"Je suis sous le coup de l'émotion" : la plateforme Casino de Gaël risque de fermer faute de repreneur

"On est tous abasourdi par cette nouvelle, même si on s'en doutait un peu", témoigne Valérie Robert, déléguée Force Ouvrière à la plateforme logistique "Easydis" de Gaël (Ille-et-Vilaine). Le site, seul entrepôt du groupe pour tout le Grand Ouest et filiale de Casino, fermera définitivement d'ici la fin de l'année si aucun repreneur ne se présente. Une décision annoncée lors d'un CSE extraordinaire qui s'est tenu au siège du groupe à Saint-Etienne (Loire) et au cours duquel a été présenté un "projet de réorganisation" ce mercredi.

Du côté de la direction du groupe, on précise que " Casino cherchera un repreneur pour le site de Gaël jusqu'à la fin de la procédure du plan de sauvegarde de l'emploi ". Dans un communiqué, le groupe précise que "les recherches de repreneur vont se poursuivre activement durant le processus d’information-consultation des représentants du personnel, avec pour objectif de réduire au maximum le nombre total de postes supprimés dans les magasins et entrepôts concernés".

185 salariés travaillent dans cette plateforme qui est un employeur important dans ce territoire rural à une quarantaine de kilomètres de Rennes. Le maire de Gaël, Denis Levrel, évoque un coup dur pour sa commune de 1.600 habitants. La plupart des salariés vivent dans un rayon de 25 kilomètres maximum autour du village et sur trois départements, l'Ille-et-Vilaine bien sûr, mais aussi les Côtes-d'Armor et le Morbihan.

Manifestation ce vendredi

À Gaël, les salariés étaient inquiets depuis de nombreux mois en raison des difficultés de Casino. Le 22 décembre 2023, une manifestation réunissant salariés, élus et habitants, avait rassemblé autour de 150 personnes. Mais depuis ce mercredi matin, les salariés sous le choc. "Comme le groupe Casino garde tous ses magasins de proximité, on avait un espoir d'être repris même s'il était très mince", admet Valérie Robert, agent administrative âgée de 59 ans et qui travaille depuis 18 ans dans l'entreprise. "Je suis sous le coup de l'émotion, mais vendredi matin, nous allons manifester pour montrer à la direction qu'on veut partir avec dignité et qu'on nous respecte car depuis décembre dernier on ne nous respectait pas en nous faisant languir sans nous donner de nouvelles."

Nouveau combat

Une fois l'émotion surmontée, mais la colère toujours vive, un nouveau combat va vite commencer pour les salariés, celui du PSE, le plan de sauvegarde de l'emploi. Selon Fabrice le Restif, secrétaire général FO en Ille-et-Vilaine, "les premières discussions doivent débuter à la mi-mai", mais d'ici là, la mobilisation doit s'organiser. "On va essayer de faire un PSE au mieux pour les salariés avec des formations", explique Valérie Robert, qui "pensait finir sa carrière dans le groupe Casino". La déléguée FO évoque un beau site de logistique avec un savoir-faire, "je suis dévastée et inquiète, la colère commence à monter".