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"En fait, ils sont sympas !" : en Moselle, des lycéens vivent à l'internat... dans une caserne de CRS

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Depuis dix ans, la caserne Serret, située à Châtel-Saint-Germain, héberge un internat d'excellence, qui dessert tous les lycées de Metz. Les 160 élèves qui y vivent, de tous milieux sociaux, côtoient au quotidien les policiers des CRS de la caserne.

Les filles et les garçons sont répartis dans deux bâtiments différents de la caserne Serret. Les filles et les garçons sont répartis dans deux bâtiments différents de la caserne Serret.
Les filles et les garçons sont répartis dans deux bâtiments différents de la caserne Serret. © Radio France - Bastien Munch

Dès leur arrivée, les lycéens doivent apprendre une règle d'or à la caserne. "On ne traverse pas la place d'armes, sinon je crois qu'on se fait fusiller", rigole Morgane, qui vient de Bouzonville. "En tout cas, personne n'a jamais tenté..." Comme 160 autres élèves de la seconde à la terminale, elle dort toute la semaine à l'internat d'excellence de la caserne Serret, à Châtel-Saint-Germain.

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Ce pensionnat un peu particulier, fondé en 2012, accueille des lycéens de plusieurs établissements de Metz, après sélection sur critères sociaux. Ils vivent toute la semaine dans un bâtiment de la caserne, juste en face des baraquements des compagnies républicaines de sécurité 30 et 36, anciennement installées à Metz et Thionville. Les élèves y mangent le soir, y dorment et y déjeunent le matin, avant de partir au lycée. Des cours particuliers leur sont aussi proposés chaque soir.

"Je les voyais comme la Batman"

À leur arrivée, Élise et Louis n'étaient pas très rassurés. "Moi je me disais que c'était comme la 'Batman', genre avec les boucliers pendant les manifs et tout !", assure la jeune femme. Son camarade renchérit : "Moi je les voyais plutôt comme des personnes qui n'ont pas d'émotions, qui sont froids et tout... Alors que pas du tout ! Ils sourient tout le temps, ils racontent des blagues... En fait, ils sont assez sympas !" "Ça fait plaisir qu'ils soient avenants avec nous", confie une autre lycéenne. "On pourrait se dire qu'on les fait chier en étant ici, en marchant sur leurs platebandes, mais pas du tout."

L'extinction des feux se fait à 22 heures dans cet internat d'excellence.
L'extinction des feux se fait à 22 heures dans cet internat d'excellence. © Radio France - Bastien Munch

Et le chemin pour en arriver là a été long. "Il a fallu beaucoup expliquer que nos élèves n'étaient pas des délinquants obligés d'être là", explique Noëlle Luton, conseillère principale d'éducation de l'internat d'excellence depuis sa création. "On a fait beaucoup de pédagogie dans les deux sens. On a aussi expliqué aux élèves qu'il y avait des gentils CRS et qu'il n'y avait aucun problème. De toute manière, les élèves croisent très peu les policiers. Ils partent faire leurs exercices avant le départ des lycéens et ils sont de retour avant la fin des cours." Quelques élèves confient quand même observer les exercices du matin depuis la fenêtre des toilettes, au lever du soleil.

Créer des vocations

Les compagnies républicaines de sécurité de la caserne Serret tirent aussi un bilan positif de ces dix années avec des lycéens à leurs côtés. "Ça nous a bousculés dans nos habitudes et nos fonctionnements", affirme Michael Didier, directeur zonal Est des CRS. "Ça a surtout eu la vertu de nous rappeler au devoir d'exemplarité qui doit être le nôtre en permanence. On nourrit aussi l'espoir de susciter des vocations parmi eux. Ils découvrent l'envers du décor puisque c'est la vie des unités dans leur propre casernement. Donc c'est notamment l'occasion de rencontrer nos plus jeunes fonctionnaires gardiens de la paix, qui ne sont pas beaucoup plus âgés qu'eux."

Pour Michael Didier, cet internat d'excellence a aussi permis de "faire un pas l'un vers l'autre, de découvrir qu'il n'y a pas d'animosité de principe à avoir entre l'Éducation nationale et la police nationale, au contraire", détaille-t-il. "Tout est réuni ici pour faire en sorte que nous nous appréciions à nos justes valeurs réciproques."

Mélange d'élèves et de filières

Le principe de l'internat d'excellence permet aussi de réunir en un même lieu, tous les soirs, des lycéens de filières et de milieux sociaux très divers. "Par exemple, dans les chambres, on va avoir un jeune d'un lycée professionnel avec un autre d'un lycée général et un dernier d'une section sportive", décrit Noëlle Luton, la CPE de l'établissement. "On essaie de les mélanger pour qu'ils s'apprivoisent."

Avec des effets très concrets, selon la conseillère principale d'éducation. "Dans la vie de tous les jours, quelqu'un qui a un peu de mal en seconde générale peut se rendre compte qu'une formation en lycée professionnel, ce n'est pas insultant et ça peut être très intéressant. Et qu'un gamin en lycée professionnel, il est comme lui : il prend sa douche, il mange...", sourit Noëlle Luton. "C'est aussi une ouverture ! Ceux qui s'ennuient et qui ont été forcés à aller en seconde générale, quand ils voient le copain d'à côté qui s'occupe des systèmes numériques, ils se rendent compte que ce qu'il fait est très intéressant ! Donc ça provoque des glissements vers d'autres voies..."

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