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Intelligence artificielle : Emmanuel Macron annonce 500 millions d'euros d'aide supplémentaires

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi des financements supplémentaires de plus de 500 millions d'euros pour développer l'intelligence artificielle en France.

Emmanuel Macron au salon VivaTech, le plus grand salon européen de la tech, ce mercredi à Paris. Emmanuel Macron au salon VivaTech, le plus grand salon européen de la tech, ce mercredi à Paris.
Emmanuel Macron au salon VivaTech, le plus grand salon européen de la tech, ce mercredi à Paris. © AFP - Yoan VALAT

Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi des financements supplémentaires de plus de 500 millions d'euros pour développer l'intelligence artificielle en France - le premier plan IA de 2018 était de 1,5 milliard - et faire émerger des champions et des pôles de taille mondiale.

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"Nous devons faire émerger cinq à dix clusters, à hauteur de 500 millions d'euros, pour avoir deux ou trois pôles d'excellence" au niveau mondial et "créer des champions", a-t-il déclaré, au salon VivaTech, le plus grand salon européen de la tech, qui a ouvert ses portes mercredi.

Exosquelette, réalité augmentée et IA générative

Plusieurs milliers de visiteurs professionnels se pressaient dans les allées pour apercevoir des nouveautés présentées par des start-up et de grandes entreprises soucieuses de moderniser leur image. Sur le stand de La Poste, un écran analyse par exemple la posture des personnes qui soulèvent un colis, pour repérer les mauvais gestes, affichés en rouge. Et un exosquelette électrique, qui s'enfile comme un sac à dos, aide à soulever des charges lourdes. La réalité augmentée est aussi en vogue, avec les écrans de la société américaine Zero10, qui permettent d'essayer virtuellement des vêtements.

Mais c'est l'intelligence artificielle (IA) générative, popularisée par ChatGPT, qui attire tous les regards, à l'image d'un Van Gogh réaliste, entrainé sur mille lettres rédigées par le peintre, prêt à répondre à toutes les questions. Développé par la société Jumbo Mana, avec le Musée d'Orsay et un expert de l'artiste, cette IA imagine des phrases qu'il aurait pu dire, avec un petit accent hollandais.

Le chef de l'État a souhaité le développement des IA génératives et des grands modèles en "open source" (code ouvert). Pour cela, il souhaite encourager les bases de données en langue française. Un fonds d'amorçage de 50 millions est prévu dans le secteur. Des appels publics à projet de 150 millions vont par ailleurs être lancés pour des projets culturels sur les pratiques numériques et du métavers et 125 entreprises innovantes ont été distinguées pour recevoir des financements du plan France 2030.

Le président de la République a par ailleurs annoncé un investissement de 50 millions dans le supercalculateur Jean-Zay et confirmé la création d'un supercalculateur Exascale en France pour 500 millions, dont la moitié financée par l'UE.

Pour mobiliser davantage de fonds pour les entreprises innovantes, le fonds "Tibi 2" qui rassemble les investisseurs institutionnels, a été sécurisé à ce jour à hauteur de 7 milliards d'euros, a-t-il précisé, avec un objectif de 10 milliards. Emmanuel Macron s'est aussi félicité d'avoir créé depuis 2017 "un potentiel de business angels", des investisseurs privés. "Détester les gens qui font de l'argent, ça ne marche pas", a-t-il lancé. "Je suis pour la réussite de ceux qui investissent dans l'économie. Il ne faut pas brider nos entrepreneurs quand ils sont prêts à réinvestir", a-t-il déclaré, devant un parterre d'entrepreneurs.

Le salon recevra vendredi Elon Musk, le très attendu et controversé patron de Tesla et SpaceX, et propriétaire de Twitter. Mais auparavant, le milliardaire sera reçu par Emmanuel Macron vers midi à l'Elysée, a annoncé le président. "Nous allons essayer de le convaincre que la France est le meilleur endroit possible en Europe pour installer la prochaine entreprise (de batteries) Tesla", a déclaré le ministre délégué au numérique Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi par CNBC. Un projet où la France est en compétition avec l'Espagne.

"Innover" avant de "réguler"

Emmanuel Macron a aussi réclamé une régulation européenne de l'IA qui ne bride pas l'innovation. "Le pire scénario serait une Europe qui investit beaucoup moins que les Américains et les Chinois et qui commencerait par créer de la régulation. Ce scénario est possible, ce ne serait pas celui que je soutiendrai", a-t-il averti, alors que se négocie à Bruxelles le futur "AI Act".

Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a lui appelé l'Union européenne à "investir et innover" dans le secteur avant de "réguler", au risque sinon de perdre son "indépendance".

"Il faut que l'Europe bâtisse son indépendance sur l'intelligence artificielle, en particulier l'intelligence artificielle générative", a plaidé M. Le Maire lors d'une visite à VivaTech. "On doit investir, on doit avoir les meilleurs machines de calcul, on doit avoir les meilleurs algorithmes, on doit surtout garder nos scientifiques", a-t-il poursuivi. "C'est un enjeu décisif de souveraineté, d'indépendance économique et d'indépendance culturelle."

"Mais ne commençons pas par réguler avant d'investir et d'innover. Sinon, on va réguler des technologies qui ne seront pas les nôtres, qui seront des technologies américaines, là où nous pourrons avoir des technologies françaises et européennes", a-t-il insisté. Le ministre s'est dit "totalement déterminé à ne pas revivre ce que nous avons vécu avec les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, NDLR) il y a quelques années ou quelques décennies, c'est-à-dire l'Europe laissée de côté, dépassée par les Etats-Unis et incapable d'être indépendante".

L'Europe veut réguler le secteur

Plus tôt ce mercredi, les eurodéputés ont approuvé un projet européen de régulation de l'IA, ouvrant la voie à une négociation avec les États membres pour finaliser ce texte qui doit limiter les risques des systèmes de type ChatGPT.

L'Union européenne espère conclure avant la fin de l'année le premier règlement au monde visant à encadrer et protéger l'innovation dans l'intelligence artificielle, un secteur stratégique dans la compétition économique. Bruxelles a proposé il y a deux ans un projet ambitieux, dont l'examen a traîné en longueur et qui a encore été retardé ces derniers mois par les controverses sur les dangers des IA génératives capables de créer des textes ou des images. Le Parlement européen a finalement adopté mercredi sa position lors d'un vote en séance plénière à Strasbourg. Dès la fin de journée, des négociations devaient commencer avec les États membres pour finaliser la législation au plus vite.

Le cœur du projet consiste en une liste de règles imposées aux seules applications jugées à "haut risque". Il s'agirait des systèmes utilisés dans des domaines sensibles comme les infrastructures critiques, l'éducation, les ressources humaines, le maintien de l'ordre ou la gestion des migrations...

Parmi les obligations : prévoir un contrôle humain sur la machine, l'établissement d'une documentation technique, ou encore la mise en place d'un système de gestion du risque. Leur respect sera contrôlé par des autorités de surveillance dans chaque pays membre.

Les interdictions seront rares. Elles concerneront les applications contraires aux valeurs européennes comme les systèmes de notation citoyenne ou de surveillance de masse utilisés en Chine. Le Parlement européen a ainsi réclamé l'interdiction des systèmes automatiques de reconnaissance faciale dans les lieux publics. La Commission voudrait autoriser son usage par les forces de l'ordre dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme. Le sujet devrait nourrir les débats avec les États membres qui refusent l'interdiction de cette technologie controversée.

"L'IA soulève de nombreuses questions"

Mais le règlement n'entrera pas en application avant 2026, dans le meilleur des cas. Estimant qu'il y avait urgence, M. Breton et Mme Vestager ont annoncé leur intention d'obtenir des engagements volontaires des entreprises aussi vite que possible.

Le commissaire Thierry Breton, qui a porté le texte avec sa collègue Margrethe Vestager, a appelé à conclure le processus dans "les prochains mois". "L'IA soulève de nombreuses questions - sur le plan social, éthique et économique. (...) Il s'agit d'agir vite et de prendre ses responsabilités", a-t-il déclaré mercredi.

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