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Inflation : le Panier France Bleu en hausse de deux euros en avril, du jamais vu depuis six mois

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Chaque mois, le Panier France Bleu, en partenariat avec franceinfo et NielsenIQ, vous permet de consulter les prix de 37 produits du quotidien dans votre département. En avril, son prix moyen était de 108,28 euros, soit une hausse de deux euros en un mois seulement. Du jamais vu depuis novembre.

Le prix total du panier France Bleu progresse de deux euros en un seul mois et arrive à 108,30 euros Le prix total du panier France Bleu progresse de deux euros en un seul mois et arrive à 108,30 euros
Le prix total du panier France Bleu progresse de deux euros en un seul mois et arrive à 108,30 euros © Getty - Portra

Au mois d'avril, le prix du Panier France Bleu continue d'augmenter. Mais pour la première fois depuis la mise en place de notre panier, il augmente de deux euros en un mois seulement : c'est un très gros bond comparé au rythme habituel d'un euro d'augmentation que l'on constatait chaque mois depuis novembre. C'est le principal enseignement de la sixième édition de notre Panier France Bleu, en partenariat avec franceinfo et Nielsen IQ. En avril, ces 37 produits du quotidien coûtaient 108,28 euros contre 106,25 euros le mois dernier.

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L'autre nouveauté de notre Panier ce mois-ci, c'est l'accalmie dans la progression de l'inflation. Celle-ci est toujours à un niveau élevé, mais se stabilise à 17,6%, comme le mois dernier. "On commence à arriver à une forme de plateau", souligne Emmanuel Cannes, expert prix et inflation chez NielsenIQ.

Le prix du Panier près de chez vous

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La carte de la vie chère n'évolue pas avec le traditionnel axe Paris-Lyon-Marseille où les prix sont toujours les plus élevés. Paris est toujours le département le plus cher avec un panier à 129,94 euros, soit 2,44 euros de plus en un mois. La Vendée détient encore la palme du département le moins cher avec un Panier qui s'établit à 102,32 euros. Il a augmenté de 1,92 euro. L'écart de 27 euros entre Paris et la Vendée reste le même en un mois.

En revanche, les départements de l'ouest et le nord du pays commencent à rattraper leur retard d'inflation. On constate un double phénomène : la hausse des prix ralentit un peu là où elle était très forte comme à Paris ou dans le Sud-Est, en revanche, elle continue d'augmenter là où elle était plus faible jusqu'à présent.

L'inflation stagne mais les prix augmentent, comment cela s'explique ?

Pour la première fois depuis six mois, l'inflation de notre Panier de 37 produits du quotidien, qui s'établit à 17,6% au mois d'avril, n'augmente pas. "On arrive à une forme de plateau" note Emmanuel Cannes, expert inflation et prix chez Nielsen IQ. L'inflation est donc restée stable entre mars et avril. Une inflation qui stagne "ne veut pas dire que les prix baissent" souligne d'ailleurs Emmanuel Cannes.

Si l'inflation stagne, le Panier France Bleu augmente, lui, de deux euros. Comment cela s'explique ? D'abord, car l'inflation reste à un niveau extrêmement haut. Les prix continuent donc d'augmenter et cette hausse se fait moins vite qu'il y a un an.

De plus, les prix avaient déjà commencé à exploser en avril 2022, et ce sont donc sur ces bases hautes que les prix ont progressé très fortement en 2023, détaille Emmanuel Cannes : "On accumule des hausses sur certaines hausses qui ont déjà eu lieu en mars avril de l'an dernier" résume-t-il. Concrètement, une même augmentation appliquée à des prix déjà très hauts fera augmenter davantage le prix qui était déjà le plus élevé. Prenez deux paquets de pâtes, l'un à 1,50 euro et l'autre à 1,25 euro en 2022. Si vous appliquez une hausse de 10% en 2023 à chacun de ces paquets, le premier va prendre 15 centimes (1,65 euro), le deuxième augmentera "seulement" de 12 centimes (1,37 euro). Toutes ces fortes hausses cumulées font augmenter de manière conséquente le ticket de caisse sur un mois.

Le Top 5 des produits qui augmentent le plus reste (presque) inchangé

Comme ces trois derniers mois, le sucre est le produit qui augmente le plus, avec +55% de hausse sur un an. Le Top 5 des produits qui ont le plus augmenté sur un an reste quasiment le même par rapport au mois dernier. Un seul changement est à noter en avril : le riz prend la troisième place devant la viande hachée.

  1. Le sucre premier prix : +55% sur un an
  2. La farine premier prix : +32% sur un an
  3. Le riz de marque distributeur : +26,4% sur un an
  4. La viande hachée surgelée de marque distributeur : +25,6% sur un an
  5. Le papier toilette premier prix : +25,6% sur un an

Cependant, l'édition de ce Panier note une forte baisse de l'inflation de la farine et de la viande hachée, même si elle reste extrêmement élevée. "Pour la farine, cela peut s'expliquer par la baisse du cours des céréales" indique Emmanuel Cannes, expert inflation et prix chez Nielsen IQ. En ce qui concerne les steaks hachés, "cela peut être la baisse du coût des céréales et donc de l'alimentation animale, ou au coût de l'énergie lié notamment au maintien de la chaîne du froid pour les surgelés".

Le prix très important du sucre s'explique toujours par l'explosion des cours au niveau mondial, celui du riz par les phénomènes météo imprévus et les taxes mises en place dans les principaux pays producteurs ces derniers mois. Enfin, l'explosion du prix de la pâte à papier (qui dépend du cours du bois) a toujours des conséquences sur le prix du papier toilette.

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Les marques nationales poursuivent leur forte hausse

Dans notre Panier, les hausses de prix sont surtout à noter du côté des marques nationales : "L'inflation est deux fois supérieure sur les marques nationales que sur les premiers prix ou sur les marques distributeurs" constate Emmanuel Cannes, expert inflation et prix chez Nielsen. En un mois, un bidon de lessive de 2L de la marque Ariel ou Le Chat a ainsi augmenté de près 17 centimes, un sachet de salade type Bonduelle a progressé de 20 centimes. Une pizza d'une grande marque comme Sodebo a, elle, pris 15 centimes.

Selon Nielsen IQ, la hausse des prix des marques nationales s'explique toujours par les accords conclus entre industriels et les distributeurs en mars, et dont les prix continuent de se répercuter sur les étiquettes.

Pour combien de temps encore va-t-on voir les prix augmenter suite aux négociations ? "Cela dépend des stratégies commerciales des enseignes", prévient NielsenIQ, qui estime néanmoins que l'essentiel de ces négociations est déjà répercuté. Selon lui, les enseignes n'ont pas vraiment le choix d'augmenter les prix "sur mars - avril" car sinon "il y a un impact sur les marges" des supermarchés qui ont acheté plus cher aux fournisseurs.

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Quelques produits en très légère baisse

Le contexte général de baisse des cours des matières premières ces dernières semaines conduit à de très légères baisses de prix sur quelques produits premiers prix et de marques distributeurs entre mars et avril : -1 centime sur le paquet de pain de mie de marque de distributeur, -6 centimes sur le paquet de papier toilette premier prix. "Ça baisse un tout petit peu sur un mois, mais ça reste largement plus cher que l'an dernier", souligne de son côté Emmanuel Fournet, directeur analytique chez NielsenIQ.

"C'est très très léger, à la deuxième décimale, très souvent, mais c'est un début", poursuit-il. Et selon Nielsen IQ c'est "logique" : les négociations sur les produits premiers prix et marque distributeur ont lieu en continu. Par conséquent, comme les hausses ont touché ces produits en premier, notamment en raison de la hausse des coûts des matières premières, ce sont aussi eux qui diminuent d'abord. "Il y a peut-être un impact de la baisse des coûts de production ou de matières premières, notamment sur les marques distributeurs où les ajustements peuvent se faire de manière régulière", précise Emmanuel Cannes.

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Vers une baisse de l'inflation dans le courant de l'été ?

Selon Nielsen IQ, il ne faut pas s'attendre à une baisse de l'inflation dans l'immédiat : "C'est encore un peu tôt" assure Emmanuel Cannes. "Mars et avril ont été les deux mois un petit peu critiques donc je pense que peut être courant de l'été, on aura des effets peut être un petit peu plus marqués et un ralentissement de l'inflation un peu plus fort" poursuit-il. En revanche, les prix ne repartiront pas forcément vers le bas, prévient Emmanuel Cannes.

D'après lui, la baisse de l'inflation va dépendre de plusieurs facteurs : "Cela va dépendre de la stratégie de certaines enseignes, est-ce que certaines ont préféré appliquer les hausses dès début mars-avril ? Est-ce que d'autres ont préféré les lisser dans le courant l'année ? Est-ce que les négociations vont être rouvertes ?". Ces négociations ont déjà repris, selon la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire invitée de franceinfo ce dimanche : "On a demandé de rouvrir des négociations et certains ont déjà commencé, ils sont allés voir les industriels de l’agroalimentaire", a-t-elle assuré.

"Je doute qu'on puisse faire redescendre les prix de 18% en quelques mois"

Nielsen IQ ne s'attend pas à de nouvelles hausses de l'inflation, car il y a une "pression forte" sur les distributeurs et les fabricants par la ministre. "Si elles veulent attirer à nouveau en magasin, les enseignes ont tout intérêt à trouver un terrain d'entente avec les fabricants pour refaire acheter" explique-t-il. Seul "un contexte géopolitique" nouveau "pourrait remettre en cause ce scénario" précise Emmanuel Cannes. La ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire a d'ailleurs déclaré dimanche prévoir "avec une certaine certitude [...] une baisse visible des prix" alimentaires en septembre, prévoyant même un retour à des prix de janvier 2022, avant les pics d'inflations.

Mais pour Emmanuel Fournet, de NielsenIQ, l'affirmation de la ministre est "un pari osé". Invité de l'émission Ma France sur France Bleu ce lundi midi, il a affirmé : "Je doute qu'on puisse faire redescendre les prix de 18% en quelques mois surtout dans un contexte où les aléas climatiques vont avoir de plus en plus d'impact sur notre assiette."

Les 37 produits de notre Panier

Les 37 produits du panier France Bleu
Les 37 produits du panier France Bleu © Radio France - Stéphanie Berlu

Vous trouverez ci-dessous la liste exhaustive des produits de notre panier. Vous n'y trouverez pas de fruits et légumes frais, car la base de données à laquelle nous avons eu accès ne permettait pas de suivre les fruits et légumes en vrac.

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La méthodologie de notre Panier

France Bleu et franceinfo se sont associés au cabinet NielsenIQ, spécialisé dans le suivi de la consommation, pour établir ce panier. Sa composition a été validée par les experts de NielsenIQ, et vise à répondre à deux objectifs : être au plus proche de la consommation des ménages, avec un panier de produits alimentaires, d'hygiène et d’entretien du quotidien, et être le plus mixte possible, en mêlant produits de marques nationales, produits de marques distributeurs et produits premiers prix.

Là encore, nous avons travaillé avec NielsenIQ pour attribuer à chacun des produits choisis la typologie la plus fidèle aux comportements de consommation, avec une forte représentation dans notre panier des produits premiers prix et de marque distributeurs. Un choix expliqué par les tendances de ces derniers mois : les Français se sont massivement tournés vers ces produits pour pallier l'inflation, et s'ils restent encore bien moins chers que les autres, c'est sur eux que la hausse des prix est la plus importante.

Chacun de ces produits a alors été rattaché à une des plus de 500 catégories de produits que surveillent NielsenIQ, qui nous a fourni l'inflation moyenne de la catégorie sur le mois de novembre et le prix moyen du produit en France sur une période de quatre semaines se terminant le 6 novembre 2022. L'inflation du panier a ensuite été obtenue en calculant la moyenne des inflations. Pour obtenir le prix du panier par département, nous avons appliqué au montant national l'indice des prix de chaque département.

Ma France : Améliorer le logement des Français

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