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"L'agriculteur attend de voir dans son exploitation la traduction des annonces", avertit le patron de la FNSEA

Par
  • France Bleu

Invité de l'émission Ma France ce jeudi, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, est revenu sur les récentes annonces du gouvernement en réponse à la crise agricole et assuré que le syndicat restait prêt à remobiliser les troupes si la traduction concrète des promesses se faisait attendre.

Le président du syndicat majoritaire FNSEA Arnaud Rousseau, invité de l'émission Ma France le 29 février 2024. Le président du syndicat majoritaire FNSEA Arnaud Rousseau, invité de l'émission Ma France le 29 février 2024.
Le président du syndicat majoritaire FNSEA Arnaud Rousseau, invité de l'émission Ma France le 29 février 2024. © Radio France

Bio, souveraineté alimentaire, Europe, "prix planchers".... : invité de l'émission Ma France ce jeudi, le président de la FNSEA, fer de lance de la contestation des exploitants, a réagi aux dernières annonces de l'exécutif pour calmer la colère des professionnels qui manifestent depuis plusieurs semaines.

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Le renforcement du fonds bio "va dans le bon sens"

Arnaud Rousseau s'est notamment félicité du renforcement du nouveau fonds d'urgence destiné à aider les agriculteurs certifiés bio en difficulté. Le gouvernement a annoncé mercredi que 90 millions d'euros, et non 50, seront finalement mobilisés. "On a considéré que, compte tenu de la nature de la crise qui dure, il y avait besoin de mettre des moyens complémentaires à hauteur en gros de ce qu'on a déjà fait en 2023", a justifié le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau au Salon de l'agriculture.

"Ça va dans le bon sens", a commenté Arnaud Rousseau au micro de Wendy Bouchard. "On le réclamait parce que ce que subissent l'ensemble des producteurs en agriculture biologique aujourd'hui est une crise sans précédent. Qu'on soit éleveur en production laitière ou céréalier, on ne sait plus vendre ces produits de manière rémunératrice pour la ferme et donc on a absolument besoin de sauver ces gens."

"Au-delà de la conjoncture et du moment difficile (...) il faudra qu'on rediscute aussi du marché (...) et donc il faudra aussi redire aux consommateurs qu'ils doivent supporter cette production. On ne peut pas prétendre avoir un marché, comme l'indique aujourd'hui la planification écologique à près de 21 % en 2030 si on ne sait pas acheter les produits, on est aujourd'hui autour de 10 % des terres françaises qui sont en agriculture biologique et on voit bien qu'il y a une forme de marché qui cale. Donc on a besoin de rediscuter du marché. Mais on a aussi besoin d'accompagner, notamment dans la restauration collective, puisque l'État a pris des engagements."

Prix négociés directement entre les producteurs et l'industrie

Sur le "prix plancher" proposé par Emmanuel Macron, Arnaud Rousseau a réaffirmé sa position : pas question d'accepter un "prix plafond", c'est-à-dire un "prix de référence" bloqué vers le bas.

"Ce qu'on a proposé et qu'on porte depuis des semaines, c'est de repartir de l'indicateur des coûts de production, c'est-à-dire de dire qu'il faut d'abord qu'il y ait une négociation entre les organisations de producteurs et l'industrie avant que l'industrie négocie avec la grande distribution", a-t-il expliqué. "Ce qu'on ne veut pas, c'est que l'industrie et la grande distribution négocient et qu'ensuite l'industriel dise 'j'ai retranché, par rapport à ce que me donne la grande distribution, mon prix de revient, ma marge, et voilà ce qui vous reste'."

"C'est le consommateur qui décide à la fin. Mais nous, ce qu'on dit, c'est que si on veut conserver un élevage en France et un élevage qui permet de renouveler les générations et de faire vivre ceux qui travaillent, on a besoin de s'assurer qu'on ne produit pas en dessous de notre coût de revient. C'est assez simple à comprendre et c'est ça qu'on veut."

"L'Europe pour l'agriculture, c'est essentiel"

Alors que des agriculteurs en colère ont demandé à des élus de mettre le drapeau européen en berne en signe de soutien à l'agriculture française, comme dans le Pays d'Aix notamment, Arnaud Rousseau s'est refusé à fustiger l'Union européenne, jugée responsable des maux de la profession par une partie des manifestants.

"Je ne découvre pas le ressentiment des agriculteurs pour le fonctionnement de l'Europe", a-t-il commenté, avant d'ajouter : "Je voudrais malgré tout rappeler que l'Europe pour l'agriculture, c'est essentiel. C'est d'abord essentiel parce que c'est la principale source de financement d'argent public dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). Et que se passer de l'Europe aujourd'hui, ce serait se tirer une balle dans le pied", a-t-il soutenu.

"En revanche, ces agriculteurs ont raison de dire que la manière dont fonctionne l'Europe et le fait de constater que dans tous les pays d'Europe, tous les agriculteurs sont en colère face à ce qui s'est décidé à Bruxelles, c'est un constat que nous partageons et que nous soutenons. On est capable de faire le distinguo entre cette commission qui n'a pas entendu les problèmes agricoles, qui n'a pas su réagir et qui a finalement jeté l'ensemble des agriculteurs de tous les pays européens dans la rue, et la nécessité de soutenir que face aux grands blocs mondiaux - je pense à ce que fait la Russie, à la Chine, aux États-Unis - on a besoin collectivement d'avoir une ambition commune parce que si nous désarmons sur le plan agricole, si finalement, nous renonçons à notre souveraineté alimentaire, nous le paierons très cher. C'est ce que nous avons vu sur l'énergie, ça coûte une fortune aux Français."

"On est encore très déterminé"

En attendant les "changements concrets", "dans les fermes", la FNSEA reste mobilisée a prévenu son président, n'écartant pas l'hypothèse de nouvelles manifestations. "Le président de la République a donné rendez-vous dans quinze jours. (...) à nous de continuer à travailler avec les pouvoirs publics pour rendre les choses tangibles, mesurables, palpables."

"Il nous reste quinze jours, mais je dis que tout ça ira au-delà", a-t-il prévenu. "Parce que le changement de logiciel qu'on a appelé de nos vœux, il peut être apparu dans les annonces, mais on ne le constate pas dans la mise à jour du système, et pas encore dans nos cours de ferme. Donc tout ça est un travail au long cours et on est encore très déterminé parce que ce mouvement d'une ampleur inédite, il doit trouver conclusions positives pour permettre de repartir dans le bon sens."

Et de conclure : "Produire pour nourrir, c'est une fierté pour nous, pour peu qu'on nous donne les conditions de le faire, qu'on nous rémunère pour le faire et qu'on nous facilite la vie au quotidien."

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