Les enseignants mobilisés à Caen contre l'instauration des groupes de niveaux au collège

Nouveau vent de colère au sein de l'éducation nationale. Une centaine d'enseignants ont défilé ce mardi 2 avril à Caen à l'appel de l'intersyndicale Éducation pour protester contre la nouvelle réforme voulue par le Premier ministre Gabriel Attal. Intitulée "le choc des savoirs", elle a été présentée en décembre dernier pour améliorer le niveau de l'école.

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Dans le viseur des professeurs : les groupes de niveaux, aussi appelés "groupes de besoins", qui concerneront, si la réforme est adoptée, les élèves de sixième et de cinquième dès la rentrée 2024. Cette mesure pourrait être étendue ensuite aux quatrièmes et aux troisièmes. Or, les enseignants refusent de trier les élèves. "Il n'y aura pas d'émulation. On ne voit pas comment les élèves pourront accéder aux mêmes savoirs. Cela risque de creuser les inégalités, c'est contraire à la notion d'égalité des chances que l'on prône au sein de l'école publique", estime un enseignant en mathématiques à Caen.

Isabelle est professeure de français dans un collège à Aunay-sur-Odon. "Un jeune à qui on dit qu'il est nul, il ne risque pas d'y arriver. C'est stigmatisant et décourageant !" Parmi les autres craintes :  une ambiance malsaine dans les établissements à cause du manque de mixité et de l'élitisme. Les meilleurs élèves risquent de prendre la grosse tête et pourraient discriminer les autres.

Un vrai casse-tête

Les enseignants s'interrogent aussi sur les aspects pratiques. Pour Ivan Ygouf, co-secrétaire de la FSU du Calvados, la réforme va être très difficile à mettre en place. "Cela implique que toutes les classes de sixième et de cinquième aient cours en même temps, dans des matières où on manque en plus de professeurs. Au niveau des emplois du temps, ce sera un vrai casse-tête pour les chefs d'établissements". Selon l'académie de Normandie, 3.5 % des enseignants étaient en grève dans le 1er degré, 8.8% dans le second degré ce mardi. Elle devrait être reconduite jusqu'à vendredi.