Un collectif d'habitants de Camps-la-Source s'oppose au projet de parc photovoltaïque au milieu de la forêt

Faut-il déboiser une forêt pour développer les énergies renouvelables ? La question est sur toutes les lèvres à Camps-la-Source (Var), commune du Var de 1900 habitants. La mairie souhaite en effet, en partenariat avec l'entreprise Voltalia, implanter une centrale photovoltaïque de 50.000 panneaux sur deux parcelles situées en plein cœur de la forêt. Au minimum 30 hectares seraient concernés pour produire 30 MWc.

Ce projet fait bondir le Collectif citoyens campsois qui ne veut pas entendre parler de déforestation et qui a lancé une pétition (1500 signatures à ce jour). "C'est un non-sens ! On nous parle d'énergie verte mais à partir du moment où on coupe des arbres, cela ne peut pas être une énergie verte. Nous ne sommes pas contre les panneaux mais pas au milieu de la forêt. " indique Christine Mestre, secrétaire du Collectif.

Un "champ solaire" sur 1,3% de la surface de Camps-la-Source

De son côté, David Clercx, le maire de Camps-la-Source, rappelle que ce projet de "champ solaire", inscrit dans son programme électoral, est également une obligation pour répondre aux exigences de transition énergétiques fixées par le gouvernement : "Dans le Var, nous sommes déjà en retard sur les objectifs fixés. Et comme notre département est l'un des plus boisés de France, nous allons malheureusement devoir prendre une partie des forêts. Ce n'est pas ce qui nous ravit le plus mais ces parcelles, communales et privées, ne représentent qu'1,3% de la surface de la commune et elles limitent l'impact visuel. Si j'avais eu un autre site, une carrière ou une décharge, j'en aurais été très heureux et j'aurais choisi ce site" explique-t-il au micro France Bleu Provence.

"On va détruire toute la biodiversité"

"Une infirme partie" selon l'élu mais c'est déjà trop pour le collectif qui estime qu'en plus des 30 hectares qui accueilleront les 50.000 panneaux solaires, "au moins 40 hectares seront également détruits pour créer les zones techniques de la centrale et les pistes qui permettront d'accéder aux panneaux". Pascal Mayol, écologue campsois membre du collectif, se dit très inquiet pour la nature : "Nos forêts vont vraiment souffrir car il faut bien comprendre qu'au-delà de couper les arbres, on va surtout les dessoucher, les décrocher du sol. On va donc détruire toute la biodiversité, toute la vie sur cet espace pour y installer une usine photovoltaïque !"

Le collectif aurait donc aimé que la municipalité suive les préconisations de la loi : implanter la centrale photovoltaïque sur des zones déjà urbanisées. "Une ombrière pourrait être installée sur le grand parking situé au cœur du village, les bâtiments publics pourraient aussi en recevoir. Certains habitants sont même prêts à donner un bout de leur toiture pour éviter la destruction de la forêt" précise Christian Kuch, président du Collectif.

"Nous étudierons toutes les propositions" répond le maire qui promet que l'installation de panneaux solaires est déjà prévue certains bâtiments publics. L'élu ajoute aussi que "si les arguments écologiques nous ont animés au départ, les arguments financiers ne sont pas négligeables non plus". L'opérateur Voltalia reversera en effet 175.000 euros de loyers et de taxes tous les ans pendant 40 ans: "cela représente 10% de notre budget, ce n'est pas rien ! Les 6 prochains maires de Camps auront des finances confortables" indique David Clercx