maintenue
France Bleu AlsaceEN IMAGES - Inondations dans le Bas-Rhin : Diemeringen sous les eaux
France Bleu AlsaceSainte-Croix-aux-Mines : une femme de 25 ans décède dans un accident de la route
France Bleu Alsace