EN IMAGES - A Sainte-Suzanne, l'un des derniers moulins à papier de France cherche un repreneur
Depuis quatre ans, Carlos Robert a installé sa papeterie dans l'ancien moulin à grains de Sainte-Suzanne, près d'Evron. Il suit une méthode de fabrication vieille de 700 ans. C'est l'un des derniers maîtres-papetiers de France, mais il cherche son successeur avant de partir en retraite.
C'est un savoir-faire unique en son genre ! L'ancien Grand Moulin de la cité médiévale de Sainte-Suzanne, près d'Evron, s'est transformé en moulin à papier, depuis 2017. Surtout, le papetier Carlos Robert y applique l'une des premières méthodes de fabrication vieille du XIIIe siècle, et c'est l'un des derniers en France.
A Sainte-Suzanne, les rouages du moulin à eau qui actionnent les machines du papetier s'entendent dans le vieux bâtiment. Au rez-de-chaussée, Carlos Robert explique le processus de fabrication de son papier, à base de morceaux de coton, de lin et de chanvre.
On va passer du tissu au papier en préparant une pâte à partir de ces tissus, qu'on mélange ensuite à de l'eau. [...] Puis on utilise un tamis, qui va récupérer une certaine quantité de matière, et après égouttage, ça donnera naissance à une feuille de papier.
Le papetier secoue alors le tamis, puis le retourne sur un support en feutre. Quatre carrés de papier blanc apparaissent, encore constitués "à 90 % d'eau" selon Carlos Robert. L'artisan monte ensuite à l'étage pour les derniers préparatifs : il met à sécher les feutres sur des cordes, en attendant de les aplatir avec une presse.
Une méthode de fabrication traditionnelle qu'il exerce depuis plus de quarante ans, avant tout par passion, explique-t-il : "Avant j'étais dans le Morbihan, pendant une trentaine d'années, toujours pour fabriquer du papier. J'ai surtout voulu retrouver les mêmes gestes de la fabrication ancestrale, et la même qualité de papier qu'avant."
Un savoir-faire traditionnel en disparition
Une qualité qui a disparue avec les méthodes actuelles, selon Carlos Robert. Depuis le XVIIIe siècle, l'industrie du papier s'est presque totalement modernisée : d'abord avec les premières machines à rouleau de papier, puis avec l'invention de la pâte de bois.
Il n'y a plus que "deux ou trois" personnes en France à continuer de fabriquer le papier avec du tissu, selon Carlos Robert :
C'est un savoir qui a pratiquement disparu. Le problème, c'est que certains moulins à papier utilisent une cellulose industrielle, c'est-à-dire une pâte déjà toute faite. C'est un peu comme le boulanger qui ne fait que cuire son pain.
L'avenir du moulin à papier de Sainte-Suzanne est d'ailleurs lui-même incertain : à 69 ans, Carlos Robert souhaite bientôt prendre sa retraite. Il a déjà des propositions pour lui succéder, mais il ne trouve pas encore papetier à son moulin : quelqu'un de passionné par ce matériau et qui a un véritable intérêt pour cette activité manuelle.
Mais il reste très confiant de trouver quelqu'un. Sinon, ça signifierait la fin du moulin à papier de Sainte-Suzanne, et un pas de plus vers la mort de son métier. Il est prêt à former son successeur, et à donner des coups de mains de temps en temps, même en pleine retraite.
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