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Inflation : surgelés, yaourts, croquettes pour chiens et chats, quels sont les rayons qui augmentent le plus ?

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

Quels sont les produits qui ont le plus augmenté ces derniers mois dans vos supermarchés ? France Bleu, en partenariat avec franceinfo et NielsenIQ, vous permet de visualiser les hausses rayon par rayon. Les plus inflationnistes sont le rayon surgelé, le rayon frais et le rayon "animaux".

Le rayon surgelés est celui qui a le plus augmenté ces derniers mois. Le rayon surgelés est celui qui a le plus augmenté ces derniers mois.
Le rayon surgelés est celui qui a le plus augmenté ces derniers mois. © Getty - Philippe TURPIN

Le rayon surgelés, le frais et le rayon animaux sont ceux qui ont le plus augmenté en un an dans vos supermarchés. C'est le constat dressé par France Bleu, en partenariat avec franceinfo et Nielsen IQ, grâce aux données compilées dans notre infographie inédite. Elle vous permet de visualiser les hausses des prix rayon par rayon et leurs explications.

Les hausses de prix rayon par rayon

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Surgelés : le prix de la congélation

Le rayon surgelé est, de loin, celui qui augmente le plus, avec près de 20% de hausse en un an. Un bond lié en premier lieu au coût de l'énergie, rappelle Emmanuel Fournet, directeur analytique chez Nielsen IQ. "Un rayon comme le surgelé nécessite que la chaîne du froid soit maintenue de A à Z, tout au long de la chaîne d'approvisionnement, et ensuite de la chaîne logistique. Donc, évidemment, avec les surcoûts de l'énergie, ça impacte très fortement le rayon", explique-t-il. "Quand on regarde les catégories du rayon surgelés, elles sont toutes dans le Top 10 ou le Top 15 des catégories les plus inflationnistes", précise-t-il.

Frais : une chaîne du froid très coûteuse, les matières premières en hausse

Le rayon frais (+16,5% en un an) paye, lui aussi, le prix de la chaîne du froid. "Même si ce ne sont pas des produits qui sont surgelés, ce sont des produits où il faut, là aussi, maintenir un niveau de chaîne du froid constant tout au long de la chaîne d'approvisionnement", explique Emmanuel Fournet.

Sur les rayons ultra-frais, où l'on trouve notamment les yaourts et les fromages, les augmentations sont aussi dues au prix du lait. "Le lait est une matière première sanctuarisée en France, avec un prix reversé aux producteurs qui est très clairement fixé", explique Emmanuel Fournet. Les rayons charcuterie et jambon ont aussi beaucoup augmenté l'an dernier, comme tous les produits à base de matières premières animales. "Parce que pour nourrir un animal, il faut de la céréale, en particulier du blé", rappelle l'expert. "Et les prix des céréales ont beaucoup augmenté en 2022, donc élever un animal, ça a coûté beaucoup plus cher". Des coûts d'élevage qui se répercutent forcément sur les étiquettes du jambon, des lardons ou encore des rillettes.

Une analyse confirmée par Olivier Dauvers, journaliste et expert de la grande distribution, invité de franceinfo ce lundi.

Au rayon animaux, des croquettes à prix d'or

Prendre soin de son chat ou de son chien coûte de plus en plus cher : les articles du rayon animaux ont augmenté de 15% en un an. La hausse de l'alimentation animale atteint même 18% sur un an. Une inflation due à la fois aux coûts des ingrédients et à celui de la production. "Produire des croquettes pour chiens et chats, c'est très énergivore", explique Emmanuel Fournet. "Il faut chauffer le produit avant de le congeler, et avec la hausse de l’énergie, les coûts ont explosé. Et puis dans les produits pour animaux, il y a de la viande, du bœuf, du poulet, de la céréale, et les prix de ces matières premières ont beaucoup augmenté au cours de l'année 2022 et début 2023."

Les prix des croquettes pour chiens et chat ont beaucoup augmenté en un an.
Les prix des croquettes pour chiens et chat ont beaucoup augmenté en un an. © Radio France - Stéphanie Berlu

La SPA "très inquiète", l'inflation freine les adoptions

Des hausses qui grèvent le budget de la SPA, qui achète 500 tonnes de croquettes par an à un fournisseur en circuit court. "On subit cette augmentation de plein fouet, ça fait évidemment une somme considérable", déplore Jacques-Charles Fombonne, le président de l'association, auprès de France Bleu. D'autant que la SPA subit aussi les hausses des coûts de l'énergie pour chauffer ses chenils et ses chatteries, et la hausse des produits vétérinaires. Jacques-Charles Fombonne se dit "très inquiet pour la protection animale en général", notamment parce que l'inflation freine aussi les adoptions. La durée moyenne de séjour d'un animal à la SPA a augmenté de 6 jours en 18 mois, pour passer de 50 à 56 jours en moyenne. Le coût moyen du séjour d'un animal dans un refuge est, lui, passé de 850 euros à 1.000 euros en l'espace de 18 mois. "Logiquement, les familles hésitent à adopter en raison du coût que représente un animal", regrette Jacques-Charles Fombonne, qui craint également une hausse des abandons.

L'épicerie sucrée, tirée par les cours du sucre

Les biscuits, confitures, céréales, compotes ou pâtes à tartiner ont très fortement augmenté depuis le début de cette année, avec trois points de plus en trois mois. En cause, l'explosion des cours du sucre, un de leurs principaux ingrédients, après des problèmes de récolte en France et à l’étranger. Le coût de l'énergie pour fabriquer les produits transformés s'ajoute à ces hausses.

Les boissons sans alcool, le prix du sucre

Cette hausse des cours du sucre explique aussi celle des boissons sans alcool (+11,8%), comme les sodas sucrés, sirops ou mélanges à base de jus de fruits. "Une hausse d’autant plus marquante qu’en 2022, c'est plutôt une catégorie de produits qui avait été préservée, sur laquelle l’inflation était plus limitée, le sucre n’ayant pas encore augmenté", explique Emmanuel Fournet.

Le prix des boissons alcoolisées décolle

L'inflation du rayon alcool est restée relativement faible, jusqu'au mois de janvier où elle s'est accélérée. En mars, elle a atteint 8,7% sur un an. La faible inflation jusqu'ici s'explique par plusieurs facteurs : premièrement, les grandes surfaces ne sont pas obligées de vendre les boissons alcoolisées avec un seuil minimal de revente de 10%, car cette catégorie de produits n'a pas été intégrée à la loi Egalim, contrairement à la majorité des produits alimentaires, explique Emmanuel Fournet. Les revendeurs n'ont donc pas de taux de marge minimum à appliquer, et peuvent plus facilement maintenir des prix bas ou lancer des promotions agressives.

Autre facteur, les vins et spiritueux sont produits très en amont de la vente. "Entre la récolte, le stockage en fût ou en cave et la vente en supermarché, il y a plusieurs mois", rappelle Emmanuel Fournet. Au moment de la production des bouteilles qu'on trouve aujourd'hui en rayon, le coût des matières premières était stable. "Les bouteilles en verre et les emballages avaient augmenté, mais jusqu'à début 2023, l'inflation était plus limitée sur ces produits", précise-t-il. Mais la donne a changé : depuis le début de l'année, les viticulteurs et producteurs de spiritueux sont concernés par les hausses des matières premières. Il y a donc un effet rattrapage, et les prix augmentent en rayon.

Au rayon bébé, la couche est pleine

Le rayon bébé enregistre une forte augmentation depuis novembre dernier. Les couches ont vu leurs prix augmenter de 10% sur un an : les paquets de couches ont gagné 1,30 euro en moyenne depuis mars 2022, toutes marques confondues.

"Les couches pour bébé sont composées de beaucoup de papier", rappelle Emmanuel Fournet. "Et depuis fin 2022, comme le papier toilette, les mouchoirs ou l'essuie-tout, cette catégorie paye le prix de l'explosion du prix de la pâte à papier et du cours du bois. La production des couches, très complexes, est également très énergivore, ajoute l'expert. "On a le mélange d'une matière première chère et d'un produit qui coûte cher en énergie à produire."

Malgré tout, l’inflation de ce rayon est très en deçà de la plupart des autres rayons. Et puisque le budget couches est très lourd pour les familles concernées, avec un prix moyen à 13,65 euros par paquet, "c'est une catégorie d'appel pour les distributeurs, qui attirent les familles dans leurs magasins grâce à des prix bas ou des grosses promotions sur ces produits", explique Emmanuel Fournet. D'autant que la loi ne limite pas les promotions sur ce type de produits.

Le prix moyen d'un paquet de couches a augmenté d'1,25 euros en un an.
Le prix moyen d'un paquet de couches a augmenté d'1,25 euros en un an. © Radio France - Stéphanie Berlu

L'hygiène féminine, un budget toujours plus lourd

Le rayon hygiène est assez stable dans son ensemble, mais augmente tout de même de 8,6% sur un an, avec une forte hausse marquée des marques distributeur et des 1ers prix. L'hygiène féminine représente un budget toujours plus lourd pour les femmes, avec une hausse de 10% en un an sur le secteur. Le prix moyen d'une boite de tampons est de 3,18 euros, soit +30 centimes sur un an. Le prix moyen d'une boite de serviettes est de 2,46 euros, soit +25 centimes sur un an.

Là aussi, la hausse s'explique par celle de la pâte à papier, qui a vu ses prix exploser fin 2022. La production des serviettes et tampons, très complexe, est aussi très énergivore, précise Emmanuel Fournet. Si la hausse de ce rayon est limitée par rapport aux catégories alimentaires, c'est aussi parce qu'il n'est pas concerné non plus par le seuil de revente minimal de 10%, note l'expert.

Les augmentations vont se poursuivre

Selon NielsenIQ, les dynamiques actuelles vont se poursuivre, et les prix vont continuer à augmenter, au moins jusqu'au mois de juin. Mais Emmanuel Fournet alerte sur deux types d’exception : "les produits fabriqués longtemps à l’avance, sur lesquels il y a un effet de rattrapage, et donc une inflation qui s'accélère brutalement. Il faut aussi compter avec les évènements imprévisibles", rappelle-t-il : problèmes de récolte, aléas climatiques, sécheresse, ou conflits, qui peuvent faire flamber les matières premières et donc les produits en rayon.

  • Méthodologie

France Bleu et franceinfo se sont associés au cabinet NielsenIQ, spécialisé dans la consommation, pour suivre l'inflation au plus près du ticket de caisse. NielsenIQ a fourni à France Bleu et franceinfo les chiffres des hausses de prix sur des dizaines de milliers de catégories de produits, que nous avons regroupés pour reconstituer l'inflation sur les principaux rayons des supermarchés. Une opération que nous avons reproduite sur les données allant de novembre 2022 à mars 2023.

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