Frelons asiatiques en Bretagne, faut-il les piéger en ce début de printemps ?

Cette fin d'hiver est une époque particulière, puisqu’elle marque le début de la saison du frelon asiatique et la crainte pour les apiculteurs de voir leurs abeilles dévorées par cette espèce invasive, apparue en 2004 en France et en 2008 en Ille-et-Vilaine, à Saint-Malo. Le frelon asiatique se plaît beaucoup dans les départements du Grand Ouest, où les hivers sont peu rigoureux et les étés offrent des ressources en nourriture et en eau.

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Des pièges sélectifs

En cette fin d’hiver, les températures remontant, les femelles fécondées qui se sont abritées l'hiver vont tenter de refonder une colonie au printemps. Le plan de lutte nationale contre le frelon recommande de les piéger, tout comme le Groupement de Défense Sanitaire des Abeilles (GDSA) d'Ille-et-Vilaine. Mais son Président Jean-Yves Sénéchal tempère en orientant vers des pièges dits sélectifs. Il faut que les insectes "qui n'ont pas à y rester doivent pouvoir en sortir et qu'on ne garde que les fondatrices", explique-t-il, insistant sur les fameux pièges bouteilles qui sont une catastrophe au niveau écologique, car "on piège énormément d'insectes utiles. Notamment des futurs reproducteurs ou des insectes qui vont faire de la lutte dans les champs ou dans votre jardin", des insectes pollinisateurs aussi. "Donc le fait de les avoir détruits au printemps, on impacte la biodiversité pour les mois qui vont suivre", insiste Jean-Yves Sénéchal.

Cyrille Lejas, directeur de la Fédération des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles d’Ille-et-Vilaine (FGDON 35) estime que le piégeage des fondatrices est une fausse bonne idée. "Nous l’avons testé à grande échelle de 2014 à 2018. (…) Après des phases comparatives entre territoires piégés et non piégés, les résultats escomptés n’ont jamais été probants et le piégeage a été abandonné progressivement". Et de prendre l’exemple de Betton où une grande campagne de piégeage a été menée l’an dernier, avec 1.600 potentielles reines capturées en mars et avril. On y a constaté "une progression inexpliquée et inexplicable d'environ 30 % du nombre de foyers", alors que c’était stable sur les communes limitrophes qui n’avaient pas mené de piégeages massifs.

L’explication de Cyrille Lejas tient à la concurrence que se livrent les fondatrices qui vont jusqu’à s’entretuer. "On s'est aperçu qu’au pied d'un nid primaire, en début de saison, on pouvait trouver entre dix et vingt reines de mortes la même semaine, ce qui était bien le signe de l'affrontement. Quelques fois dans le nid qu'on va avoir au mois de juin, c'est peut-être la vingtième reine et non la première qui l’a commencé".

Là où tout le monde s’accorde, c’est sur la conduite à tenir fin mai – début juin, une fois les nids installés, qu’il faudra détruire. "À la limite, attendez un peu parce qu'il y a toujours une compétition entre les reines qui se tuent entre elles. C'est vrai, tout le monde a envie de se venger sur le frelon, mais il faut le faire de façon raisonnable". Viendra ensuite, à l’été, la protection des ruchers. Pour aider et conseiller, les collectivités comme les particuliers en Ille-et-Vilaine, une plateforme téléphonique est mise en place à partir du 1ᵉʳ avril, au 09.75.53.57.91.