Comme les déserts médicaux, une infirmière bretonne prédit des déserts infirmiers
Alors que les infirmiers libéraux se mobilisent une nouvelle fois ce jeudi, rencontre avec Barbara, une infirmière bretonne toujours passionnée, mais aussi lassée du manque de reconnaissance des pouvoirs publics.
Deux semaines après une mobilisation et une opération-escargot à Rennes, les infirmiers libéraux manifestent à Paris ce jeudi. Ils réclament, entre autre, la revalorisation de leurs actes et la reconnaissance de la "pénibilité du métier". Un métier que Barbara vit toujours comme une passion, mais de plus en plus difficilement.
Barbara exerce depuis 1998, à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, au sud de Rennes, dans un cabinet de quatre infirmiers libéraux. Entre les pansements, prises de sang, injections, perfusions, soins d'hygiène, retours d'hospitalisation, suivis post-opératoires, elle fait une centaine de kilomètres et voit 20 à 30 patients par jour. Barbara est consciente d’avoir un "contact très privilégié à domicile, contrairement à l'hôpital. C'est comme les médecins traitants ou les médecins de famille. On est une infirmière de famille. Il n’y a pas la blouse blanche et on est parfois la seule visite." Et parfois, durant ces visites, "on peut être électricien, on dépanne, on change les horloges, on change d’heure, chez les patients qui ne peuvent pas le faire".
Des déserts infirmiers
Mais Barbara, mère de trois enfants, commence entre 7h et 7h30, pour terminer à 21h ou 21h30. Quand ce n'est pas pour un pansement à 6,30 euros (brut), c'est pour une prise de sang à 6,08 euros (brut), dont juste la moitié lui revient. Elle estime qu’elle gagnait mieux quand elle a débuté il y a 25 ans. "Pour avoir un salaire correct maintenant, il faut faire énormément d'heures, travailler tous les jours. On n’a pas forcément de vacances, il faut être là à Noël, au Nouvel an. Donc on est là sept jours sur sept, pratiquement 24h sur 24. Et puis, on a une obligation de continuité de soins. On peut nous appeler la nuit s’il y a un problème de perfusion."
Dans ces conditions, Barbara ne se voit pas prendre sa retraite à 67 ans pour avoir un taux plein. "Ce n’est pas possible. On a une charge physique, parce qu'on manipule les patients, et une charge mentale parce qu'on voit toutes sortes de pathologies, qui sont parfois difficiles." Et de prédire qu’après "les déserts médicaux, il y aura des déserts infirmiers à terme", particulièrement dans les zones rurales.
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