Pourquoi tant de seniors ont-ils du mal à trouver un emploi dans le Territoire de Belfort ?

Dernier round de négociations sur l'emploi des seniors (50-64 ans) ce mardi 9 avril. Depuis plusieurs semaines, syndicats et patronat tentent de se mettre d'accord pour un "Pacte de vie au travail" : un texte commun censé améliorer la fin de carrière des seniors mais aussi leur taux d'emploi. La France est à la traîne sur cette question et le Territoire de Belfort ne fait pas exception dans le paysage national. Selon les chiffres de France Travail 27 % des demandeurs d'emploi sur le territoire ont plus de 50 ans. Comment l'expliquer ?

Déficit général de formation ou manque de volonté des employeurs ?

Face à ce constat, les représentants de chefs d'entreprise et les syndicats ont évidemment des explications différentes. Selon le président du MEDEF en Franche-Comté Emmanuel Viellard, ce faible taux d'emploi est dû à un changement d'époque sur la question de l'emploi. "Pendant des années on nous a demandé de trouver des moyens de faire sortir des gens expérimentés de l'entreprise. C'était le mythe du 'gâteau à partager'. Aujourd'hui, on nous demande d'accueillir des personnes plus âgées. Les entreprises s'adaptent. Simplement, il y a un changement de paradigme, donc un temps d'adaptation et notamment de formation", analyse-t-il.

Les patrons du territoire accueillent selon lui "à bras ouverts" les demandeurs d'emploi de plus de 50 ans. Il déplore cependant une "inadéquation" entre leurs besoins et le vivier de demandeurs d'emploi, la faute à un manque de formation notamment. "On dépense un argent fou pour en assurer en interne. Mais il y a un compte formation et j'invite les gens expérimentés en recherche d'emploi à l'utiliser pour des formations attendues par les entreprises."

L'argument du manque de formation ne vaut pas vraiment pour les cadres seniors, rétorque Hervé Reynier, le délégué en Bourgogne Franche-Comté de l'APEC. Pourtant, 20% des cadres de plus de 55 ans sont en recherche d'emploi dans la région. "La première clé pour l'emploi des seniors c'est le changement de culture des entreprises, estime-t-il. Elles ont encore des idées très préconçues des seniors, avec toujours les mêmes poncifs, sur le fait qu'ils sont moins investis, qu'ils ont de grandes prétentions salariales, qu'ils ont moins d'appétence pour le digital... Ce qui est faux, quand on regarde nos études."

42% des seniors attendent un emploi depuis plus de deux ans

Selon France Travail, 41% des demandeurs d'emplois senior du Territoire de Belfort ont un niveau brevet ou CAP, 14% un niveau BAC et 19% un Bac+2. Un taux de formation inférieur au niveau national. Plus inquiétant : 42 % d'entre eux cherchent un emploi depuis plus de deux ans. "On a tout fait à l'envers sur l'emploi des senior, juge Mélanie Meyer, la secrétaire générale de la CFDT du Nord Franche-Comté. On a obligé les salariés à travailler plus longtemps avec cette réforme des retraites qui est passée en force et on se demande maintenant comment on va faire pour employer les seniors."

Les négociations actuelles ne la rassurent pas vraiment sur les enjeux de l'emploi senior dans la région, prenant l'exemple du secteur de l'industrie automobile. "Comment on fait pour tenir sur une ligne de production jusqu'à 64 ans ?, interroge-t-elle. C'est aussi un secteur en pleine mutation vers l'électrique : on sait qu'il faut beaucoup moins de salariés pour construire un véhicule électrique par rapport à un véhicule thermique. De nombreux salariés vont se retrouver sur le carreau, notamment des seniors. Comment on va faire pour les réemployer ? On a aucune réponse à ces questions."