Risque de gel : les viticulteurs alsaciens sur le qui-vive

Dans les vignes de Thibault Specht à Mittelwihr, la bise glaciale s’engouffre partout, Les contreforts des Vosges, juste au-dessus, sont blanchis par la neige alors que les bourgeons sont déjà visibles : "C'est clair qu'à ce stade, la vigne ne supporte pas le moindre gel. Là, on peut se dire qu'à partir de zéro degré, plus d'un quart d'heure, ça peut faire des dégâts importants. Il n'y a plus de protection et le végétal est hyper sensible" explique le vigneron.

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Thibault Specht n’a donc pas beaucoup dormi, comme la centaine de vignerons des secteurs de Mittelwihr, Bennwihr et Beblenheim. Ils se relaient la nuit pour vérifier les thermomètres installés dans les vignes : "On a mis en place un protocole commun. On a une ou deux personnes par commune qui tournent à partir de minuit et demi et qui regardent les températures. Si la température est inférieure à deux degrés, on se met en position, les responsables viennent sur place et après si on voit que la température continue à baisser, on appelle les collègues pour être prêts à allumer".

"On peut tout perdre en quelques minutes"

Car la technique des viticulteurs des environs de Mittelwihr est d'allumer des bottes de pailles humides pour faire de la fumée et un écran protecteur. Une technique qui ne sera utilisée qu'en dernier recours, promettent-ils, en rappelant que l'enjeu est important : "Tout ce qui gèle en ce moment ne produira rien" précise ainsi Alain Renou, le directeur du Synvira, le syndicat des vignerons indépendants d’Alsace.

"Les vignerons, comme beaucoup d'agriculteurs, ne récoltent qu'une fois par an. Donc un loupé et c'est l'année entière qui est compromise" conclut le responsable. Des épisodes qui ont, en tout cas, une fâcheuse tendance à se reproduire. Des épisodes de gel tardifs ont été enregistrés en 2019 et 2017. En 2017, les pertes avaient touché plusieurs milliers d'hectares en Alsace.