Passer au contenu
Publicité

Gestion de l'eau potable : "en priver les communes est une absurdité" dit le maire de Grignan

Par

Des maires du Sud Drôme se sont constitués en association, Sauv'eaux. Ils ne veulent pas que les communes perdent la compétence pour l'eau et l'assainissement. Ils se rassemblent ce samedi 3 juin sur le parvis de la mairie de Grignan.

Bruno Durieux, maire de Grignan Bruno Durieux, maire de Grignan
Bruno Durieux, maire de Grignan © Radio France - Claire Leys

Ce samedi 3 juin, les élus d'une soixantaine de communes du Sud Drôme se rassembleront sur le parvis de la mairie de Grignan pour protester ensemble contre la loi Notre qui impose le transfert au 1er janvier 2026 de la gestion de l'eau aux intercommunalités. Une hérésie pour ces maires qui ont créé l'association "Sauv'eaux". Le maire de Grignan qui en est membre a invité les élus dans sa ville pour un rassemblement qu'il souhaite être le début d'un mouvement plus vaste. Bruno Durieux était l'invité de France Bleu Drôme Ardèche ce vendredi.

Publicité

Quel est le problème ?

Bruno Durieux : Le problème, c'est que depuis 2015, une loi prévoit que les communes seront dessaisies de leurs compétences eau et assainissement au profit des intercommunalités. Cette loi aura pour résultat d'augmenter de 55 % le prix de l'eau et de dégrader la qualité du service. Cette loi a déjà été repoussée une fois, il y a six ans, parce qu'on s'est rendu compte que son application était extrêmement complexe et provoquait beaucoup de désagréments pour nos concitoyens et pour les communes d'ailleurs aussi. Donc nous, nous disons pourquoi le gouvernement ne veut pas rétablir la liberté pour les communes d'organiser leur gestion de l'eau et de l'assainissement comme elles le font jusqu'à présent.

Pourquoi cela va-t-il coûter plus cher ?

Je parle du monde rural. C'est moins grave dans les villes,. Mais dans le monde rural, nous avons des communes dispersées dans la campagne, dispersés dans les montagnes. Comment voulez vous unifier un service où ces communes ont une vieille tradition. Elles ont chacune leur source, leur forage, leur réseau, leur système de stockage de l'eau, leurs systèmes de relève des compteurs. La qualité de leur réseau lui même est extrêmement hétérogène. Comment voulez vous qu'une intercommunalité puisse gérer un tel système disparate sans passer par un bureau d'études? Et surtout, sans abandonner la régie communale. C'est la mort des régies communales.

Les communes aujourd'hui ont-elles les moyens d'entretenir leur réseau ?

Mais on n'a actuellement aucun problème ! Nous entretenons tous nos réseaux. Les communes qui n'ont pas les moyens d'entretenir leur réseau, rien ne les empêche de rejoindre une intercommunalité ou un syndicat communal de l'eau. Mais laissez-nous rendre nous-mêmes le service à nos concitoyens. Parce que moi, je les vois tous les jours, mes concitoyens. Si le service de l'eau est défaillant, que l'eau est mauvaise, qu'il y a des pannes, qu'il y a des fuites, on l'entend. Ils viennent nous voir et d'ailleurs, nous sommes très attentifs à la qualité, le service est bien meilleur avec le service communal de l'eau. C'est la proximité, c'est le circuit court.

"L'eau est moins chère en régie communale"

Et j'ajoute que une régie communale, c'est le régime le plus économique. Nous, à Grignan, on vend l'eau à 1,07 euro le mètre cube. Une commune voisine qui a voulu passer par une délégation de service public, je ne sais pas qui est leur opérateur privé., leur eau est 47 % plus chère que la nôtre. Je vais vous dire pourquoi il ne faut pas abandonner les régies communales : parce que ces régies, elles ne cherchent pas à faire des profits. On a des résultats positifs mais on ne cherche pas à maximiser le profit. Nous ne sommes pas à but lucratif. Nous rendons un service avec le patrimoine de nos communes qui est l'eau.

Un des arguments de l'Etat, c'est de dire que la ressource en eau est de plus en plus rare, qu'il faut interconnecter les réseaux pour pouvoir assurer l'eau potable en permanence

Mais c'est absolument pas incompatible avec la liberté pour chacun de gérer son eau. Moi j'ai une commune voisine, Colonzelle, et nous sommes interconnectés. Ce qui est absurde, c'est le côté obligatoire. Une commune qui préfère confier son eau à une interco le peut et elle doit le pouvoir, Mais nous nous tenons, nous qui avons des systèmes d'eau efficaces, des services de qualité et des prix modérés, on veut les garder, c'est tout, parce qu'on pense à l'intérêt de nos concitoyens.

La loi doit s'appliquer dans deux ans et demi, en janvier 2026. Est ce qu'aujourd'hui, vous avez bon espoir de faire reculer le gouvernement?

Écoutez, je ne peux pas répondre à votre question. Ce que je peux vous dire, c'est que je suis déterminé à me battre, à résister. Vous savez demain matin, on a toutes les gammes d'opinions, on a les élus venant de tous les horizons mais on est tous unis par la même volonté de défendre notre eau. Ce n'est pas seulement la défense de l'eau, parce que cette mesure est défavorable à tous égards. Ce que les gouvernements veulent derrière la spoliation de la compétence pour les communes, ce qu'ils veulent,, c'est en fait la fin des communes. La vraie bataille que nous menons, c'est la survie et la défense de nos communes. Bientôt les maires n'auront plus qu'à s'occuper des chiens errants !

"Une mesure incompréhensible et absurde"

On vous raconte tous les matins les circuits courts, les vertus du local, la proximité, le fait que justement, nous élus locaux, nous sommes proches des populations. Et voilà qu'on prend une mesure qui éloigne la décision, qui la rend anonyme puisque personne ne connaît l'adresse de son intercommunalité et qui a pour effet d'amputer un peu plus le pouvoir d'achat. J'ai pour moi, c'est incompréhensible. On est dans l'absurdité pour moi.

Soixante maires de la Drôme. Pour l'instant, ça semble assez isolé. Vous avez pris le pouls ailleurs en France ?

Pour le moment, nous nous faisons notre manifestation à Grignan et je vais conclure mon intervention en disant : ce n'est qu'un début. Dès le mois de septembre retrouvons-nous à Valence, dès le mois d'octobre retrouvons-nous à Lyon et dès le mois de novembre retrouvons-nous à Paris. Et là, si nous sommes quelques milliers de maires avec nos écharpes à dire arrêter cette absurdité, eh bien, je pense qu'on aura bien travaillé.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined