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"Ce serait une catastrophe" : dans le Sud-Gironde, les éleveurs redoutent la fermeture de l'abattoir de Bazas

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Le tribunal de commerce de Bordeaux se prononce ce mercredi sur l'avenir de l'abattoir de Bazas. En redressement depuis février dernier, le site, qui emploie 10 salariés, pourrait être liquidé. Eleveurs et élus du Sud-Gironde espèrent que "l'outil de travail de toute la filière" sera sauvé.

Eleveur à Bazas, Richard Bamale se dit inquiet quant à la possible liquidation de l'abattoir de la commune. Eleveur à Bazas, Richard Bamale se dit inquiet quant à la possible liquidation de l'abattoir de la commune.
Eleveur à Bazas, Richard Bamale se dit inquiet quant à la possible liquidation de l'abattoir de la commune. © Radio France - Jules Brelaz

Liquidation judiciaire ou poursuite de l'activité ? L'avenir de l'abattoir de Bazas se joue ce mercredi devant le tribunal de commerce de Bordeaux. En redressement depuis le 28 février 2024, le site cumule les difficultés : endettement, flambée des tarifs de l'électricité, chute des volumes et de la consommation de viande... Bien que fragilisé, sa fermeture provoquerait une onde de choc pour toute une filière.

"On est très inquiet parce qu'il y a des années et des années que l'abattoir de Bazas, c'est notre outil de travail, explique Richard Bamale, éleveur bovins possédant 90 bazadaises au lieu-dit La Grande Prade, à Bazas. Moi, j'engraisse une quinzaine de bêtes par an. Je les amène à l'abattoir. C'est à deux kilomètres de mon exploitation, et après de l'abattoir, la carcasse part à mon boucher qui est un kilomètre et demi. On ne peut pas dire que ce n'est pas du circuit court."

La crainte d'une "catastrophe économique"

La disparition de l'abattoir "serait une grande perte pour la filière locale, pour le bœuf de Bazas, pour la race bazadaise, pour les bouchers, et pour la Fête des Bœufs Gras", poursuit Richard Bamale, ancien éleveur laitier reconverti il y a 15 ans de cela dans la viande bovine.

"Si l'abattoir de Bazas se ferme, c'est économiquement une catastrophe pour notre territoire", prévient Nicole Coustet, présidente de la Communauté de communes du Bazadais et présidente de la SEMAP, la société d'économie mixte à opération unique, qui gère l'abattoir de Bazas. La commune du Sud-Gironde a déjà souffert, en juillet 2023, de la fermeture de l'entreprise Fonmarty qui employait 165 salariés.

L'abattoir de Bazas a traité en 2023 940 tonnes, soit 25% de moins qu'en 2022.
L'abattoir de Bazas a traité en 2023 940 tonnes, soit 25% de moins qu'en 2022. © Radio France - Jules Brelaz

"Il y a les emplois de l'abattoir et les bouchers de la ville, tout ce qui gravite autour économiquement. Les éleveurs avec qui nous travaillons viennent pour certains du Lot-et-Garonne et des Landes. Nous rayonnons jusqu'à Sauveterre-de-Guyenne, Monségur, Saint-Symphorien et nous allons plus loin que Casteljaloux. Lors du dernier conseil communautaire le 10 avril dernier, nous avons reçu une quarantaine d'éleveurs inquiets. Et ils ont été catégoriques, si cet abattoir ferme, c'est leur activité qui est finie."

Porcs, cantines, masse salariale : les pistes pour sortir de la crise

Directeur de l'abattoir de Bazas depuis le 11 septembre 2023, Romain Quéré se dit "confiant" avant l'audience prévue mercredi en milieu d'après-midi. "C'est toujours quelque chose de sérieux de se présenter au tribunal de commerce. Mais on a travaillé pour y aller, nous avons des perspectives plutôt positives", assure le directeur dont le salaire est versé par la Chambre d'agriculture de la Gironde.

En pleine restructuration, l'abattoir a réduit sa masse personnelle (de 18 à 10 salariés). La salle de découpe, criblée de dettes, a été liquidée. Et de nouveaux marchés sont recherchés. "Aujourd'hui, par exemple, on a mis une petite cheville en place avec des porcs. Nous ramenons une trentaine de cochons par semaine sur l'année. On va essayer de continuer à la développer. 30 porcs par semaine sur 52 semaines, ça fait entre 170 et 200 tonnes à l'année. C'est ce qu'il nous faut pour atteindre le seuil de rentabilité de l'année 2024."

La CDC et la direction de l'abattoir ont également le soutien des collectivités. Propriétaire du foncier, la Communauté de communes du Bazadais a décidé d'une année blanche (2024) concernant les loyers. La sénatrice Nathalie Delattre s'est également mobilisée en adressant au ministre de l'Agriculture un courrier dans lequel elle rappelle le caractère vital de l'outil de travail. Le directeur de l'abattoir indique également que des discussions sont en cours avec le département pour alimenter en viande locale les cantines publiques.

L'été dernier, l'abattoir de Bazas a traversé une période de fortes turbulences. Le 26 juillet 2023, après la publication d'une vidéo choc, l'association L214 dénonçait "les souffrances extrêmes" endurées par les animaux. Après une inspection des services vétérinaires sur place qui n'avait pas révélé "d'anomalies majeures", la préfecture de la Gironde avait écarté toute fermeture et maintenu l'activité. Une enquête judiciaire est toujours en cours après la plainte de L214.

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