Foire au Jambon à Bayonne : une année test pour "retrouver l'état d'esprit"

Cette année 2024 marque sans doute un tournant dans l'histoire ancestrale de la Foire au Jambon de Bayonne. Elle ne débutera pas ce jeudi 28 mars, à l'abord du week-end de Pâques, comme cela a toujours été le cas. Une seule entorse connue à cette tradition, en 2021, à la sortie du Covid et des confinements sanitaires : elle s'est tenue en octobre. Mais pour cette 561e édition, la mairie a décidé de déroger à la coutume pascale après une Foire 2023 marquée par une affluence record, accompagnée de comportements festifs très alcoolisés, en particulier le soir, qui lui ont donné des airs de Fêtes de Bayonne bis. Or, "c'est une foire et pas une fête", prévient Yves Ugalde, l'adjoint à la Culture qui veut absolument revenir aux sources de l'évènement : la célébration du jambon et du patrimoine bayonnais.

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"Un calendrier moins favorable aux déplacements"

Le week-end de Pâques était "trop mobilisateur d'hommes et de femmes qui viennent d'un peu partout", justifie l'élu bayonnais. La municipalité a mis longtemps toutefois à fixer une date. Après de multiples réunions, discussions et débats avec les professionnels du jambon, notamment les salaisonniers et les charcutiers, la mairie a finalement repoussé la Foire d'une semaine. L'édition s'ouvrira donc le jeudi 4 avril pour s'achever le dimanche 7, soit en dehors des vacances scolaires de l'académie de Bordeaux. "Nous avons fait le choix d'un calendrier moins favorable aux déplacements des plus proches", explique Yves Ugalde.

Avec ces nouvelles dates, la municipalité espère revenir à l'essence même de l'évènement : "tout ce qui concerne bien sûr la pratique des salaisonniers et la qualité du produit qu'ils défendent nous intéresse. Et nous sommes des militants de cette valeur forte de la Foire au Jambon. Tout ce qui accompagne la Foire au Jambon et qui, hélas, est accompagné de quelques débordements après 20 h, nous intéresse beaucoup moins", ajoute l'adjoint au maire qui affirme pour autant qu' "il n'est pas question de ghettoïser la Foire" et que tout le monde est le bienvenu, à condition de respecter "des codes de comportement" de cet évènement médiéval incontournable du patrimoine bayonnais. Pour Yves Ugalde, il ne fait aucun doute qu'"à partir du moment où on réduit la capacité d'accueil et de recrutement, si je puis dire, on pense arriver à toucher l'os de ce qu'est véritablement la Foire."

"Le principal c'est qu'on retrouve l'état d'esprit"

Du côté des professionnels, on est également convaincu par la nécessité de déplacer l'évènement et pas franchement inquiet des conséquences sur les ventes dans le périmètre officiel de la Foire. 'Ce ne sont pas forcément les gens qui viennent sous le chapiteau qui sont ciblés par ce changement de dates", estime Cédric Bergez, patron de la charcuterie Aubard. Pour lui "ceux qui vont venir, ça veut dire qu'ils auront peut être posé des jours de vacances. Donc là il faut être un peu plus motivé et peut être plus sensible aux produits que l'on propose."

Son collègue, Christian Montauzer, se montre lui aussi confiant, et ne redoute pas ce changement malgré une excellente édition 2023 pour les salaisonniers, marquée par une affluence record dans le périmètre officiel de la Foire : "on est confiants parce que les gens qui aiment le jambon, qui viennent pour nous, viendront sous le chapiteau". Les deux charcutiers craignent tout de même un dimanche en berne, comme en octobre 2021, puisque le lundi n'est pas férié et que les visiteurs pourraient partir plus tôt. Mais Cédric Bergez se dit prêt à faire ce sacrifice : "c'est pas grave si on baisse un petit peu, le principal c'est que la Foire se passe bien, qu'on retrouve l'état d'esprit."

Le bilan de cette année test sera très attendu

Et puis comme le rappelle Christian Montauzer, "on a des retombées sur l'année qu'on ne mesure pas avec cette Foire au Jambon, avec cette mise en avant de notre savoir-faire (...). On est heureux que finalement on nous mette un peu plus en avant." Cette Foire au Jambon 2024 est donc charnière, elle représente un véritable test pour les salaisonniers comme pour la mairie. La date choisie cette année n'est en effet pas définitive pour l'avenir. Le bilan sera tiré à l'issue de cette édition. "Si on a moins de ventes et qu'il y a toujours autant de problèmes dans les rues, c'est sûr que ça sera d'autres problèmes à régler", reconnait Cédric Bergez. Réponse le 8 avril.