Passer au contenu

Réunion de crise sur les vins de Bordeaux : 2h20 d'échanges "cash et sans prise de bec" mais "rien" à l'arrivée ?

Par

Après des mois de crise et de manifestations de vignerons en colère, les acteurs de la filière se sont réunis lundi soir au Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux. A la sortie de la réunion, les avis sont partagés.

. .
. © Maxppp - Alexandre MARCHI

Syndicats de vignerons, courtiers, négociants et même patrons de la grande distribution. Ils étaient tous là, ce lundi soir au siège du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux. Une cinquantaine de personnes représentant tous les acteurs du plus grand vignoble de France actuellement en plein marasme. Une réunion de ce type, "c'est une première pour la viticulture", se félicite Allan Sichel, le président du CIVB.

Les discussions ont duré 2h20 avec le préfet de la Gironde en juge de paix. Des échanges "cash sans prise de bec ou nom d'oiseau ", décrit Bernard Farges, le vice-président du CIVB. "Mettre tout le monde autour de la table, c’est exceptionnel et rare, et ce n’était pas gagné", ajoute Stéphane Gabard, viticulteur à Galgon, dans le Libournais, et président du syndicat des Bordeaux. Si le symbole est là, les résultats eux font défaut, regrettent certains participants.

"C'est une réunion où on attendait au moins une réponse. Je vais être honnête avec vous, on attendant que quelqu'un nous dise - Ah oui, on va faire un effort considérable, on va faire quelque chose. Aujourd'hui, on n'a rien", réagit Didier Cousiney, le porte-parole du collectif Viti33, à l'origine de nombreuses mobilisations ces derniers mois.

" Il n'y a pas de baguette magique"

"J'entends la déception de ceux qui espéraient un juste prix à la sortie de la réunion", répond Allan Sichel. "Aucun représentant de la profession, qu'il soit viticulteur, négociant ou de la grande distribution, ne pouvait prendre le risque d'annoncer et d'attendre un prix avec des contrats à la fin de la réunion. Ce n'est pas comme ça que le marché marche", poursuit Bernard Farges, le numéro 2 du CIVB.

Etienne Guyot, le préfet de la Gironde, appuie en ce sens. "Dans notre pays, les prix sont libres, donc on n'est pas dans le contrôle des prix. Et donc ça, c'est quand même le paysage juridique qu'il faut toujours avoir à l'esprit. Mais les représentants de la grande distribution ont été très attentifs au sujet."

Si les patrons de la grande distribution (Leclerc, Auchan, Carrefour, Lidl, Intermarché, Système U...) étaient tous présents à la réunion, en visioconférence pour certains. Aucun n'a souhaité participer à la conférence de presse organisée à l'issue des discussions. Le message est néanmoins passé, assure Bernard Farges.

"Tout le monde est d'accord"

"Cette notion de prise en compte de la juste rémunération du vin a été exprimée par le négoce et par la grande distribution. Les viticulteurs avaient besoin d'entendre ça. Ça ne veut pas dire que les choses sont acquises dès ce soir", tempère le vice-président du CIVB. Ça veut dire que tout le monde est prêt à travailler sur des pistes qui nous amèneront à obtenir cette juste rémunération des viticulteurs."

"C'est une entente sur une méthode de travail et les chantiers à ouvrir", estime pour sa part Etienne Guyot. Le préfet de la Gironde appelle les différents acteurs à discuter "des indicateurs et contrats de filières" afin de déterminer un juste prix, "dans le cadre de la préparation de la future loi Egalim."

En attendant, certains espéraient des mesures d'urgence lors de la réunion de lundi. "Nous nous sommes dit nos vérités, certaines qui blessent, qui choquent", raconte Stéphane Gabard, le président du syndicat des Bordeaux. Parmi les sujets qui fâchent abordés lundi soir, "les prix cassés" dans les supermarchés. "C'est quelque chose qui est relativement impactant pour nos viticulteurs qui travaillent leurs produits avec amour de voir ainsi cette dévalorisation. Mais la grande distribution nous a aussi montré que c'était son rôle de faire de la promotion, de la mise en avant. Malheureusement, Bordeaux fixe souvent le marché, comme ils nous l'ont dit. Donc on stigmatise peut-être plus la promotion sur les vins de Bordeaux."

"On peut faire de la promo sans dévaloriser"

Les campagnes promotionnelles à venir sont maintenues. Les prospectus déjà imprimés ne seront pas remisés. "On n'a pas pu se mettre d'accord sur des valeurs de prix, mais les représentants de la grande distribution sont conscients qu'il va falloir être mieux-disant, qu'on peut faire de la promo sans dévaloriser, sans tuer le produit à construire", affirme Stéphane Gabard, vigneron à Galgon. "Mais surtout, ce qui était très important, c'est qu'on a mis les fondations pour un travail en commun, pour créer une moralisation du marché entre eux et nous."

La fin des promos, "ça ne va pas se faire de suite", ajoute Didier Cousiney. "Les prix bas vont continuer jusqu'au foires d'automne, prévient le porte-parole du collectif Viti33*.* C'est à partir de la récolte 2024 qu'on pourra peut-être voir une évolution notable sur les nouveaux cours du vin qui seront établis. Mais j'ai peur qu'entre-temps, il y ait de la casse".

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined