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Inondations dans le Pas-de-Calais : rester ou partir, le dilemme des sinistrés

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Après avoir subi quatre inondations en dix jours dans le Pas-de-Calais, les sinistrés et les élus se posent cette question : faut-il partir ou rester dans ces zones inondables ? Le débat divise, jusque dans les familles.

Daniel vit, avec son épouse, dans leur camping-car : leur maison a été inondée, à Hesdigneul. Daniel vit, avec son épouse, dans leur camping-car : leur maison a été inondée, à Hesdigneul.
Daniel vit, avec son épouse, dans leur camping-car : leur maison a été inondée, à Hesdigneul. © Radio France - Matthieu Darriet

Frédéric habite dans une des zones des plus touchées par les inondations à Hesdigneul-lès Boulogne dans le Pas-de-Calais. Il vit là depuis toujours, sur un terrain qui lui vient de son arrière grand-mère. Sa mère vivait dans la maison d’à-côté. Il le dit clairement : il veut partir, quitte à perdre de l’argent, quitte à ne toucher que la moitié ou 60% de la valeur de sa maison. Et son épouse est plus déterminée encore que lui.

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Mais partir, ça ne se fera pas comme ça. C’est ce que raconte Yves Hennequin, le maire du village qui est lui-même-sinistré : "Si les gens veulent partir, qui va acheter ce genre de biens ? Ça va être très difficile. Et puis, rester, c'est vivre avec l'angoisse d'être à nouveau inondé. Donc ça va être compliqué pour certains. L'avenir est très incertain."

Des expropriations dans les zones les plus sinistrées ?

Faut-il dès lors envisager des rachats de biens ou des expropriations plus coercitives par l'Etat ? "Je pense qu'à un moment, il faut envisager, pour certaines habitations, ce moyen-là, explique Yves Hennequin. Après, chacun doit aussi s'équiper en batardeaux et en pompes. On s'aperçoit qu'on ne l'est pas assez. La loi avait prévu un financement à 80 % pour certaines habitations. Je pense qu'il va falloir l'élargir à plus d'habitations. Ce sont des solutions qui doivent être multiples et à tous les niveaux."

"Il y a des maisons construites depuis 50 ou 60 ans et qu'il ne serait plus possible de construire aujourd'hui, avec les règlements d'urbanisme, poursuit le maire d'Hesdigneul. Elles sont là, mais maintenant, comment faire ? L'expropriation est une solution, mais à quel prix et qui paye ? Les gens sont prêts à ça. Certains qui ne l'étaient pas ont changé d'avis, après ces douzes jours d'inondation."

Financer le départ des sinistrés les plus exposés, c’est ce que l’Etat a fait en Vendée, après la tempête Xynthia qui avait 47 morts en 2010. Près de 700 maisons avaient été reprises par l’Etat, en grande partie à l’amiable. Mais dans la vallée de la Liane, la majorité des sinistrés ne semble pas prête. Avec le dérèglement climatique, beaucoup ont conscience que ces inondations vont devenir moins exceptionnelles. Même si on parle d'une crue millénale qui n’est censée se produire que tous les mille ans.

"Faudrait qu'ils payent cher pour que je parte !"

Daniel et son épouse ont un étage pour se réfugier, mais leur rez-de-chaussée est à refaire entièrement. En attendant, comme ils n’ont pas de chauffage, ils vivent dans leur camping-car. Partir ou rester le débat agite le couple : "Mon épouse habitait à côté de la maison. Ses grands-parents sont venus des Flandres en 1900. Mais je suis peut-être plus attaché à la maison que ma femme. Elle en a marre et il y a des moments où elle voudrait partir. Moi, je ne me vois pas partir. Et puis ce sont les maisons qui ont perdu combien ? Peut être pas la moitié de leur valeur ! Et si on me proposait des indemnités, faudrait vraiment qu'ils payent cher ! On avait déjà été inondé en 2000 et en 2019, mais là on avait investi 10. 000 € dans des batardeaux et dans des pompes. On a tenu jusqu'à temps que ça passe au-dessus."

A Saint-Léonard, autre commune massivement touchée, la question du positionnement de nombreuses entreprises, d’imprimerie, d’automobile ou d’électronique, représentant plusieurs centaines d’emplois, pose aussi des questions dans la zone industrielle de la Liane.

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