Panneaux solaires dans les airs, un champ d'agrivoltaïsme en Côte-d'Or inspire élus et producteurs de l'Yonne

Le projet vient tout juste de sortir de terre : 6.000 panneaux solaires installés sur trois hectares, à cinq mètres de hauteurs au-dessus d'un champ de blé. Vendredi 20 octobre, une vingtaine de représentants de la Chambre d'agriculture de l'Yonne ont visité cette parcelle située à la frontière de leur département, au nord de la Côte-d'Or, afin d'y découvrir ce projet d'agrivoltaïsme. Au stade d'expérimentation à ce jour, la structure vise à produire de l'énergie solaire sans à priori compromettre la production agricole.

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Troisième projet en France

L'exploitation bourguignonne est la troisième dans l'hexagone à se lancer dans ce type d'agrivoltaïsme. La structure fraîchement construite doit être inaugurée début 2024. "C'est ce qu'on appelle des ombrières", explique Adrien Cortot, l'exploitant de la parcelle. "C'est le principe de mettre des panneaux en hauteur, pour permettre l'accès aux engins agricoles."

Il s'est laissé séduire par le projet car, avec les sécheresses de plus en plus récurrentes, son terrain de blé n'était plus viable dans tous les cas. "C'était ma parcelle la moins bien exploitée, on n'en tirait plus rien. Ces dernières années, on observe une baisse en 10% et 20% de nos chiffres."

À terme, grâce à cette innovation, il espère réduire l'impact de la chaleur sur ses parcelles "grâce à l'ombre générée par les panneaux au-dessus des cultures." À court terme, ce système lui permet déjà de compléter ses revenus, car TSE, la société à la tête du projet, lui loue son bout de terrain. "On oscille sur une fourchette entre 1.800 et 4.000 euros l'hectare à l'année", indique Mickael Carlo, le directeur régional. TSE est un des principaux acteurs indépendants de l'énergie solaire en France.

Une artificialisation des sols ?

Si ce système se vante de ne pas compromettre la production agricole, la confédération paysanne soulève des doutes.  Dans une tribune publiée en décembre dernier, elle dénonce notamment une artificialisation des sols. Une crainte balayée par Mickael Carlo. "On n'a pas de béton injecté dans le sol, ce sont uniquement des pieux battus. Au pire, si l'on est amené à enlever la structure, il restera quelques trous qui se reboucheront facilement."

Longtemps frileuse, la chambre d'agriculture de l'Yonne se laisse aussi convaincre. "Je pense que c'est ainsi qu'on devra développer nos énergies renouvelables dans notre département au niveau du solaire", affirme son président Arnaud Delesse. "J'étais opposé au photovoltaïque au sol pendant des années, parce qu'on estimait que la terre doit produire de l'alimentation. Mais comme ça, en hauteur, ça peut présenter une solution." La structure doit rester implanter 40 ans et des tests sur la prochaine décennie déterminer la viabilité des récoltes.