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Stêques, boulaites ou neugâtes : un fabricant de produits végétaux contourne le décret qui interdit ces appellations

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La société Accro, qui fabrique des produits à base de protéines végétales à Vitry-en-Artois, a lancé une campagne de publicité qui tourne en dérision le décret interdisant la vente d'alternatives végétales sous des dénominations bouchères. Un recours devant le conseil d'Etat est aussi envisagé.

Renaud Saïsset est le directeur général de l'entreprise Accro, basée à Vitry-en-Artois Renaud Saïsset est le directeur général de l'entreprise Accro, basée à Vitry-en-Artois
Renaud Saïsset est le directeur général de l'entreprise Accro, basée à Vitry-en-Artois © Radio France - Hélène Fromenty

Elle veut continuer à pouvoir vendre ses steaks et autres nuggets végétaux en les appelant comme tels. L'entreprise Accro, qui fabrique des alternatives à la viande à Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais), entre Douai et Arras, a lancé une campagne de publicité pour dénoncer un récent décret du gouvernement. Ce texte du 27 février dernier prévoit, à compter du 1ᵉʳ mai 2024, d'interdire la commercialisation de produits à base de protéines végétales sous des dénominations bouchères. Les termes escalopes, saucisses, merguez, et autres aiguillettes, seront donc interdits pour les produits non carnés, car, selon le législateur, ils sont susceptibles de tromper les consommateurs.

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Cette interdiction était une revendication de longue date des acteurs de la filière animale, mais elle ne passe pas du tout dans le secteur du végétal. D'où cette campagne créée par Accro, dédiée aux réseaux sociaux, et qui tourne en dérision le décret en question.

Dans ces visuels, le traditionnel "steak" devient "stêques", les "boulettes" sont désormais des "boulaites" et les "nuggets" s'appellent "neugâtes". "On trouve le décret plutôt ridicule, donc on a choisi de mettre en place une campagne tout aussi ridicule pour le contourner, explique Renaud Saïsset, le directeur général d'Accro. Le but, c'est d'interpeller dans l'espoir de faire suspendre le texte."

Distorsion de concurrence

Car selon lui, le texte est tout bonnement inapproprié. "Déjà parce que le décret estime qu'il y a tromperie du consommateur à parler de steak végétal. Or, jamais un consommateur ne s'est trompé sur le fait que ce soit un steak végétal, et non pas un steak de viande. D'autant que sur les emballages, 100% végétal est écrit en très gros, et on dit bien que ce sont des steaks de pois et de blés. Donc il n'y a aucune volonté de tromper. Se forcer à aller chercher d'autres terminologies qui ne veulent rien dire, ça n'a pas de sens !"

Pour Renaud Saïsset, le deuxième problème, c'est que le décret est discriminant. "Il impose aux entreprises qui produisent en France de ne pas utiliser ces terminologies. En revanche, il l'autorise pour ceux qui ne produisent pas en France. Donc il y a une distorsion de concurrence qui n'est pas justifiée."

10.000 euros d'emballages à détruire

Par ailleurs, avec ce texte, le chef d'entreprise, dont la société est en pleine croissance, craint des conséquences économiques. "Forcément, si la terminologie est moins claire demain pour le consommateur, ça peut pénaliser son acte d'achat. Et puis si le décret est maintenu, on serait aussi obligé de détruire tous les emballages que l'on a. Pour une référence, ça représente plus de 10.000 euros d'emballages déjà achetés pour un an, qu'on devrait détruire, retravailler, et réimprimer."

Alors Accro ne compte pas s'arrêter là. En plus de sa campagne qui continue de circuler sur les réseaux, la société compte déposer, avec d'autres professionnels du secteur, un recours devant le conseil d'État.

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