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Gel : la semaine de tous les dangers pour les agriculteurs, déjà de gros dégâts dans les vignes

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Les agriculteurs seront à nouveau sur le qui-vive ce mardi soir, avec les nouvelles gelées annoncées par Météo France. Certains font déjà les comptes, alors que le froid a détruit une partie de leur récolte.

Les vignes ont subi de gros dégâts. Les vignes ont subi de gros dégâts.
Les vignes ont subi de gros dégâts. © Getty - Kolderal

C'est la hantise des agriculteurs : le coup de gel au mauvais moment, qui anéantit toute une récolte. Ce mardi soir encore, Météo France annonce des gelées blanches. Si les températures négatives ne sont pas exceptionnelles fin avril, la douceur qui a précédé a fait sortir les bourgeons. Vignes, kiwi, abricotiers, pommiers ont déjà "débourré". "Toutes les vignes étaient à un stade très avancé. Elles sont toutes sorties et c'est vraiment le plus sensible", explique Philippe Bulabois, viticulteur à Arbois dans le Jura.

"Cela peut faire des ravages sur les cultures", s'alarme Françoise Roch, présidente de la Fédération nationale des producteurs de fruits. Selon elle, aucune région n'est à l'abri, des vallées encaissées du sud de la France au nord-est en passant par le Puy-de-Dôme ou la Bourgogne. D'autant que l'humidité ambiante aggrave le problème : "C'est vrai qu'en général, quand on associe température froide et humidité, les dégâts sont plus significatifs. Malheureusement, depuis de très longs mois, nous sommes confrontés à une pluviométrie très élevée. Les sols sont gorgés d'eau et l'humidité est très importante", complète Damien Leclerc, directeur de la coopérative de la Chablisienne, dans l'Yonne.

Résultat, "on ne dort pas très bien", assure Emmanuel Fournier, arboriculteur à Vouneuil-sur-Vienne, dans la Vienne.

Bottes de paille, bougies, éoliennes, tout est bon

"On lutte contre ce risque en utilisant des éoliennes pour brasser de l'air et réduire l'humidité, en installant des bougies dans les vignobles ou en utilisant l'irrigation, en pratiquant l'aspersion", liste Jérôme Despey, lui-même viticulteur dans l'Hérault. Cette dernière technique consiste à asperger les vignes ou les arbres fruitiers pour enrober les bourgeons d'une fine couche de glace, elle agira comme un petit igloo pour les protéger des températures inférieures à 0°C. "Partout où ils existent, ces dispositifs sont activés, mais on estime que moins de 20% des surfaces peuvent être protégées à l'échelle nationale".

"C'est 15 euros la bougie et il en faut environ 800 par hectare. Ce qui représente entre 12.000 et 15.000 euros au total pour notre hectare et demi que nous décidons de prioriser, alors que notre domaine est étendu sur 14 Ha", calcule Joris Faudot, viticulteur à Mesnay dans le Jura.

En Alsace, la centaine de vignerons des secteurs de Mittelwihr, Bennwihr et Beblenheim a mis en place un "protocole commun", explique Thibault Specht : "On a une ou deux personnes par commune qui tournent à partir de minuit et demi et qui regardent les températures. Si la température est inférieure à 2°C, on se met en position, si on voit que la température continue à baisser, on appelle les collègues pour être prêts à allumer" des bottes de paille humides, pour faire de la fumée et générer un écran protecteur. "Les vignerons, comme beaucoup d'agriculteurs, ne récoltent qu'une fois par an. Donc un loupé et c'est l'année entière qui est compromise".

À Saint-Émilion, les viticulteurs tentent de sauver leur récolte.
À Saint-Émilion, les viticulteurs tentent de sauver leur récolte. © AFP - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT

Déjà de gros dégâts dans les vignes

"À mon avis, il y a des dégâts majeurs dans tout le vignoble, ça va être une catastrophe" anticipe Joris Faudot, le vigneron de Mesnay, sur France Bleu Besançon, alors que le gel a frappé le vignoble jurassien dans la nuit de lundi à mardi. Dans le vignoble Gaillac (Tarn), les premières estimations tournent autour de 30% de pertes, avec de grosses disparités selon les parcelles.

C'est pire dans le Luberon : "Sur l’ensemble du vignoble, plus de 60% des sarments vont mourir. On compte les sarments encore vivants sur les doigts de la main”, se désole Thibault Richard, viticulteur à Joucas. "On a des parcelles qui sont totalement détruites. Il y a plus un seul bourgeon vert, tout est grillé par le froid, tout est détruit", estime même Joël Bouscarle, président du Syndicat des vignerons de l'AOC Luberon, sur France Bleu Vaucluse. Même chose dans les vignes autour de la montagne Sainte-Victoire, à côté d'Aix-en-Provence, où "il n'y a plus rien. C'est lunaire !", témoigne Fabien Doudon, viticulteur à Trets.

À Branceilles en Corrèze, la vigne a grillé sur pied.
À Branceilles en Corrèze, la vigne a grillé sur pied. © Maxppp - Stéphanie Para

Les températures commenceront à remonter jeudi, et plus nettement vendredi, pour retrouver les niveaux de saison samedi. Si le risque de gelées en plaine sera écarté dans le Sud-Ouest dès jeudi, d'après Météo France, il "se maintient jusqu'à vendredi du Massif central au flanc est".

En 2021, les températures avaient brutalement chuté jusqu'à -5 ou -6°C, et le gel avait détruit 40% de la production d'abricots et ravagé des vignobles entiers, coûtant plus de 400 millions d'euros à l'Etat.

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