Drogues, violences, rave-party : la préfecture d'Ille-et-Vilaine dresse le bilan sécuritaire de l'année 2023

Comme Philippe Gustin l’avait annoncé dès son arrivée à Rennes, la lutte contre les stupéfiants reste sa priorité. Le préfet d'Ille-et-Vilaine a présenté ce mercredi le bilan sécurité de l’année 2023 dans le département. Des opérations de harcèlement ont été menées sur les 32 points deal recensés en Ille-et-Vilaine (29 à Rennes, deux à Fougères, un à Saint-Malo) l'année dernière.

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Selon le Directeur Interdépartemental de la Police Nationale Yannick Blouin, il y a des interpellations à Rennes toutes les nuits, par les brigades spécialisées de terrain, à Maurepas, au Blosne, dans le centre ou à Villejean. Justement à Villejean, "la nuit dernière, des 'parisiens' ont été interpellés avec 13.000 euros sur eux du côté de Marbaudais". Il y a aussi le cas de la place du Banat dans le quartier du Blosne, où "on est sur 50.000 à 75.000 euros par jour" de chiffre d’affaires.

D’où l’objectif de mener des opérations coup de poing pour "déranger", avec le renfort ponctuel de la CRS 82 qui est intervenue quatre fois sur des opérations antidrogues, depuis son installation dans la région en novembre 2023. Depuis septembre aussi, la police escorte le prestataire qui vient nettoyer les barricades et dégager les encombrants qui gênent l’action des policiers dans les points de deal.

Mais tout le territoire est "gangréné, y compris dans les petits villages", a dit Philippe Gustin. Quelque 34 kg d’héroïne ont été saisis en 2023 en zone gendarmerie (1,2 kg en 2022), où sont menées, là aussi, des opérations coup de poing comme "tempête" en novembre. À noter que 42% des détenus incarcérés à la prison de Rennes-Vezin le sont pour des infractions liées aux stupéfiants, 34,7% pour la maison d’arrêt de Saint-Malo.

40% des gardes à vue pour violences intrafamiliales

Autre "priorité" du préfet, la lutte contre les violences intrafamiliales, qui concernent 40% des gardes à vue et 24% des détenus de Rennes-Vezin (19% à Saint-Malo). Quelque 106 places d’hébergement sont dédiées aux femmes victimes, dont plus d’un tiers ont été créées l’an dernier. L’État a d’ailleurs participé à l’ouverture de la Maison des femmes Gisèle Halimi. Huit intervenants sociaux pour accompagner les victimes et former les personnels de police et de gendarmerie ont aussi été déployés. À noter que 547 auteurs de violences ont été accompagnés, entre 2021 et 2023 en Bretagne, dans le but d’éviter la récidive.

3.000 cambriolages en zone gendarmerie en 2023

Autre fléau, les cambriolages. Ils sont en hausse en zone gendarmerie, où il y en a eu 3.000 l'an dernier. Ils relèvent soit du cambrioleur d'opportunité, qui est souvent un habitant du secteur, soit de phénomènes "sériels", explique Nicolas Bénévent, commandant du groupement de gendarmerie d'Ille-et-Vilaine. Il s'agit de réseaux structurés qui opèrent des cambriolages à répétition dans des zones concentrées. C'est pourquoi, en 2024, le groupement de gendarmerie d'Ille-et-Vilaine va mobiliser ses 600 réservistes, pour renforcer sa présence sur le terrain et dissuader les cambrioleurs d'agir.

Si on constate une petite diminution du nombre de morts sur les routes d’Ille-et-Vilaine (41 en 2023 contre 45 en 2022), ce n’est pas le cas sur l’arrondissement de Saint-Malo, où le nombre d’accidents mortels est en hausse (+6). L’alcool est la première cause de mortalité, devant la vitesse et les stupéfiants. On constate aussi une surreprésentation des motards qui comptent pour 14% des décès (contre 9% en 2021).

47 rave-partys

Trente-six rave-partys ont été organisées en zone gendarmerie et 11 en zone police l’an dernier en Ille-et-Vilaine. C’est moins qu’en 2022 et "elles rassemblent moins de participants". Comme pour la drogue, le préfet entend "taper au porte-monnaie", en saisissant le matériel. "Ce qui a été exclu par le procureur" de la République à Rennes. Mais Philippe Gustin ne désespère qu’il revienne sur cette disposition, comme ont pu le faire d'autres procureurs. Il ne faut pas qu’il y ait des "effets d’aubaine" en estimant qu’on "risque moins en Ille-et-Vilaine".

Forces de l'ordre mobilisées pour les Jeux olympiques

À l’occasion des Jeux olympiques de Paris, le préfet a rappelé que les forces de sécurité seront en partie mobilisées pour renforcer le dispositif en région parisienne. Ce qui veut dire qu’il va falloir repenser la sécurité des plages l'été prochain, puisqu’il n’y aura plus de CRS et repenser aussi les grands événements comme les festivals, car l’État ne pourra pas mettre autant de forces de sécurité à disposition.

Le préfet regrette aussi de devoir mobiliser beaucoup de forces de l’ordre pour sécuriser des matches de football au Roazhon Park. "Je préfèrerais les voir en train de démanteler des points de deal, que de les voir à attendre la sortie des supporters du club adverse pour éviter qu’ils se fassent tabasser."