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Dépôts sauvages de déchets en Lorraine : enfin l'heure du procès

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Quatre ans après la découverte de centaines de tonnes de déchets déversés dans la nature, à divers endroits de Lorraine, dix hommes sont jugés à partir de ce lundi à Lille. Le procès doit durer toute cette semaine. Parmi la trentaine de parties civiles, plusieurs collectivités locales frontalières.

Des membres du collectif "J'aime ma forêt" devant le tas d'immondices, à Rédange, le 15 novembre dernier. Des membres du collectif "J'aime ma forêt" devant le tas d'immondices, à Rédange, le 15 novembre dernier.
Des membres du collectif "J'aime ma forêt" devant le tas d'immondices, à Rédange, le 15 novembre dernier. © AFP - Jean-Christophe Verhaegen

C'est un phénomène très à la mode, mais qui pourrit la vie des élus et des riverains lorrains : le dépôt sauvage de déchets. Dix hommes, dont cinq d'une même famille, sont jugés à partir de ce lundi devant la Jirs (Juridiction inter-régionale spécialisée) de Lille, pour gestion irrégulière de déchets en bande organisée, mais aussi escroquerie et blanchiment aggravé.

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C'est une véritable mafia des déchets qui avait été démantelée en juin 2021. Plus de trente sociétés, associations de défense de l'environnement et collectivités locales se sont constituées partie civile, dont bon nombre en Moselle et Meurthe-et-Moselle.

Des immondices par centaines de tonnes

Il faut dire que la Lorraine avait payé un lourd tribut. Hussigny-Godbrange, Haucourt-Moulaine dans le Pays Haut. En Moselle : Hayange, Thionville, Argancy, Woippy, Metz, Rozérieulles, Jussy... Mais la commune qui déguste le plus, c'est Rédange, un millier d'habitants à la frontière avec le Luxembourg. En octobre 2019, des camions entiers sont venus déverser 250 tonnes de déchets industriels et ménagers sur le site de l'ancienne carrière de la mine du village, aujourd'hui terrain privé. On est en bordure de forêt, à quelques encablures des premières maisons. Et depuis, les déchets se dégradent, sentent mauvais, et ruissellent dans les étangs en contrebas.

Le maire et les associations de défense de l'environnement bataillent pour que le site soit nettoyé : normalement, ce serait à la Belgique de le faire, car les déchets viennent de chez elle. Il y en a pour plusieurs centaines de milliers d'euros à tout débarrasser. Mais tout le monde se renvoie la balle.

Réseau criminel

Car l'escroquerie éclabousse beaucoup de monde. Les suspects avaient monté de fausses sociétés : c'est donc avec tous les papiers soit-disant officiels que les individus se sont présentés, d'abord en France, chez les géants du traitement des déchets comme Suez et Véolia, pour pouvoir utiliser leurs centres de tri. Puis dans diverses sociétés belges, pour leur proposer la prise en charge et le traitement de leurs déchets, moyennant finances.

Au final, les centres de tri n'étaient pas payés, et les déchets provenant de Belgique passaient illégalement la frontière. Quand les centres de tri français ont fini par refuser les camions remplis de poubelles, les chauffeurs ont déversé leurs marchandises dans la nature, dans des communes frontalières du Nord mais surtout de Moselle et de Meurthe-et-Moselle. L'enquête estime à 10.000 tonnes le volume de déchets concernés, entre 2018 et 2021, date du démantèlement du réseau.

Le préjudice financier, lui, dépasse le million et demi d'euros pour les sociétés dupées. Une somme qui ne prend pas en compte le coût de remise en état des terrains souillés : là encore, il y en a pour des sommes astronomiques.

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