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Panier France Bleu : pourquoi le prix du sucre a-t-il explosé ?

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Le Panier France Bleu publié ce lundi, en partenariat avec franceinfo et NielsenIQ, montre que le prix du sucre a explosé ces dernières semaines. Sur un an, le kilo de sucre 1er prix a augmenté de 45%. En cause, la hausse du cours mondial, qui s'explique par plusieurs facteurs.

Le cours mondial du sucre a doublé en deux ans. Le cours mondial du sucre a doublé en deux ans.
Le cours mondial du sucre a doublé en deux ans. © Getty - ATU Images

C'est LE produit qui augmente le plus dans le panier France Bleu, publié ce lundi en partenariat avec franceinfo et NielsenIQ : le kilo de sucre 1er prix est passé, entre décembre et janvier, de 0.95 euros à 1.29 euros. Son prix a donc augmenté de 34 centimes en un mois. Sur un an, la hausse est de 45%.

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Le cours du sucre n'a jamais été aussi haut

Toutes les marques sont concernées : les premiers prix, mais aussi les marques distributeurs et les marques nationales, explique Emmanuel Cannes, expert prix et inflation chez NielsenIQ. En cause, la hausse des cours du sucre au niveau mondial : "Le cours du sucre n'a jamais été aussi haut" , explique Emmanuel Cannes. "Il a quasiment doublé entre avril 2020 et la fin 2022", précise-t-il, passant de 8 à 9 cents de dollar la livre à 19 cents la livre.

Conséquence, tous les produits à base de sucre augmentent eux aussi : " les biscuits sucrés, la confiserie, la confiture ont aussi augmenté ce mois-ci de manière significative", précise-t-il.

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Un effet "rattrapage" après quatre ans de prix très bas

Cette envolée s'explique par de nombreux facteurs. "Il y a d'abord un effet 'rattrapage' après quatre ans de prix très bas, explique Christian Spiegeleer, le président du Syndicat national des fabricants de sucre, qui regroupe les industriels de la filière. Les prix se sont en effet effondrés avec la réforme du marché du sucre européen en 2017 : elle a mis en concurrence les pays européens avec les plus grands producteurs mondiaux, comme le Brésil , l'Inde ou la Thaïlande, et a entraîné l'abandon des quotas de production. "Cette phase anormalement basse a pu donner l'illusion que ces prix étaient des prix de marché normaux", explique-t-il.

Inondations et éthanol au Brésil, quotas en Inde

Le redémarrage de l'économie après le Covid-19, l'inflation qui a suivi la guerre en Ukraine, mais aussi les aléas climatiques dans les grands pays producteurs font également partie de l'équation. Le Brésil, qui représente 50% du marché mondial grâce sa culture de canne à sucre très concurrentielle, a subi d'importantes inondations ces derniers mois, qui ont décalé sa production.

Mais ce n'est pas tout : le Brésil produit également de l'éthanol, destiné au biocarburants, à partir de ses cannes à sucre. Et en fonction du prix des carburants, le pays opte pour la production la plus rentable entre sucre et éthanol. Des choix qui jouent forcément sur le niveau de l'offre, et donc les prix.

Dans le même temps, l'Inde a encore réduit ses quotas d'exportation du sucre pour la campagne 2023, ce qui tend encore l'offre et favorise la hausse des cours.

Inciter les producteurs à ne pas se détourner de la betterave

Mais pour Christian Spiegeleer, du Syndicat du sucre, "On est tout simplement revenu à un niveau de prix qui a économiquement du sens pour les producteurs, notamment agricoles, et qui va permettre d'affronter tous les investissements attendus au titre des exigences environnementales". En ligne de mire, les conséquences de l'interdiction des néonicotinoïdes, les insecticides "tueurs d'abeilles", pour les producteurs de betteraves français, qui va faire baisser les rendements des cultivateurs, et donc augmenter les prix. Dans le même temps, le coût des engrais a lui aussi également explosé.

Pour inciter les cultivateurs à continuer à planter de la betterave sucrière, alors que le cours des céréales est au plus haut, les industriels les rémunèrent donc mieux : "Pour les agriculteurs qui font tourner leurs cultures, la betterave doit rester rentable", appuie Christian Spiegeleer. "Pour éviter que le planteur de betteraves ne soit découragé, on anticipe déjà des augmentations du prix, pour conserver un attrait économique suffisant", explique-t-il.

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L'énergie plus chère que la matière première pour les sucreries

Comme pour d'autres secteurs, l'augmentation des prix de l'énergie fait aussi flamber la facture. "L'énergie est devenue notre premier poste de dépense, devant même l’achat des betteraves", indique Cristal Union, coopérative qui réunit des producteurs agricoles et industriels. "Les sucreries sont très énergivores, notamment en gaz", précise Christian Spiegeleer. "Son prix a été multiplié par trois ou quatre depuis la guerre en Ukraine", résume le responsable du syndicat.

L'envolée devrait donc se poursuivre en 2023. En plus de l'interdiction des néonicotinoïdes pour les betteraviers, "l'industrie sucrière va devoir investir massivement pour décarboner ses usines", explique Christian Spiegeleer. Il estime que les 21 sucreries du secteur vont devoir investir entre un et deux milliards d'euros pour devenir plus vertueuses sur le plan environnemental. "Tout ça va peser très lourdement sur le prix du sucre", prévient-il.

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