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Grève contre la réforme des retraites : à quoi s’attendre cette semaine ?

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

De nombreux syndicats ont appelé à "mettre la France à l'arrêt" à partir du 7 mars, sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, comptant sur des grèves massives et mêmes reconductibles. Transports, écoles, carburants, électricité, quels seront les secteurs les plus touchés ?

La mobilisation de mardi dépassera-t-elle celle du 31 janvier ? La mobilisation de mardi dépassera-t-elle celle du 31 janvier ?
La mobilisation de mardi dépassera-t-elle celle du 31 janvier ? © Maxppp - Vincent Isore

Le mouvement contre la réforme des retraites entre dans une nouvelle séquence ce mardi : pour la sixième journée de mobilisation, l'intersyndicale a promis de mettre la "France à l'arrêt" et appelé tous les secteurs à des grèves reconductibles. Les renseignements territoriaux s'attendent à la présence d'1,1 à 1,4 million de manifestants partout en France. Le 31 janvier, la police avait recensé 1,27 million de participants et l'intersyndicale plus de 2,8 millions de personnes dans les rues.

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La mobilisation passe à "la vitesse supérieure", a assuré le leader de la CGT Philippe Martinez dimanche au JDD"Le 7 mars va être très gros", anticipe Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires. "On va casser la baraque", renchérit le secrétaire général adjoint de l'Unsa, Dominique Corona. Même le ministre des Transports Clément Beaune a admis vendredi : "Le 7, ça va être dur", appelant les Français qui le peuvent à télétravailler. Pour tenter une nouvelle fois de convaincre, la Première ministre Elisabeth Borne a quant à elle prévu de s'exprimer lundi soir sur France 5.

Plus de monde dans la rue mardi ?

"Il y a eu cinq journées de mobilisation avec plusieurs millions de manifestants (...) À la CGT, on a toujours dit qu’on passerait à la vitesse supérieure si besoin. Ce sera le cas mardi", a promis dimanche Philippe Martinez. Pour cette sixième journée, les renseignements attendent 1,1 à 1,4 million de manifestants partout en France, dont 60 à 90.000 à Paris.

Le 16 février, lors de la cinquième journée de mobilisation, la police avait compté 440.000 manifestants dans toute la France, la CGT 1,3 million. C'est le 31 janvier, pour la deuxième journée de manifestation, que la mobilisation avait été la plus forte, avec 1,27 million de participants selon le ministère de l'Intérieur et 2,8 millions d'après l'intersyndicale.

Les différents secteurs touchés

  • Dans les transports

De fortes perturbations sont attendues, notamment dans les transports ferroviaires, l'ensemble des syndicats ayant appelé à la grève reconductible à la RATP et à la SNCF, à partir du 7 mars. Ce mardi "sera sans doute dans l'une des journées les plus difficiles qu'on ait connues ces dernières" années a déclaré le ministre des Transports Clément Beaune sur France 3 dimanche.

La SNCF prévoit un trafic "très fortement perturbé" sur les TGV et Ouigo. Même chose pour les TER, et quasiment aucun Intercité ne circulera. La SNCF "recommande aux voyageurs qui le peuvent d'annuler ou reporter leurs déplacements prévus ce mardi, et de privilégier le télétravail".

"On est parti pour durer", a prévenu ce lundi sur franceinfo Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, première organisation syndicale à la SNCF. "Et on voit bien que le gouvernement en face n'est pas parti pour écouter. Donc on ne sait pas comment les choses vont se terminer", a-t-il expliqué.

Les compagnies aériennes sont invitées à renoncer mardi et mercredi à entre 20% et 30% de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens. La Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols de 20% à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse. "Air France prévoit d'assurer près de 8 vols sur 10, dont la totalité de ses vols long-courriers", a indiqué la compagnie, "toutefois, des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure".

En ce qui concerne les transports en commun, de nombreuses perturbations sont également à prévoir, par exemple à Parisà Toulouse, à Strasbourg, à Bordeauxà Amiens, à Marseille et Toulon ou encore au Mans.

  • Sur la route

Si vous pensiez prendre la voiture pour éviter le train, gare aux bouchons. Les routiers, jusque là discrets, vont aussi se mobiliser cette semaine. "Le temps est venu de durcir le ton" contre la réforme des retraites, a prévenu ce dimanche sur franceinfo Fabrice Michaud, secrétaire général de la CGT Transports, qui affirme que des actions des chauffeurs routiers sont à prévoir les 7 et 8 mars. Il évoque des "opérations escargot" ou encore "certains points de blocage".

"On a prévu des actions sur les péages, mais on n'a pas les modalités", ajoute Fabrice Michaud. Il assure que "les taxis vont également se mobiliser", tout comme le secteur "des remontées mécaniques".

  • Dans l'Éducation

Les perturbations s'annoncent importantes dans les établissements scolaires mardi. Les sept principaux syndicats enseignants ont appelé à "fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services" le 7 mars et envisagent une reconduction de la grève. Ils appellent d'ores et déjà à la grève les 8 et 9 mars également. Les prévisions du Snuipp-FSU, premier syndicat du premier degré (maternelles et écoles élémentaires), sont attendues pour lundi. Aucun chiffre n'est attendu pour les collèges-lycées, les enseignants du second degré n'étant pas tenus de se déclarer grévistes 48 heures avant.

Des blocages par des lycéens sont également attendus. Idem dans les facs, où la mobilisation peine à décoller. Les organisations étudiantes et lycéennes ont appelé à "durcir le mouvement" contre la réforme avec une journée de mobilisation de la jeunesse le 9 mars. "Bloquez tout ce que vous pouvez" , les a encouragés vendredi le leader La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

  • Dans l'Énergie

Dans le secteur de l'Énergie, et notamment dans les centrales nucléaires, le mouvement a démarré depuis vendredi après-midi à l'appel de la CGT, poussé par l'ouverture du débat au Sénat de l'article 1 du texte, sur la suppression des régimes spéciaux de retraite, dont celui des énergéticiens. Dimanche en début d'après-midi, les réductions de production atteignaient près de 5.000 mégawatts, soit l'équivalent de cinq réacteurs nucléaires.

Le mouvement des électriciens et gaziers "a vocation à s'étendre", "a minima jusqu'au 7 et a maxima jusqu'à la gagne", a averti samedi Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT Energie. Il a promis "une semaine noire dans l'énergie", avec coupures ciblées, blocages, occupations et "des opérations Robin des Bois" comme des coupures de radars routiers.

Dans l'hydraulique, les syndicats indiquent que les "machines ont été mises à l'arrêt jusqu'à nouvel ordre".

  • Les carburants

Dans les raffineries, la CGT a également appelé à la grève reconductible dès lundi soir, avec pour objectif de "bloquer l'ensemble de l'économie", au niveau de la production, de la distribution et de l'importation de carburant, selon la CGT-Chimie. Dans un premier temps, les grévistes entendent bloquer les expéditions des raffineries vers les dépôts, mais si le mouvement venait à durer trois jours ou plus, il pourrait entraîner l'arrêt de raffineries.

Autre maillon, les avitailleurs ou "pompistes du ciel", chargés d'approvisionner les avions, sont également appelés à la grève dans les aéroports de la France entière. De manière générale, toute la branche pétrole et chimie est appelée à faire grève, y compris dans le secteur pharmaceutique. Cela comprend par exemple les dockers ou même les ouvriers du verre et de la céramique.

  • Dans l'industrie

Nouveauté dans l'industrie : l'appel à la grève dans l'ensemble de la métallurgie et notamment chez les géants du secteur. Aéronautique, automobile et sidérurgie sont toutes concernées par une grève que le syndicat de branche espère voir reconduite. Les syndicats CGT de Thales, Valeo, Stellantis, ArcelorMittal, Forvia, Airbus, Safran et Renault ont notamment appelé à se mobiliser. Les différentes industries de la métallurgie emploient quelque 1,5 million de salariés.

  • Éboueurs, agroalimentaire, chantiers...

La CGT a lancé le 14 février un appel à la grève reconductible des éboueurs, et de "l'ensemble de la filière" des déchets, à partir du 7 mars. C'est pour l'instant le seul syndicat à lancer cet appel dans ce secteur, mais la CGT est majoritaire par exemple à Paris.

Dans le secteur de l'agroalimentaire, la CGT appelle les grands sucriers français à se mettre à l'arrêt à partir de mardi. Les syndicats s'attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles : chantiers à l'arrêt, rideaux de magasins fermés, péages ouverts, etc. La CGT Transports enjoint aussi les livreurs à se mobiliser

Des grèves reconductibles

Parmi tous les secteurs en grève mardi, nombres d'entre eux appellent désormais à une grève reconductible. C'est le cas des quatre syndicats représentatifs à la SNCF, de l'intersyndicale de la RATP, des syndicats des routiers, des électriciens et gaziers, des raffineries ou mêmes des éboueurs. Le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, s'est dit prêt à "mettre à genoux l'économie française" pour obtenir gain de cause.

Les syndicats de l'Education nationale envisagent eux aussi une reconduction de la grève après le 7 mars.

Mobilisation féministe mercredi

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, sera cette année dédié à la lutte contre une réforme des retraites jugée injuste pour les femmes. L'intersyndicale appelle à se saisir de cette journée "pour mettre en évidence l'injustice sociale majeure de cette réforme" envers elles.

Le collectif "Grève féministe", qui rassemble une cinquantaine d'associations, de collectifs et de syndicats, a recensé ci-dessous les actions prévues mercredi dans toute la France. À Paris, le départ du cortège aura lieu à 14h place de la République. "Le gouvernement s’attaque de nouveau et frontalement aux femmes avec une réforme des retraites qui va les percuter de plein fouet", dénonce le collectif.

Le collectif "Grève féministe" propose aussi un "tuto" pour agir ce 8 mars : pour y participer, il est évidemment possible de se mettre en grève tout ou partie de la journée, de manifester en brandissant des slogans tels que "Premières de corvée, retraites amputées, c'est non !", mais aussi de porter un foulard violet ou de "donner rendez-vous à ses collègues à 15h40 à la cafétéria par exemple". Pourquoi 15h40 ? C'est "l'heure à partir de laquelle chaque jour les femmes travaillent gratuitement", puisqu'elles sont payées en moyenne 25% de moins que les hommes.

Une "grève féministe", c’est "arrêter le travail, mais c’est aussi arrêter tout le travail invisible des femmes et les tâches domestiques", estime également le syndicat Solidaires.

Mobilisation des jeunes jeudi

"Bloquez tout ce que vous pouvez", a exhorté vendredi soir Jean-Luc Mélenchon devant des étudiants à Paris. Jusque-là assez peu mobilisés en tant que tels, les jeunes pourraient-ils faire basculer le gouvernement ? C'est ce que veut croire le leader des Insoumis. Entre 100 et 150 jeunes avaient manifesté le 16 février à Paris à l'appel de différents collectifs autonomes.

Cette fois, les organisations étudiantes et lycéennes appellent à "durcir le mouvement" avec une journée de mobilisation de la jeunesse le 9 mars. "Nous appelons la jeunesse à mettre à l'arrêt le pays", ont indiqué dans un communiqué commun les syndicats étudiants Unef, Alternative et la Fage, le mouvement lycéen la Voix Lycéenne, ou encore l'Union des étudiants communistes, les Jeunes socialistes, les Jeunes insoumis et les Jeunes écologistes. Ils dénoncent "l'impact de la réforme sur les jeunes".

Et ensuite ?

L'intersyndicale se réunira dans la soirée de mardi pour déterminer des suites à donner à la contestation. La date du 11 mars a été évoquée, sans être confirmée à ce stade. Les leaders syndicaux attendent une réponse rapide de l'exécutif à leurs revendications.

"Si on fait plus fort (que le 31 janvier, NDLR), ça veut dire que c'est la plus grosse manifestation depuis des décennies", a souligné à l'AFP Yvan Ricordeau, secrétaire national CFDT. Il attend comme "première suite du 7 mars" une "prise de parole politique, du gouvernement ou du président de la République".

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