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"Sans contact, c'est difficile" : dans la Somme, les élèves de Seconde galèrent à trouver un stage

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En Picardie, 15.300 élèves de Seconde doivent trouver un stage de fin d'année. Nombreux sont ceux qui accumulent les refus, d'autres ont trouvé grâce à leurs proches. Une inégalité des chances pointent les syndicats ; le rectorat d'Amiens propose une plateforme pour pallier ces difficultés.

15.300 élèves de Seconde en Picardie doivent trouver un stage, obligatoire, sur la période du 17 au 28 juin. 15.300 élèves de Seconde en Picardie doivent trouver un stage, obligatoire, sur la période du 17 au 28 juin.
15.300 élèves de Seconde en Picardie doivent trouver un stage, obligatoire, sur la période du 17 au 28 juin. © Radio France - Alexis Morel

A deux mois de la fin de l'année scolaire, les lycéens de Seconde sont en pleine recherche de stage ! Ils doivent obligatoirement trouver deux semaines dans une entreprise du 17 au 28 juin : une expérience non rémunérée, calquée sur le modèle des stages de 3e. Ce créneau a été choisi par le ministère de l'éducation pour éviter l'absentéisme des élèves sur le mois de juin, eux qui n'ont pas d'examen sur cette année. Mais dans ces recherches, les élèves ne sont pas tous égaux, et pointent les difficultés de trouver sans contact ni relation. Beaucoup enchaînent coups de fil et courriers avec des refus à la clé.

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"Sans contact, c'est difficile de solliciter pour trouver un stage"

Lauriane et Sacha sont toutes les deux en quête d'un stage dans le secteur juridique : "A chaque fois, on nous répond qu'il y a trop de demandes ou qu'on n'a pas le profil... C'est stressant de ne pas trouver : les profs nous mettent la pression, nos parents aussi". Car au moins de juin, les Seconde sont en concurrence avec les alternants, les étudiants en quête aussi de stages, pointe Clémence, qui a essuyé de nombreux refus. L'adolescente, comme ses deux camarades, a finalement décroché un stage grâce à sa famille : "J'irai avec ma tante dans le secteur agricole : sans relation, c'est compliqué", glisse-t-elle. Même constat pour Achille : "J'ai trouvé dans le secteur du BTP, grâce aux contacts de mon père", ou encore Kylian : "Sans contact précis, c'est difficile de solliciter un patron pour espérer décrocher un stage. J'ai postulé auprès d'un ami de mon père".

"Les inégalités vont s'accroître entre les élèves", alerte un syndicat enseignant

Face à cette recherche de stage, le problème c'est que tous les élèves n'ont pas cette chance dénonce Brendan Chabannes : "Lorsque la famille de l'élève a des relations, un capital culturel, ou même que des membres de cette famille sont encadrants dans des entreprises, les stages obtenus sont plus intéressants et motivants. Ces gens poussent aussi davantage les jeunes à faire des études. Cela va accroître les inégalités", estime le représentant du syndicat Sud éducation dans la Somme.

Le rectorat d'Amiens explique en avoir conscience : "On sait combien c'est compliqué pour certaines familles d'y accéder, indique Fabien Berteloot, en charge notamment des stages de Seconde au rectorat. Le réseau social n'est pas là, le territoire n'est pas assez dense en entreprises ou administrations pour trouver un stage : pour y répondre, il existe la plateforme 1jeune1solution.gouv.fr. Cette plateforme a ouvert courant mars, il y a pour l'instant 800 offres - mais c'est amené à grossir petit à petit". En Picardie, ils sont 15.300 élèves de Seconde, dont 4300 dans la Somme, 7200 dans l'Oise et 3800 dans l'Aisne. Les élèves qui ne trouvent pas de stage seront tenus de venir en lycée, en cours avec leurs professeurs.

Attention aux entreprises "qui cherchent des salariés gratuits" met en garde Sud Education

Autre alerte de Sud Education 80, la crainte de voir des jeunes faire du travail déguisé : "Quand je prends la plateforme 1jeune1solution.gouv.fr, la première annonce sur laquelle je tombe c'est à Amiens, de la préparation de commande... donc en gros chez Amazon. C'est pas le plus intéressant pour un élève de 15/16 ans, souligne Brendan Chabannes, d'autant que l'annonce évoque une conduite d'un chariot élévateur et c'est illégal. On demande à l'administration de faire un minimum son travail et empêche les organisations, qui cherchent à avoir des salariés gratuits, qui ne respectent pas la sécurité et le code du travail de poster ces annonces", conclut le secrétaire départemental du syndicat enseignant.

Face à ce constat, Fabien Berteloot reconnaît que ce genre d'annonces n'a rien à faire sur la plateforme, et qu'un tri est fait par le rectorat dès que possible : "Ce stage, c'est une séquence d'observation en entreprise : l'élève ne travaille pas, ne fait pas de tâche qui participe à la production ou aux services. Il est là pour observer un métier, une organisation. Nous serons très vigilants sur ces annonces", assure-t-il. Ce membre du rectorat d'Amiens lance par ailleurs un appel aux entreprises :"On appelle les organisations, quelles qu'elles soient, à déposer des offres pour accueillir en stage les élèves. C'est aussi une occasion pour elles de faire connaître leurs métiers, indispensables à la société et qui sont parfois dans l'ombre", conclut-il.

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