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"La tonne de cacao est cinq fois plus chère" : face à l'inflation, un chocolatier poitevin augmente ses prix pour Pâques

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À l'approche de Pâques, le cours du cacao s'enflamme. Résultat : les chocolatiers doivent augmenter leurs prix sans faire fuir leur clientèle. Un équilibre difficile à trouver pour des artisans indépendants, comme Alexandre Gely, chocolatier à Poitiers Sud.

Cette année pour Pâques, Alexandre Gely a augmenté le prix de ses chocolats pour faire face aux hausses des cours du cacao. Cette année pour Pâques, Alexandre Gely a augmenté le prix de ses chocolats pour faire face aux hausses des cours du cacao.
Cette année pour Pâques, Alexandre Gely a augmenté le prix de ses chocolats pour faire face aux hausses des cours du cacao. © Radio France - Phéline Leloir-Duault

Dans son atelier, Alexandre Gely , patron de la chocolaterie-pâtisserie Fink à Poitiers Sud, s'inquiète de la flambée des cours du cacao : "Ce matin, la tonne de cacao a dépassé les 9.500 dollars, alors qu’en temps général, elle est entre 1.800 et 2.000 dollars : c'est cinq fois plus cher !”, souffle-t-il. Ce mardi, à la bourse de New York, le prix du cacao a même atteint le plafond des 10.000 dollars la tonne ! Une augmentation historique qui intervient au moment de Pâques, la période cruciale des chocolatiers.

Et la hausse du prix du cacao n’est pas la seule dépense à peser lourd sur les finances d’Alexandre Gely : “Il y a aussi l’énergie : on a pris 60% d’augmentation cette année, rien que pour le laboratoire, j’ai une facture de 2.000 euros par mois !”, s’énerve-t-il. “On est obligés de faire appel à des courtiers pour payer l’électricité, c’est complètement dingue, je n’ai pas été formé à ça.”

Les clients sont plus réticents à acheter des coffrets à cause du prix, et se rabattent plutôt vers les petits sachets.
Les clients sont plus réticents à acheter des coffrets à cause du prix, et se rabattent plutôt vers les petits sachets. © Radio France - Phéline Leloir-Duault

Toutes ces factures qui s’additionnent ont donc conduit Alexandre Gely à augmenter le prix de ses chocolats : “Le mois dernier, certains de nos produits ont subi une hausse de 2,5% à 3%. Par exemple, cette poule en chocolat est passé de 5.90 euros à 6.20 euros”, pointe-t-il. “90% de nos produits sont faits à base de chocolat, donc forcément, ils sont touchés par cette inflation du cacao.”

Les clients resserrent le budget sans pour autant renoncer au chocolat

Côté boutique, les vendeuses constatent un frein dans les dépenses des clients. “Ils achètent plus de petites pièces, mais ils veulent quand même faire plaisir et gâter leurs proches, donc ça va vraiment dépendre de leur budget”, détaille Noémie, vendeuse depuis quatre ans chez Fink. “Ils vont notamment remarquer le prix des coffrets ou des grandes pièces comme les poules ou les œufs.”

Miser sur la qualité plutôt que sur la quantité, c’est l’argument donné par certains clients, qui admettent tout de même réduire les dépenses cette année.
Miser sur la qualité plutôt que sur la quantité, c’est l’argument donné par certains clients, qui admettent tout de même réduire les dépenses cette année. © Radio France - Phéline Leloir-Duault

Françoise, cliente fidèle de la boutique, mise sur la qualité avant la quantité, mais elle reconnaît faire plus attention cette année : “Je vais acheter pour ceux que j’aime, mais c’est vrai qu’habituellement, j'achète des grandes quantités, et des grosses pièces à partager. Cette année, je vais me restreindre, peut-être de 30% par rapport à l’an passé”, admet-elle. Elle s’est donc fixé un budget de 80 euros maximum : “J’ai vu des petits œufs, tout petits, donc ça plaira à mon petit-fils. Pour ma fille et moi, je vais plutôt nous prendre de la friture et des chocolats plus basiques."

Même chose pour Lisa : son fils Alex salive devant les grands œufs en vitrine. “Dès qu’on est entrés dans la boutique, il a vu cet œuf, mais il coûte 120 euros”, souligne-t-elle. “Aujourd’hui, on vient seulement en repérage, mais je pense que cette année, on va se limiter à un œuf par personne, et pas une grande chasse aux œufs dans le jardin.”

De son côté, Alexandre Gely s’inquiète pour l’avenir : “Du chocolat brut, on en achète 15 à 18 tonnes par an, donc quand le stock qu’on a va arriver à son terme, et qu’il va falloir passer une nouvelle commande, ça risque d’être compliqué”, explique-t-il. Si les prix du cacao ne baissent pas, il envisage même de remplacer le chocolat par des fruits dans toutes ses pâtisseries cet été.

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