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Inondations dans le Pas-de-Calais : des habitants de Blendecques demandent à être indemnisés pour partir

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Alors que la décrue de l'Aa s’amorce, des riverains de Blendecques créent un collectif dans le quartier Salengro, qui est coincé entre deux bras du fleuve. Ils ont été inondés trois fois depuis novembre. Même s’ils ne sont pas unanimes, ils demandent que l’Etat les indemnise pour partir.

A Blendecques, un collectif de riverains s'est constitué ce vendredi (ici avec le maire Rachid ben Amor). Certains veulent partir et en appellent à l'Etat. A Blendecques, un collectif de riverains s'est constitué ce vendredi (ici avec le maire Rachid ben Amor). Certains veulent partir et en appellent à l'Etat.
A Blendecques, un collectif de riverains s'est constitué ce vendredi (ici avec le maire Rachid ben Amor). Certains veulent partir et en appellent à l'Etat. © Radio France - Matthieu Darriet

A Blendecques, près de Saint-Omer, c'était leur petit coin de paradis au bord de le l'Aa. C'est devenu leur enfer, dont ils ne veulent plus. Un collectif de riverains du quartier Salengro s'est formé ce vendredi alors que le Pas-de-Calais est repassé en vigilance orange pour les crues. Jean-François en est le porte-parole : "Depuis le 6 novembre, on vit l'enfer. Nos vies ont été bouleversées. Le drame vient de ressurgir, encore plus puissant, encore plus fort. Et nous, on souhaite vraiment faire un appel au secours aux pouvoirs publics, pour être aidés. Certains souhaiteront rester, chacun son chemin, chacun son âge, chacun son vécu. Mais il y a aussi maintenant beaucoup de gens qui ont compris qu'ici c'est le lit de la rivière. On aimerait pouvoir partir dignement."

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Riverain du quartier, l'élu Vincent Maquignon poursuit : "Soit ils arrivent à nous protéger, soit ils nous disent clairement vous êtes improtégeables et on vous indemnise à hauteur d'avant sinistre. On veut partir la tête haute et en sécurité. Parce que le jour où ça arrivera en pleine nuit avec une digue qui cède plus haut, on aura des morts."

"Qu'est-ce qu'on va léguer, ici ? "

"Ces maisons sont le travail d'une vie, ajoute Jean-François. Qu'est ce qu'on va léguer ici ? On veut se sortir de ce bourbier le plus dignement possible. Avant sinistre, toutes ces maisons étaient quand même relativement bien évaluées. Et qu'est-ce qu'elles valent maintenant ? On regarde la réalité en face et on pense qu'il faut redémarrer ailleurs."

Les habitants de ce quartier sont très soudés depuis longtemps, mais il y a désormais quelques tensions au sujet de leur avenir. Ils ne peuvent plus parler d'une seule voix. Pas question de partir, par exemple, pour Yvette : "Non, pas question ! Parce que c'est sentimental. C'est mon mari qui a fait toutes les maisons. C'est bien d'avoir des sentiments dans la vie et c'est bien d'essayer de braver le danger, quand même. Je suis prête."

"Bien sûr que ça va recommencer !"

Cette démarche, qui vise à se faire entendre de l'Etat, vient des habitants sinistrés. Mais le maire de Blendecques, Rachid ben Amor, comprend la volonté exprimée par la majorité : "Les gens me demandent souvent est-ce que ça va encore revenir ? Mais bien sûr que ça va revenir ! Quand ça va remonter, l'année prochaine ou peut être même cette année, il y aura à nouveau des inondations. Dès que ça monte, ce quartier est mort ! Il y a un village dans les Alpes qui a été complètement exproprié par l'Etat. Les gens ont été indemnisés à la valeur de la maison avant les dégâts."

Si le quartier Salengro est concerné au premier chef, des riverains de l'Aa, venus d'autres secteurs comme l'Ermitage, sont épuisés, eux aussi, comme Francine et Michel : "Même quand ça monte un peu, à chaque fois, on est inondé. J'ai 76 ans bientôt, je voudrais bien partir," explique Michel. "On est perdu, ajoute Francine. On est fatigué. On avait tout remis, des appareils neufs, des radiateurs, tout refait à neuf. Et de nouveau, il faut tout recommencer ! C'est désespérant."

En disant que le sujet des expropriations n'était pas tabou, le gouvernement a ouvert une porte que de nombreux sinistrés sont décidés à franchir. En Vendée, après la tempête Xynthia, l'Etat avait racheté 800 biens et 460 en Charente-Maritime, pour une facture totale 317 millions d'euros.

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