Compost à Metz : “Je ne vois pas encore à quoi ça sert !”

Depuis son balcon au deuxième étage d’une petite copropriété du quartier de Vallières, Gilles aperçoit les trois bacs de compost installés en 2023 par la métropole de Metz pour respecter l’obligation du tri des biodéchets. Une fois par semaine, c’est là qu’il vide ses épluchures de légumes et les feuilles mortes de ses plantes. S’il a sauté le pas et considère que “c’est une bonne idée”, il reconnaît avoir lui-même du mal à comprendre la démarche. “ Je ne vois pas encore bien à quoi ça sert ! , sourit-il. C’est le cas pour la plupart des habitants ici et c’est pour ça que certains d’entre eux les boudent ”.

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“Trois ou quatre poubelles à la maison, c’est impossible !”

Lorsqu’il ouvre l’un des bacs, le Messin constate d’ailleurs que l’amas n’a pas évolué depuis la semaine dernière. Seuls quelques déchets qui n’ont rien de biodégradable ont fait leur apparition. Un système trop contraignant pour certains : “ Il faudrait tout couper en morceaux ! ”, regrette Lucas, un voisin. “ On fait déjà le tri du verre et du plastique… Si on rajoute les biodéchets, on va se retrouver avec trois ou quatre poubelles à la maison, c’est impossible !” , explique-t-il avant de reconnaître qu’il n’est surtout “ pas habitué à le faire ”. Il faudrait selon lui plus de pédagogie pour que les habitants comprennent l'enjeu du compost . Si c'est un bon engrais , c'est aussi une façon de réduire la taille de nos poubelles et donc le coût de la collecte municipale des déchets.

"Le compost est important pour valoriser les déchets verts mais il faut avoir les clefs pour bien le faire"

C'est ce que tente d'expliquer l'association Connaître et protéger la nature Les Coquelicots (CPN) installée sur la place principale du quartier de Vallières. A travers des ateliers de sensibilisation à la protection de l'environnement, elle veut transmettre aux habitants les bons gestes pour trier leurs biodéchets. Sa directrice adjointe elle même a installé il y a une dizaine d’années , trois bacs de compost “ en libre service, juste devant un arrêt de bus sur l’artère la plus passante. Les habitants ramenaient leurs déchets, mais personne ne pensait à mélanger les résidus”, dit Anne Frey. Ajouter de la matière sèche aux déchets organiques, penser à retourner le terreau produit : "il y a plusieurs étapes indispensables pour faire du compost et les habitants ne savent pas comme s'y prendre. Les pouvoirs publics doivent lancer de véritables politiques à grandes échelles pour que ça devienne le même réflexe que les poubelles jaunes. Le compost est possible et important pour valoriser nos déchets verts mais il faut avoir les clefs pour le faire”. En attendant cette sensibilisation, l'association a choisi à regret de déplacer les bacs à compost à l'intérieur de son jardin partagé, ouvert seulement à certaines heures, pour que ses bénévoles puissent mieux les gérer.